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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges TYAN

La guenon et la rose

Nous voilà avec dans les bras un nouveau-né. Certes, nous l'avions souhaité, prié le Très-Haut qu'il nous l'accorde, suivi tous les régimes alimentaires, les examens médicaux, appliqué à la lettre toutes les thérapies, consulté ça et là pour juguler notre infertilité, féconder nos méninges.
Que de fois, fous de joie, ne l'avions-nous pas senti tressauter dans nos entrailles, et que de fois aussi n'avons-nous pas porté le masque de l'inquiétude quand il ne bougeait plus. Les médecins accourus l'ont veillé de longues heures indues.
Puis le miracle se produisit. D'un labeur soutenu le fruit nous est venu. Certains le disent beau, d'autres affreux à voir ; heureux celui qui peut contenter tout le monde et son père. Quoique après quelque huit ans de copulation, d'essais avortés, de délais reportés, plus tout le boucan qui a accompagné la naissance, beaucoup sont restés dans l'expectative.
Il n'y a pas mieux que les dictons libanais pour décrire certaines situations pour le moins embarrassantes, certains pavoisant à cette naissance qu'ils ont qualifiée de miraculeuse, allant jusqu'à offrir à leurs convives un banquet de douceurs : le singe dans l'œil de sa mère est une gazelle.
D'autres plus mordants n'hésitent pas à enfoncer sarcastiquement un clou assassin : la guenon a donné naissance à une rose. Se peut-il vraiment? Sachant que les roses se cultivent tendrement, requièrent beaucoup d'attention, sont synonymes d'amour, de beauté, fragiles par nature elles ne vivent pas longtemps.
Est-ce une prémonition, un vœu pieux, une supplique, quand on sait que le nouveau-né, comme l'ont plastronné ses géniteurs, est issu de ce qu'ils ont confusément appelé l'art du possible, eux qui sont tenus à l'impossible. Il leur incombe de bien faire, non pour leur propre compte mais pour la collectivité qui leur a donné une procuration dont les effets se sont éteints il y a quatre ans, et dont ils usent et abusent en toute iniquité.
Alea jacta est. Ce qui est fait est fait. On nous affirme que la prorogation de onze mois de la législature en cours n'en est pas une, il s'agit d'un report technique ; si quelqu'un a saisi la nuance qu'il me l'explique. En attendant, ces gens-là continueront à finasser avec la Constitution, à jouer en toute impunité de l'avenir de notre pays à leur propre profit.
Onze mois, c'est un siècle, mais pour qui sait attendre ce n'est pas long. C'est un délai raisonnable pour que la jeunesse de mon pays sorte de sa léthargie, serre ses rangs loin de toute division communautaire, se présente unie et gagne la bataille électorale ; sinon c'est à nouveau la file d'attente devant les consulats étrangers.
Ne croyez pas les bobards, nulle guenon n'a jamais donné naissance à une rose.

Nous voilà avec dans les bras un nouveau-né. Certes, nous l'avions souhaité, prié le Très-Haut qu'il nous l'accorde, suivi tous les régimes alimentaires, les examens médicaux, appliqué à la lettre toutes les thérapies, consulté ça et là pour juguler notre infertilité, féconder nos méninges.Que de fois, fous de joie, ne l'avions-nous pas senti tressauter dans nos entrailles, et que...

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