Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Repères

Brexit : sortie sur une impasse ?

Le 23 juin 2016, la sortie de l'UE est décidée par le peuple britannique, c'est alors le début d'un processus inédit.

La Première ministre britannique Theresa May, le 21 juin 2017, à Londres. Photo AFP

« La priorité de mon gouvernement est de garantir le meilleur accord possible alors que le pays quitte l'Union européenne », a affirmé la reine Élisabeth, se faisant la porte-voix de la Première ministre Theresa May, lors de son discours mercredi devant le nouveau Parlement britannique. Alors que les discussions entre le Royaume-Uni et l'Union européenne ont débuté cette semaine afin de négocier un accord de sortie britannique, la scène politique du pays s'est vue bouleversée par les élections législatives anticipées convoquées par Mme May elle-même le 8 juin dernier.

Faire perdre la majorité parlementaire aux conservateurs à quelques jours de l'ouverture des négociations, affaiblissant par la même occasion la chef du gouvernement, tel fut le choix des citoyens britanniques. Une surprise qui n'est pas sans rappeler celle du 23 juin 2016 lorsqu'ils étaient appelés à voter en faveur ou non du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne. Avec 51,89 % des voix, le Brexit a ouvert la voie à un processus encore inédit.

Loin d'être une tâche aisée, le dialogue sur les différents enjeux du divorce de Bruxelles et de la couronne a nécessité la mise en place d'un cadre de négociations. Et le contexte politique de la monarchie britannique n'a rien fait, en un an, pour faciliter les choses. La démission du Premier ministre David Cameron au lendemain du référendum a propulsé Theresa May à un poste que personne ne voulait, tant la responsabilité des négociations du Brexit peuvent porter préjudice à une carrière. Pas de surprise alors de voir la crédibilité de la chef du gouvernement ébranlée par le bouleversement des dernières élections législatives, la série d'attentats qu'a subis le pays et le sinistre de la Grenfell Tower où 79 personnes au moins ont péri dans les flammes. Ouvertement partisane d'une sortie brutale lors de sa candidature, Theresa May n'a aujourd'hui plus vraiment le choix que de fléchir sa position. « La Première ministre va devoir revoir sa stratégie de négociations et rompre avec ses discours de campagne au cours desquels elle avait ouvertement critiqué les institutions européennes, laissant entendre qu'elle n'était pas prête à adopter des positions conciliantes et que la rupture avec l'UE pourrait être radicale », analyse Robert Chaouad, spécialiste des questions européennes à l'IRIS, interrogé par L'Orient-Le Jour.

 

(Lire aussi : Au Royaume-uni, la solitude des électeurs opposés au Brexit)

 

Le contexte international ne semble pas non plus jouer en faveur du Royaume-Uni dans les négociations. Alors que Theresa May comptait sur les relations particulières entre Washington et Londres pour conserver une influence à l'échelle internationale, maintenir des liens privilégiés avec Donald Trump semble aujourd'hui davantage porter préjudice au Royaume-Uni. Même constat du côté de l'Union européenne alors que Mme May comptait sur le soutien de l'Allemagne pour éviter l'isolement : l'élection d'Emmanuel Macron en France a permis l'apparition d'un tandem moteur de l'intégration européenne, excluant de fait le Royaume-Uni.

« En ce moment, Trump se décompose politiquement et l'engouement pour l'Europe joue contre Theresa May et son "hard Brexit" », explique Rémi Bourgeot, expert de la zone euro associé à l'IRIS, à L'Orient-Le Jour. Une conjoncture qui ne facilitera assurément pas l'émergence d'un compromis avec le président français qui a déclaré lors de sa rencontre à Paris avec Theresa May : « La porte reste toujours ouverte », à propos du Brexit. « Cette phrase est le symbole d'une négociation qui s'annonce difficile. Laisser le choix au Royaume-Uni de capituler sur le Brexit montre une opposition à trouver un compromis », analyse Rémi Bourgeot.

