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Moyen Orient et Monde - Référendum constitutionnel

L’opposition turque saisit la CEDH

Le chef de file du CHP poursuit sa marche sur Istanbul.

Entamée le 15 juin à Ankara, la marche sur Istanbul du chef de file du CHP, Kemal Kilicdaroglu, a pris de l’ampleur au fil des jours. Lundi, des représentants du parti HDP (prokurde) ont rejoint le mouvement. Ziya Koseoglu/bureau de presse du CHP/AFP

Kemal Kilicdaroglu, chef de file du Parti républicain du peuple (CHP, laïc, principal parti de l'opposition turque), a déposé hier un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour contester le résultat du référendum du 16 avril. La consultation populaire, qui s'est déroulée sous l'état d'urgence, a validé par une courte majorité (51,4 %) une réforme constitutionnelle qui a considérablement accru les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.
M. Kilicdaroglu a annoncé sa décision avant d'entamer le 20e jour de la marche de 425 km qu'il effectue entre Ankara et Istanbul pour protester contre la condamnation d'un député du CHP, Enis Berberoglu, à 25 ans de prison pour espionnage. Le chef du CHP conteste le fait que la commission électorale turque (YSK) ait accepté des bulletins dépourvus de tampon officiel lors du référendum. « La décision de l'YSK a rendu ce référendum illégitime. Nous saisissons la CEDH », a ainsi déclaré M. Kilicdaroglu à Izmit, à une centaine de kilomètres à l'est d'Istanbul. Aux journalistes qui l'accompagnent, il a déclaré se battre pour la justice, en accusant le gouvernement de créer un régime à parti unique depuis le coup d'État manqué du 15 juillet 2016. « La Turquie s'est rapidement transformée en État à parti unique. Pratiquement toutes les institutions de l'État sont devenues des filiales d'un parti politique. Cela nuit profondément à notre système parlementaire et démocratique », a-t-il dit.
Âgé de 68 ans, M. Kilicdaroglu arborait une chemise blanche et une casquette de base-ball avec le mot « adalet » (justice) inscrit dessus, à l'entame de la dernière grande étape de sa marche, en compagnie de centaines de partisans. Entamée le 15 juin, la marche du chef du CHP a pris de l'ampleur au fur et à mesure de sa traversée de la campagne du nord-ouest de la Turquie. Des représentants du parti prokurde HDP, troisième formation représentée au Parlement derrière l'AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur, au pouvoir) et le CHP, ont rejoint le mouvement lundi, alors que les manifestants passaient à proximité de la prison où est enfermée Figen Yüksekdag. De sa cellule, l'ancienne coprésidente du HDP a diffusé un communiqué exhortant les partis d'opposition à mettre de côté leurs querelles et à se battre pour rebâtir le système judiciaire qui a, selon elle, « touché le fond » en emprisonnant 11 députés et une centaine de maires du HDP. Le parti rejette les accusations de collusion avec les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Au cours du week-end passé, M. Erdogan avait estimé que le CHP n'agissait désormais plus comme un parti d'opposition. « On peut voir qu'ils ont atteint le stade où ils agissent de concert avec des groupes terroristes », avait-il dit samedi, lors d'une réunion de l'AKP. « La voie que vous avez prise est celle de Qandil, celle de la Pennsylvanie », avait-il lancé à l'adresse du parti laïc, par allusion aux monts Qandil en Irak qui servent de sanctuaire au PKK, et à l'État américain où vit en exil volontaire le prédicateur Fethullah Gülen, ennemi n° 1 du chef de l'État turc.
Depuis le putsch manqué de juillet 2016, imputé par M. Erdogan aux gülénistes, plus de 50 000 personnes ont été emprisonnées en attendant un procès et 150 000 autres ont été suspendues ou licenciées. Ankara a également fermé 130 organes de presse et 160 journalistes sont en prison, selon les chiffres des syndicats.
Source : Reuters

Kemal Kilicdaroglu, chef de file du Parti républicain du peuple (CHP, laïc, principal parti de l'opposition turque), a déposé hier un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour contester le résultat du référendum du 16 avril. La consultation populaire, qui s'est déroulée sous l'état d'urgence, a validé par une courte majorité (51,4 %) une réforme...

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