Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

Une nouvelle loi qui ouvre la voie au changement...

Tout a une fin, et elle peut être heureuse! Tel a été le cas des négociations pour une nouvelle loi électorale au Liban ! Le pitoyable feuilleton pour l'élaboration de cette loi, qui dure depuis des années, a donc pris fin hier en une séance record au Parlement. En dépit des failles, des lacunes et peut-être des complications et de certains points obscurs, les Libanais ont désormais une nouvelle loi basée sur le mode de scrutin proportionnel. Pour la première fois depuis Taëf, les parties libanaises sont parvenues à un accord sur une loi fabriquée au Liban (les complications en sont un des signes), adoptée sans interférence étrangère, alors que nul n'y croyait vraiment. L'adoption de cette nouvelle loi est donc en elle-même une grande victoire pour le Liban et les Libanais, sachant qu'au fond d'elles-mêmes, la plupart des formations politiques auraient préféré en rester à la loi de 1960 ou plutôt aux arrangements de Doha qui datent de 2008. D'ailleurs, jusqu'à la dernière minute, toutes les parties interrogées laissaient entendre, avec une sorte de fatalisme positif, qu'en définitive il n'y aura pas d'autre possibilité que d'organiser des élections sur la base de la loi en vigueur. L'idée commençait même à faire son chemin chez les parties les plus hostiles à ce scénario dans un constat d'impuissance et en se disant qu'après tout, cela permettra d'organiser les élections dans les trois prochains mois au lieu d'un report technique plus long. Mais cette option restait l'expression d'une grande faillite politique que le chef de l'État n'a cessé de combattre jusqu'au bout, à travers « ses trois négations » (non à la prorogation, non au vide, non à la loi actuelle). Michel Aoun n'a donc pas un instant douté de l'accord sur une nouvelle loi électorale, tout comme il n'avait pas douté de son élection à la présidence. Mais il était presque le seul, car, en douce, chaque partie travaillait pour des élections traditionnelles. Que s'est-il donc passé pour que la loi finisse par naître, à trois jours de l'expiration du mandat du Parlement ?


Selon certaines sources qui suivaient de près ce dossier, trois facteurs ont permis un déblocage de dernière minute : d'abord, incontestablement, l'insistance du chef de l'État, qui avait placé l'adoption d'une nouvelle loi en tête des priorités de son mandat. Ensuite, il y a eu le changement de position du Premier ministre et chef du courant du Futur Saad Hariri, qui avait longtemps cru que la loi de Doha lui était plus favorable que la proportionnelle. Mais s'il fallait maintenir la loi de Doha, les élections auraient eu lieu en septembre. Ce qui lui laissait, ainsi qu'aux autres parties, bien peu de temps pour les organiser. Ensuite, il a accepté l'idée de la proportionnelle qui peut le désavantager là où il est majoritaire, mais être en sa faveur là où son parti n'est pas le plus populaire... Enfin, il y a eu la rencontre nocturne prolongée entre le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et le ministre des Affaires étrangères et chef du CPL Gebran Bassil, quelques jours avant l'annonce de l'accord. Au cours de cette réunion, les deux hommes ont discuté pendant près de quatre heures des détails de la loi et de la vision de l'étape à venir. À ces facteurs, il faut ajouter la subtilité et le savoir-faire du député membre du bloc des Forces libanaises, Georges Adwan, qui a su trouver le timing adéquat et la bonne manière pour présenter une version modifiée du projet de loi du gouvernement Mikati, au moment où toutes les parties avaient besoin d'une échappatoire...

