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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Ghassan Salamé accepte la mission impossible libyenne

L'ancien ministre de la Culture devra réussir, s'il veut faire mieux que son prédécesseur, à gérer le cas du maréchal Khalifa Haftar dont l'influence n'a cessé de progresser ces deux dernières années.

Ghassan Salamé vient d’être nommé émissaire onusien en Libye. Archives Reuters

Il aura fallu quatre mois pour trouver un successeur à l'Allemand Martin Kobler, envoyé spécial de l'ONU en Libye. Cela donne un aperçu de l'ampleur de la tâche qui attend l'ancien ministre libanais de la Culture Ghassan Salamé, qui a été nommé à ce poste mardi par le Conseil de sécurité des Nations unies. Sa nomination vient clôturer une longue période de tractations diplomatiques, notamment marquée par le veto américain contre l'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayad, qui était le premier choix du secrétaire général Antonio Guterres. Une dizaine d'autres noms avaient été évoqués, mais les seuls à être en mesure de recevoir l'aval de l'ONU avaient préféré jeter l'éponge devant une mission jugée « impossible » par de nombreux diplomates.

Ancien directeur de l'École des affaires internationales de Sciences-Po Paris, Ghassan Salamé aura fort à faire pour ramener toutes les parties libyennes autour de la table. Son prédécesseur avait tout misé sur l'accord de Skhirat signé en 2015 par les membres des Parlements rivaux – l'un à Tobrouk et l'autre à Tripoli – qui prévoyait la mise en place d'un gouvernement d'union nationale et d'un conseil présidentiel, pour lancer une période de transition dans un pays miné par les conflits internes depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Installé à Tripoli, le gouvernement a été effectivement mis en place sous l'autorité de Fayez Sarraj. Mais la faiblesse politique du Premier ministre, ajoutée au refus de reconnaissance par le Parlement de Tobrouk et à la poursuite des guerres intestines ont largement fragilisé le processus. Le relancer, en prenant en compte l'évolution de la situation depuis 2015, sera le principal défi de M. Salamé.
« Je me réjouis de voir quelqu'un de sa stature reprendre le flambeau », commente pour L'Orient-Le Jour Tarek Mitri, ancien ministre et ancien envoyé spécial de l'ONU en Libye. « Ghassan Salamé connaît bien la région, il a des amitiés partout dans le monde, il a l'expérience de la médiation. Il a beaucoup d'atouts de son côté, mais la mission demeure difficile », ajoute le diplomate qui considère que « la situation en Libye reste tout à fait imprévisible ».

 

Un Abdel Fattah al-Sissi libyen
Ghassan Salamé est loin d'être un novice de la diplomatie onusienne. Il a déjà conseillé par le passé deux secrétaires généraux des Nations unies, Kofi Annan et Ban Ki-moon, et a été conseiller de la mission onusienne en Irak. Selon un diplomate de l'ONU, Ghassan Salamé aurait modéré il y a quelques semaines une rencontre à Genève entre les différents protagonistes libyens. Les discussions se seraient si bien passées que certains y ont décelé une opportunité de trouver une sortie de crise, basée sur la volonté commune des acteurs de parvenir à un compromis. « À partir de là, Ghassan Salamé a laissé entendre qu'il accepterait la mission », commente la source diplomatique.

Doté d'une extraordinaire culture et d'une rare finesse d'analyse, Ghassan Salamé devra réussir à gérer le cas du maréchal Khalifa Haftar, dont l'influence n'a cessé de progresser ces deux dernières années, s'il veut faire mieux que son prédécesseur. Longtemps boycotté par les Occidentaux, mais soutenu par les Égyptiens, les Émiratis et les Russes, le maréchal Haftar est devenu incontournable à la faveur de ses offensives dans le croissant pétrolier libyen. L'homme se rêve en un Abdel Fattah al-Sissi libyen, en référence au raïs égyptien, lui aussi militaire et adepte de la manière forte. La récente libération de Sayf al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien leader, devrait faire le jeu des pro-Haftar et compliquer encore un peu plus les plans de réconciliation nationale.

Ghassan Salamé va devoir ramener les pro-Haftar, les gens de Tripoli et de Misrata, mais aussi les kadhafistes autour de la même table, en trouvant un compromis entre les ambitions démesurées du maréchal Haftar et le manque d'autorité des anciens révolutionnaires. En arrivant à convaincre toutes ses parties qu'elles ont beaucoup plus à gagner au retour de la paix. Ce qui n'est pas une mince affaire.

 

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commentaires (3)

Il n'est pas obligé d'accepter. Mais s'il le fait c'est que rien d'autre ne lui était offert. Y en a des comme lui qui se contentent de faire tapisserie.

FRIK-A-FRAK

12 h 20, le 22 juin 2017

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Commentaires (3)

  • Il n'est pas obligé d'accepter. Mais s'il le fait c'est que rien d'autre ne lui était offert. Y en a des comme lui qui se contentent de faire tapisserie.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 20, le 22 juin 2017

  • COURAGE ET BONNE CHANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 16, le 22 juin 2017

  • Comme dirait l'autre: qu'est ce qu'il est allé faire dans cette galère ?

    Romulus Maximus

    04 h 26, le 22 juin 2017

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