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Liban - Justice

Procès Bachir Gemayel : clôture des débats ; jugement le 20 octobre

Abdel Hamid Ahdab : « Bachir Gemayel n'aurait jamais signé d'accord de paix avec Israël sans l'aval des musulmans. »

L'arrivée de Nadim Gemayel au Palais de justice.

Réunie sous la présidence de Jean Fahd, la Cour de justice a clôturé hier ses débats dans l'affaire de l'assassinat du président élu Bachir Gemayel, le 14 septembre 1982, un crime dans lequel sont impliqués deux membres du Parti syrien national social (PSNS), Habib Chartouni et Nabil Alam. L'audience était consacrée aux plaidoyers des avocats de la partie civile, notamment Edmond Rizk et Mes Abdel Hamid Ahdab et Naoum Farah.
Le procureur Imad Kabalan a demandé la condamnation d'un crime « par des criminels qui ne cherchaient pas seulement à tuer Bachir Gemayel, mais aussi le Liban ».
Les forces de l'ordre se sont déployées sur les lieux pour contenir une petite foule de partisans du PSNS qui considèrent les deux criminels comme des héros. Le jugement est prévu pour le 20 octobre 2017, après les vacances judiciaires.

Me Abdel Hamid Ahdab a entamé sa plaidoirie en lançant à l'adresse de la cour : « Vous statuez sur un crime qui figurera dans l'histoire, et, partant, votre jugement le sera aussi. » Il s'est ensuite penché sur les circonstances et les faits de l'attentat. « Habib Chartouni, endoctriné par le Parti syrien national social, vivait au second étage d'un immeuble appartenant à son grand-père maternel. Le rez-de-chaussée était occupé par le parti Kataëb, section Achrafieh. En vue d'assassiner le président élu de la République, Nabil Alam, cadre du PSNS, lui a demandé de se procurer le plan d'architecture du bâtiment pour repérer l'emplacement des piliers et des ponts, ce qui fut fait.

L'instigateur a en outre demandé à Chartouni de transporter des quantités d'explosifs et de les placer dans son appartement situé dans cet immeuble où Bachir Gemayel se rendait chaque mardi pour participer à une réunion du parti Kataëb. Chartouni a reconnu qu'il est parvenu à entrer dans les locaux du parti et repérer l'emplacement du bureau de Bachir Gemayel ainsi que la place où ce dernier avait l'habitude de s'asseoir dans la salle principale. Il a également reconnu que Nabil Alam l'a entraîné à la mise au point du système explosif, et que le lundi 13 septembre 1982, à 1h dans la nuit, il a placé deux valises dans le salon du premier étage, au-dessus de l'endroit où le président élu venait s'installer, et a gagné ensuite le deuxième étage. Chartouni a reconnu aussi qu'après avoir procédé aux préparatifs nécessaires à l'explosion des charges, il a appelé sa sœur pour la sortir de l'appartement situé dans l'immeuble, lui demandant d'accourir à la place Sassine pour conduire sa voiture, prétextant d'une douleur aiguë au bras. Aussitôt le téléphone raccroché, il a appuyé sur le détonateur. »

Pour Me Ahdab, ce crime constitue « un acte terroriste, qui a causé la mort de dizaines d'innocents, et qui, au-delà de l'assassinat d'un président élu de la République, a voulu tuer une patrie avec tous ses principes, croyances et rêves de souveraineté et d'indépendance ».
Selon ce ténor du barreau, Habib Chartouni et Nabil Alam n'ont pas agi seuls. « Des États ont tué Bachir Gemayel, qui brandissait les emblèmes de dignité et de liberté », a-t-il affirmé.

Par contumace
Il a ainsi cité pour preuve un extrait d'un jugement de la Chambre d'accusation, émis quelque temps après l'assassinat : « Tout laisse à croire que Habib Chartouni bénéficiait de l'aide d'une personne ou d'une partie déterminée, qu'il connaissait probablement ou qu'il voulait protéger, et dont il a dissimulé l'existence au cours de l'enquête, ou alors qu'il ne connaissait pas. Cette personne était en contact avec le prévenu Nabil Alam, directement ou par intermédiaire, et représente une partie demeurée inconnue. » Et Me Ahdab d'évoquer également les propos de Georges Freiha, ancien président des Comités populaires Kataëb, qui, dans un ouvrage, avait dévoilé la teneur de deux réunions auxquelles il avait assisté. La première, à Nahariya (Israël), avec l'ancien Premier ministre israélien, Menahim Begin, et la seconde, à Bickfaya (Metn), avec le ministre israélien de la Défense, Ariel Sharon, au cours desquelles Bachir Gemayel avait lancé : « Je ne signerai un accord de paix avec vous qu'avec l'aval des musulmans. »

« Nous réclamons l'application de l'article 549 du code pénal parce qu'il s'applique parfaitement à l'acte perpétré par les accusés Habib Chartouni et Nabil Alam, notamment à la lumière des aveux détaillés et précis que Habib Chartouni a exprimés une première fois devant le juge, et une seconde devant l'opinion publique après son évasion », a conclu Me Ahdab.

On rappelle que Nabil Alam est présumé mort, mais qu'en l'absence de preuves du décès, l'homme a été déchu de ses droits civiques et dessaisi de la gestion de ses biens. Par contre, la Cour de justice a jugé par contumace Habib Chartouni, après avoir noté que celui-ci est en cavale. Militant du PSNS, Habib Chartouni s'était évadé de la prison de Roumieh en 1990 et un acte d'accusation avait été émis à son encontre en 1996. Il est toujours recherché par la justice libanaise.

Le procès s'était ouvert le 25 novembre dernier, 34 ans après l'attentat qui avait coûté la vie au fondateur des Forces libanaises ainsi que celle de 32 autres personnes. L'ouverture du procès venait satisfaire une demande en ce sens présentée en 2012 par le fils du disparu, le député Nadim Gemayel, auprès de la Cour de justice, tribunal d'exception dont les jugements sur les crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'État sont sans appel et devant lequel les dossiers déférés sont considérés comme imprescriptibles.

 

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commentaires (2)

Le parti PSNS ainsi que tous les partis assujettis à un pays tiers et qui complotent contre le Liban doivent être interdits.

Achkar Carlos

14 h 08, le 08 juillet 2017

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Commentaires (2)

  • Le parti PSNS ainsi que tous les partis assujettis à un pays tiers et qui complotent contre le Liban doivent être interdits.

    Achkar Carlos

    14 h 08, le 08 juillet 2017

  • pourquoi aucune poursuite REELLE et EFFICACE n'avait pas ete mise sur les rails depuis l'arrestation de cet assassin ? a l'evidence par interet et crainte des syriens d'antan. voyons voir - si le jugemetn attendu est comme souhaite par la majorite -surtout silencieuse du peuple libanais- voyons voir la reaction des collegues du meme parti d;affiliation , certains au pouvoir, d'autres ELUS deputes, mais surtout voyons voir la reaction de diverses autres parties politiques qui sont copains copains ....

    Gaby SIOUFI

    10 h 37, le 08 juillet 2017

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