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Liban - Prisons

Vers de meilleures conditions de détention à Roumieh

Une nouvelle cuisine a été inaugurée mercredi dernier. Les bâtiments de l'unité psychiatrique ont également été rénovés.

Ahmad, un des détenus de « la maison bleue », joue du oud devant les représentants des ministres de la Justice et de l’Intérieur, de l’AICD, de l’ambassade d’Italie et de l’ONUDC.

À la prison de Roumieh, la plus importante au Liban, des bâtiments neufs côtoient désormais les bâtisses anciennes et vétustes. Dans l'aile où se trouve la cuisine, entièrement réaménagée, les murs sont toujours fissurés à cause d'un problème d'humidité. Des dysfonctionnements qui persistent mais qui restent mineurs, étant donné l'ampleur des progrès réalisés.

À quelques mètres, l'unité psychiatrique vient d'être complètement modernisée. « Cela n'a rien à voir avec la situation antérieure », lance Rita Petailli, en charge du projet portant sur l'« amélioration des conditions de vie en prison » au sein de l'Agence italienne pour la coopération au développement (AICD).

Financé par l'AICD, le projet a été lancé par la direction des prisons au sein du ministère de la Justice, en coordination avec le ministère de l'Intérieur et la Direction générale des FSI. Il a été exécuté grâce à l'aide technique de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Des représentants de tous ces organismes étaient d'ailleurs représentés à la cérémonie inaugurale.

En 2015, les conditions de vie des détenus sont critiquées et poussent les acteurs à mettre en œuvre un grand chantier, notamment sur le plan sanitaire. Le ministère de la Justice, en étroite collaboration avec le ministère de l'Intérieur, ainsi que l'ONUDC réalisent des travaux dès le mois de novembre.

Dans l'unité psychiatrique de la prison qu'on surnomme « la maison bleue », une quarantaine de personnes sont emprisonnées. Les porteurs du projet décident d'installer 22 toilettes et douches, soit un équipement par cellule, une avancée majeure compte tenu de la situation antérieure : seulement deux sanitaires étaient mis à disposition de toute l'unité. Des chantiers de plomberie et d'électricité sont lancés, et la peinture est entièrement refaite. Le service de soins est également renforcé grâce à l'arrivée de nouveaux infirmiers qui travaillent régulièrement. Des activités sont aussi proposées pour les jeunes détenus, à l'instar d'un tournoi de football et d'un concert du groupe Yallah ! Kabila en fin d'année dernière. Durant la cérémonie, Ahmad, un des détenus de « la maison bleue », joue d'ailleurs du oud, à la grande joie des personnes présentes. Une expérience « particulièrement touchante », pour reprendre les mots de Rita Petailli.

 

(Pour mémoire : Un concert pour les jeunes détenus illumine les murs de la prison de Roumieh)

 

Les cuisines
Non loin de l'unité psychiatrique, dans l'aile qui abrite les cuisines notamment, les bâtiments s'étaient détériorés avec le temps. Aujourd'hui, il suffit de visiter les lieux pour se rendre compte de l'importance des travaux réalisés.

Au rez-de-chaussée, 3 500 repas sont cuisinés chaque jour pour les prisonniers. Face au constat de l'ancienneté des ustensiles et de la structure, une cuisine moderne est construite et équipée. De nouveaux ustensiles sont maintenant disponibles et les cuisiniers disposent de nouveaux équipements. Ils sont même dotés de nouveaux uniformes, tabliers, gants... Au total, ce sont dix civils et dix détenus qui cuisinent chaque jour ensemble.

Brice, l'un des prisonniers, se réjouit de pouvoir utiliser ces nouveaux équipements. « On travaille moins et plus rapidement », précise-t-il. Une impression partagée par Samir, le premier sergent qui dirige l'équipe des détenus. « Je suis content de la nouvelle cuisine, elle fonctionne mieux », observe-t-il.

Pourtant, les points positifs n'effacent pas les mécontentements, liés principalement à la surpopulation carcérale. De nationalité française, Brice est condamné à neuf ans de prison pour trafic de drogue et a déjà passé quatre ans derrière les barreaux. À ses côtés, les autres détenus sont palestiniens, nigériens et libanais.

 

(Pour mémoire : Des détenus de Kobbé refusent leur transfert à Roumieh)

 

« Les conditions de détention sont déplorables », confie-t-il, avant d'ajouter : « Nous sommes dix par cellule alors qu'elles ont une capacité de six personnes. » Dans « la maison bleue », les prisonniers atteints de maladie mentale sont généralement satisfaits par les travaux. Pourtant, certains détenus se plaignent de la chaleur. « Nous aurions besoin de ventilateurs », affirme l'un d'entre eux.

Le droit à la santé ou à une alimentation suffisante font partie de la longue liste des droits de l'homme, reconnus à l'échelle planétaire. Si ces droits prennent officiellement le dessus sur toute législation, il subsiste des lieux où ils ne sont pas entièrement respectés, notamment en prison. À Roumieh cependant, une évolution positive est en train de se dessiner progressivement. La nouvelle cuisine et les travaux de « la maison bleue » en sont les signes. Le directeur de l'administration pénitentiaire du ministère de la Justice qui a visité les locaux, en même temps que les représentants des différents organismes concernés par le projet, s'est félicité des efforts fournis, en relevant que l'unité psychiatrique était, auparavant, dans un état lamentable.

Puisque de nombreux points sont encore à améliorer, les Nations unies continuent leur travail à Roumieh avec le financement de l'AICD. Une boulangerie sera rénovée et un terrain extérieur sera mis à la disposition des détenus atteints d'un handicap mental. Ils pourront ainsi se promener à l'extérieur, un grand pas en avant, puisqu'ils peuvent aujourd'hui difficilement se mouvoir à l'extérieur de « la maison bleue ».
La seconde phase du programme sera étendue aux prisons de Tyr, Batroun, Marjeyoun et Nabatiyé.

 

 

Pour mémoire

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