En moins de quatre heures, le Parlement a donc mis fin à des années de discussions, au cours desquelles toutes les combinaisons possibles ont été examinées dans le but probable de gagner du temps pour en rester à la loi de Doha. Le Liban est donc entré dans une nouvelle phase, et le point le plus intéressant de cette loi est que, pour la première fois depuis les années de guerre, les élections législatives ne sont pas jouées d'avance. Généralement, et plus particulièrement depuis l'accord de Taëf, les résultats des élections étaient connus d'avance avec une marge de suspense relativement étroite. La situation était donc parfaitement contrôlée, et si des personnalités « non classées » parvenaient à se faire élire, elles n'avaient pas vraiment la possibilité de modifier les équilibres et les rapports de force. La situation a quelque peu changé après le départ des forces syriennes en 2005. La priorité du 14 Mars à l'époque était d'obtenir une majorité parlementaire, même s'il fallait pour cela conclure le fameux accord quadripartite avec Amal et le Hezbollah, quitte à se retourner contre lui une fois les élections terminées. Mais, même avec cette majorité, en 2005 et en 2009, les rapports de force n'avaient pas vraiment changé et la situation politique était restée pratiquement inchangée.

Dans un premier survol, on peut ainsi dire que cette nouvelle loi permet aux petites formations de se faire représenter au Parlement, dans la mesure où elle est en contradiction avec le fameux principe des « rouleaux compresseurs électoraux ». Elle donne donc une chance à la société civile de pouvoir former des listes dans certaines circonscriptions et peut-être d'effectuer des percées si elles obtiennent le nombre de suffrages nécessaire à leur qualification. En même temps, elle ouvre la voie à une diversité au sein de chaque communauté où aucune formation ne peut se targuer d'avoir 80 % des suffrages. Certes, pour le tandem chiite, Amal et le Hezbollah, il y aura probablement une perte minimale, mais, chez les druzes, les sunnites et les chrétiens, la situation pourrait être différente, sachant que cette loi ne favorise pas les alliances, puisque les colistiers peuvent se transformer en rivaux lorsqu'il s'agira de déterminer les vainqueurs dans une liste qui a obtenu un pourcentage déterminé des suffrages exprimés. Pour la communauté chiite, cela ne changera pas beaucoup car l'alliance entre Amal et le Hezbollah est politique et les deux formations se mettront d'accord à l'avance sur le partage des listes. Mais, dans les autres communautés, la situation sera différente et chaque partie préférera sans doute rouler pour ses propres candidats. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle tout le monde évite pour l'instant d'évoquer les futures alliances...

Ce qui est sûr, c'est qu'en dépit de toutes les réserves, cette nouvelle loi ouvre la voie au changement.

Tout a une fin, et elle peut être heureuse! Tel a été le cas des négociations pour une nouvelle loi électorale au Liban ! Le pitoyable feuilleton pour l'élaboration de cette loi, qui dure depuis des années, a donc pris fin hier en une séance record au Parlement. En dépit des failles, des lacunes et peut-être des complications et de certains points obscurs, les Libanais ont désormais...

commentaires (4)

Made in Lebanon ou Made in Banlieue-sud ? Une chambre des députés illégale qui élit un Président légal ? Vas-y comprendre !

Un Libanais

14 h 28, le 17 juin 2017

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Made in Lebanon ou Made in Banlieue-sud ? Une chambre des députés illégale qui élit un Président légal ? Vas-y comprendre !

    Un Libanais

    14 h 28, le 17 juin 2017

  • OU QUI FERME LE CHANGEMENT PUISQU,EN FAIT LE RESULTAT EST QUE LES MEMES FACES SERONT LA ET LES MEMES FESSES SUR LES CHAISES DU PARLEMENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 30, le 17 juin 2017

  • remarquons que, depuis qqs temps, les commentaires se font rares, surtout s'agissant de la loi electorale. Tres mauvais signe - une sonnette d'alarme que nos chers politiques vont devoir en tenir compte: le peuple est degoute , desespere. Sauf que je suis sur ces messieurs la vont bien en tenir compte- mais a leur maniere: Tant mieux, le peuple ne nous cassera plus les pieds avec leurs critiques.

    Gaby SIOUFI

    09 h 29, le 17 juin 2017

  • ???????????

    Soeur Yvette

    08 h 59, le 17 juin 2017

Retour en haut