Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Analyse

Deux ans après, les ailes de Téhéran au M-O sont encore intactes

La République islamique est en train de revenir poussivement sur la scène internationale, mais n'a pas pour autant revu à la baisse sa politique régionale.

Le président iranien Hassan Rohani salue Qassem Soleimani, chef de la force al-Qods des gardiens de la révolution, le 15 septembre 2015. Présidence iranienne/AFP

L'un vient d'être très largement réélu sur la base de sa promesse de mener à son terme la transition dans la douceur réclamée par la majorité de la population. L'autre fait la pluie et le beau temps depuis déjà plusieurs années sur tous les fronts qui dessinent le Moyen-Orient. Le premier est le président de l'une des plus grandes puissances de la région. Le second est le chef de l'unité d'élite des gardiens de la révolution, la force al-Qods, principal instrument de l'expansion iranienne au Moyen-Orient.

Tous deux pur produit de la République islamique d'Iran, Hassan Rohani et Qassem Soleimani incarnent deux visages divergents, mais pas complètement contradictoires de l'Iran postaccord nucléaire. Celui d'un pays qui souhaite normaliser ses relations avec les Occidentaux et revenir dans le concert des nations, mais aussi celui d'un pays qui n'est pas prêt à renoncer à ses ambitions régionales et considère que ses interventions militaires sur les territoires de ses voisins relèvent de sa sécurité intérieure.

Deux ans après la signature de l'accord nucléaire entre l'Iran et les 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) Téhéran est en train de revenir poussivement sur la scène internationale mais n'a pas pour autant modifié d'un iota sa politique au Proche et Moyen-Orient. Si l'accord ne faisait pas mention des dossiers régionaux, pour ne pas crisper les différentes parties aux intérêts divergents notamment sur la scène syrienne, ses plus farouches partisans considéraient à l'époque que la normalisation iranienne s'accompagnerait logiquement d'une plus grande coopération entre Téhéran et les Occidentaux dans la région. Ses détracteurs, à l'instar du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, craignaient au contraire que Téhéran ne profite de la manne financière qu'allait dégager la levée des sanctions économiques à son encontre pour s'impliquer davantage en Syrie, en Irak, au Yémen et au Liban.

 

(Lire aussi : Accord sur le nucléaire iranien : où en est-on ?)

 

Divergences plus subtiles
Deux années plus tard, force est de constater que le débat n'est pas encore complètement tranché même s'il tourne pour l'instant à l'avantage des prédictions les plus pessimistes. S'il s'exprime assez peu sur le sujet, ou le fait par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, le président Rohani souhaite manifestement renforcer la coopération entre l'Iran et les Occidentaux dans la région au nom de la lutte contre l'ennemi commun : le groupe État islamique. Cela suppose d'entamer des négociations directes avec l'Iran, notamment sur le dossier syrien, où Téhéran soutient le régime de Damas à tous les niveaux alors que les Occidentaux appellent, à terme, à une transition politique. Et cela ne semble pas pour autant garantir que Téhéran infléchisse ses positions alors qu'il qualifie l'opposition syrienne de « terroristes » et considère qu'elle constitue une menace pour ses intérêts.

Si les modérés et les conservateurs ont des visions antagonistes de ce que doit être l'avenir de l'Iran, leurs divergences sont plus subtiles lorsqu'il s'agit de la politique extérieure de la République islamique. Les premiers veulent dé-diaboliser les Occidentaux et coopérer avec eux dans la lutte contre l'EI, alors que les seconds les considèrent comme des ennemis cherchant à déstabiliser leur pays : mais aucun des deux n'a montré pour l'heure une volonté de renoncer aux velléités hégémoniques de l'Iran sur la région.

En la matière, c'est Qassem Soleimani qui dicte le tempo, alors que Hassan Rohani est forcé pour l'instant de rester en retrait. Le général iranien est à la manœuvre en Syrie comme en Irak, et dans une moindre mesure au Yémen et au Liban. Dans ces pays, il forme, encadre, dirige les milices chiites plus ou moins à la solde de Téhéran, qui permettent à la République islamique d'étendre ses tentacules dans toute la région et de participer à toutes les batailles importantes, d'Alep à Mossoul.

Cette stratégie accentue la rivalité entre Téhéran et Riyad, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016. Elle déplaît tout autant à Israël qui redoute la présence iranienne au sud de la Syrie et l'ouverture d'un nouveau front dans le Golan. Elle a été, enfin, très vivement critiquée par le président américain Donald Trump à l'occasion de sa visite à Riyad en mai dernier où il a présenté l'Iran comme la principale source du « terrorisme dans la région ». Malgré ses atermoiements, l'administration américaine semble d'ailleurs avoir fait de la limitation de l'expansion iranienne un de ses objectifs stratégiques dans la région. Ce qui ne devrait pas contribuer à apaiser à l'avenir les relations entre Iraniens et Occidentaux au Proche et Moyen-Orient.

 

Lire aussi 

Un bilan toujours aussi négatif en matière de droits de l’homme

Pour mémoire

Trump et Salmane d'Arabie pour une "application rigoureuse" de l'accord nucléaire iranien

Un an après, l’accord sur le nucléaire iranien à la merci de Trump

L'un vient d'être très largement réélu sur la base de sa promesse de mener à son terme la transition dans la douceur réclamée par la majorité de la population. L'autre fait la pluie et le beau temps depuis déjà plusieurs années sur tous les fronts qui dessinent le Moyen-Orient. Le premier est le président de l'une des plus grandes puissances de la région. Le second est le chef de...

commentaires (1)

LE PETIT SATAN FLIRTE AVEC SON GRAND SATAN... ET LE SATANISME SURVIT ENCORE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 44, le 14 juillet 2017

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • LE PETIT SATAN FLIRTE AVEC SON GRAND SATAN... ET LE SATANISME SURVIT ENCORE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 44, le 14 juillet 2017

Retour en haut