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Moyen Orient et Monde - Focus

La francophonie en déclin au Maghreb ?

Pour éviter le recul de la langue de Molière, il faut rendre l'espace francophone économiquement viable.

La secrétaire générale de la Francophonie, Michaelle Jean, a visité la Tunisie fin juin. Source : AFP

Les 28, 29 et 30 juin dernier s'est tenue à l'ITES (Institut tunisien des études stratégiques) une conférence-débat sur « La francophonie, force d'actions, de propositions et de rassemblement face aux urgences du monde », en présence de la secrétaire générale de la Francophonie, Michaelle Jean.
« Cette visite officielle est l'occasion d'affirmer avec force que la francophonie est plus que jamais aux côtés des Tunisiennes et des Tunisiens pour la réussite de la transition démocratique, six ans après une révolution citoyenne digne et courageuse », a déclaré Michaelle Jean avant son départ de Paris. La venue de la secrétaire générale s'inscrit dans le cadre de la préparation du XVIIIe Sommet de la francophonie qui se tiendra courant novembre 2020 en Tunisie et sera placé sous le thème du « 50e anniversaire de l'OIF (Organisation internationale de la francophonie) dont le dirigeant emblématique tunisien, Habib Bourguiba, fut l'un des pères fondateurs avec Ségar Senghor, Hamani Diori et le prince Norodum Sihanouk.

Quelques chiffres
Avec près de six millions de francophones pour un peu plus de 11 millions d'habitants, la Tunisie constitue un pays moteur de la francophonie au Maghreb et plus largement sur le continent africain.
Toutefois, si sept personnes sur dix habitant une ville au Maghreb considèrent que la maîtrise du français reste très importante, le dernier rapport de l'OIF pointe un recul de 8 % du nombre de francophones en Tunisie par rapport aux chiffres de 2010 et de -0,9 % au Maghreb hors Algérie, qui a toujours refusé de faire partie de l'organisation. Ces chiffres contrastent avec une progression de 7 % du nombre de francophones dans le monde et jusqu'à 15 % en Afrique subsaharienne depuis 2010.
Si cette baisse s'explique en partie par une correction statistique des chiffres publiés dans le rapport de l'OIF en 2010 (des données inédites fournies par l'ONU concernant la population tunisienne en 2015 ramènent le pourcentage de francophones à 54 %), elle met en lumière les difficultés du français à conserver son attrait.

Le français en danger ?
Le mercredi 26 octobre 2016, le ministre tunisien de l'Éducation, Neji Jalloul, avait annoncé à la radio Diwan FM un projet de réforme du système éducatif consistant notamment à remplacer le français par l'anglais comme deuxième langue officielle dans les établissements scolaires. Finalement confirmé comme deuxième langue étrangère en Tunisie, le français n'en reste pas moins fortement concurrencé par l'anglais au cours des études supérieures, bien que la France reste le troisième pays d'accueil, après les États-Unis et le Royaume-Uni, avec près de 300 000 étudiants étrangers dont les plus gros effectifs proviennent du Maghreb, de Chine, d'Afrique subsaharienne et d'Europe.

Perspectives et défis
« Il n'y a pas de concurrence avec l'anglais, nous ne sommes pas dans une logique de concurrence, affirme Youssef Arrif, spécialiste de programme à la direction "Langue française, culture et diversités" de l'OIF. La francophonie dans son ensemble a comme valeur avant tout la pluralité. Les États sont souverains de décider de l'apprentissage des langues. Toutefois, rappelle-t-il, il faut différencier entre un débat qui peut exister dans la société civile et des prises de position officielles », ajoutant que, proportionnellement, « il y a plus de personnes qui apprennent le français que l'anglais ».
Le rapport de l'OIF pointe deux conditions à la progression du nombre de francophones dans un pays : le maintien du français comme langue d'enseignement et la poursuite des progrès de la scolarisation effective des enfants. Si le français reste la première langue étrangère apprise en Tunisie, l'anglais, ne commençant à être appris qu'à la fin du primaire, il est considéré comme moins avantageux par une partie des jeunes Tunisiens pour s'exporter à l'international.

Déclin ?
Dans son rapport « la francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable », Jacques Attali annonçait deux scénarios possibles. L'un, optimiste, où le nombre de francophones pourrait atteindre 700 millions de personnes à l'orée 2050 et ainsi devenir le 4e espace linguistique mondial, et, l'autre, où le français pourrait être remplacé par l'essor des langues locales ou l'anglais comme langue véhiculaire. Pour éviter cela, il faut rendre l'espace francophone économiquement viable.

Les 28, 29 et 30 juin dernier s'est tenue à l'ITES (Institut tunisien des études stratégiques) une conférence-débat sur « La francophonie, force d'actions, de propositions et de rassemblement face aux urgences du monde », en présence de la secrétaire générale de la Francophonie, Michaelle Jean.« Cette visite officielle est l'occasion d'affirmer avec force que la francophonie est...

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