Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Société

Turquie : polémique après la suppression de l’enseignement de la théorie de l’évolution

Manifestation en soutien au parti d’opposition turque social-démocrate (CHP) à Izmit, le 5 juillet. AFP/Gurcan Ozturk

Une décision du ministère turc de l'Éducation de retirer l'enseignement de la théorie de l'évolution des programmes scolaires provoque une vague d'indignation, l'opposition critiquant un « lavage de cerveau » mis en œuvre par le gouvernement islamo-conservateur.

Le chef du Conseil de l'éducation, Alparslan Durmus, a annoncé fin juin que la théorie de l'évolution ne serait plus enseignée à partir de la rentrée prochaine, tandis que l'ensemble de la réforme entrera en vigueur d'ici à 2019. « Nous avons mis de côté certains sujets polémiques parce que nous savons qu'il est impossible pour nos étudiants d'avoir les connaissances scientifiques ou les éléments nécessaires pour les appréhender », a déclaré M. Durmus dans une vidéo présentant la réforme des programmes scolaires. L'enseignement de la théorie de l'évolution ne démarrera désormais qu'au niveau universitaire.

En outre, les programmes scolaires tourneront le dos à « une vision eurocentrée, par exemple dans les cours d'histoire », selon M. Durmus. Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus avait qualifié en janvier la théorie de l'évolution de « scientifiquement obsolète et pourrie ». « Il n'y a pas de règle disant qu'il faut absolument l'enseigner », avait-il déclaré. Selon le ministre de l'Éducation, Ismet Yilmaz, les nouveaux programmes visent à « offrir aux enfants une bien meilleure éducation ». Selon lui, l'objectif est de faire en sorte que les « enfants et étudiants ne se contentent pas d'utiliser la connaissance et la technologie, mais qu'ils en créent ».

 

(Pour mémoire : En Turquie, une rentrée scolaire sous le signe du putsch manqué)

 

Pas en arrière
Mais pour Feray Aytekin Aydogan, qui dirige le puissant syndicat d'enseignants Egitim-Sen, critique du gouvernement, cette réforme est un « pas un arrière » et « sera négative pour le pays ». Insistant sur le « danger » d'une telle réforme, Mme Aydogan souligne qu'en Iran, pourtant une République islamique, soixante heures de cours sont consacrées à la théorie de l'évolution et onze heures à Charles Darwin, père de la théorie.
« Nous ne nous soumettrons pas à l'obscurité. Nous continuerons à promouvoir l'éducation scientifique », ajoute-t-elle.

« Ce gouvernement AKP lave le cerveau de nos jeunes avec ce programme rétrograde », déclare à l'AFP Baris Yarkadas, député du principal parti d'opposition (CHP, social-démocrate), affirmant qu'il s'agit « de rapprocher la Turquie des pays islamistes dirigées par la charia », comme l'Arabie saoudite. « Ce qu'ils veulent, c'est retirer complètement l'éducation laïque et scientifique pour éviter d'avoir une génération qui réfléchit, questionne et crée », ajoute-t-il. Même inquiétude pour la jeunesse chez la députée indépendante Aylin Nazliaka. « Ils veulent créer un appareil idéologique avec des jeunes qui pensent comme eux. » Le ministère de l'Éducation, contacté par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire.

 

« Nouvelle Turquie »
Des détracteurs de la réforme lui reprochent également d'accorder une moindre place à l'enseignement de l'histoire d'Atatürk, père fondateur de la République turque moderne et laïque. Avant l'annonce officielle des détails de la réforme, la présidente de l'Association de la pensée kémaliste (ADD), Tansel Cölasan, avait affirmé à l'AFP que l'objectif était de créer une mentalité hostile à la république. « Cette république démocratique, laïque, a été construite grâce à l'éducation scientifique », avait-elle insisté. Pour elle, ce projet s'inscrit dans la volonté du pouvoir de créer une « nouvelle Turquie » en amont du centième anniversaire de la république, en 2023.

 

Pour mémoire

Turquie : Erdogan bannit le mot "arène" dans le nom des stades

L’isolationnisme 2.0 du « sultan » Erdogan

Une décision du ministère turc de l'Éducation de retirer l'enseignement de la théorie de l'évolution des programmes scolaires provoque une vague d'indignation, l'opposition critiquant un « lavage de cerveau » mis en œuvre par le gouvernement islamo-conservateur.
Le chef du Conseil de l'éducation, Alparslan Durmus, a annoncé fin juin que la théorie de l'évolution ne serait plus...

commentaires (2)

ILS VEULENT APPLIQUER LA THEORIE DE LA DEGENERESCENCE DANS LAQUELLE ILS POUSSENT SULTANIQUEMENT LEUR PAYS !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 39, le 06 juillet 2017

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • ILS VEULENT APPLIQUER LA THEORIE DE LA DEGENERESCENCE DANS LAQUELLE ILS POUSSENT SULTANIQUEMENT LEUR PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 39, le 06 juillet 2017

  • Que l'on refuse d'enseigner le néo-darwinisme comme un dogme est compréhensible. En effet, cette théorie, si elle explique parfaitement les transformations à l'intérieur d'une espèce, ne peut guère aller au-delà. Ceci dit, s'en tenir au créationnisme est une évidente absurdité. Le principe de l'évolution est un fait qu'il serait naïf de nier, même si une théorie qui en explique le mécanisme reste à inventer.

    Yves Prevost

    07 h 51, le 06 juillet 2017

Retour en haut