 

Points de blocage
Forts de leur position commune, M. Macron et la chancelière allemande Angela Merkel semblent de plus en plus fermes sur les points de blocage qui feront assurément traîner en longueur la résolution du Brexit, prévue pour 2019. Parmi les sujets épineux, les droits des expatriés séjournant outre-Manche et les Britanniques résidant en Europe, la question de l'immigration et du règlement financier, mais surtout les relations entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, respectivement membre de l'Union européenne et partie du Royaume-Uni, dont le commerce est très important de chaque côté. « L'exigence est forte pour l'Irlande d'apaiser les esprits afin qu'une frontière "dure" ne soit pas érigée. Dans les rapports interirlandais, personne ne souhaite que la situation dérape », explique Rémi Bourgeot.

L'interrogation subsiste également quant à la participation britannique au marché unique et aux changements qu'implique le Brexit sur ce plan. Garder un accès au marché unique nécessite en effet de respecter la libre circulation des personnes et des capitaux, à l'opposé d'un « hard Brexit ». Pourtant, approfondir la coopération ne semble pas inenvisageable dans certains domaines, à la lumière de la proximité stratégique dont font preuve les forces militaires françaises et britanniques. « Concernant la défense, tant du côté britannique qu'européen, personne ne souhaite utiliser la question comme un objet des marchandages », explique Robert Chaouad.

 

(Lire aussi : Les Européens au Royaume-Uni : une priorité, beaucoup d'inquiétudes)

 

Une tâche incertaine
Si ces négociations s'annoncent longues et difficiles, le discours général des acteurs tend aujourd'hui à minimiser les effets du Brexit. « La réponse européenne est de montrer que le Brexit est une petite chose face à l'importance des autres enjeux européens », interprète Rémi Bourgeot. Un moyen de mettre la pression sur l'adversaire diplomatique donc. Mais la mesure de la tâche qui attend le Royaume-Uni et l'Union européenne accroît l'incertitude quant aux conséquences des discussions. « La Grande-Bretagne a le plus à perdre dans ces négociations ; l'UE offre un front uni et le rapport de force est davantage en sa faveur. D'une certaine manière, ce Brexit pourrait conduire à resserrer les liens entre les vingt-sept États membres en fonction de la manière dont les négociations évolueront », suppute Robert Chaouad. Déboucher sur une impasse ou être couronné de succès semblent finalement avoir autant de chance l'un que l'autre.

 

Pour mémoire

Le ton se durcit entre Bruxelles et Londres sur la facture du Brexit

Brexit : Tony Blair veut se "salir les mains"

Négociations du Brexit : les lignes directrices de l'UE

« La priorité de mon gouvernement est de garantir le meilleur accord possible alors que le pays quitte l'Union européenne », a affirmé la reine Élisabeth, se faisant la porte-voix de la Première ministre Theresa May, lors de son discours mercredi devant le nouveau Parlement britannique. Alors que les discussions entre le Royaume-Uni et l'Union européenne ont débuté cette semaine afin de négocier un accord de sortie britannique, la scène politique du pays s'est vue bouleversée par les élections législatives anticipées convoquées par Mme May elle-même le 8 juin dernier.
Faire perdre la majorité parlementaire aux conservateurs à quelques jours de l'ouverture des négociations, affaiblissant par la même occasion la chef du gouvernement, tel fut le choix des citoyens britanniques. Une surprise qui n'est pas sans...
commentaires (1)

C'est fou que c'est compliqué et condamnatoire pour un peuple, d'avoir raison en Europe ...surtout contre les technocrates /eurocrates "lobotomistes", qui tentent de gouverner l'UE...

M.V.

06 h 23, le 24 juin 2017

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • C'est fou que c'est compliqué et condamnatoire pour un peuple, d'avoir raison en Europe ...surtout contre les technocrates /eurocrates "lobotomistes", qui tentent de gouverner l'UE...

    M.V.

    06 h 23, le 24 juin 2017

Retour en haut