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Économie - Focus

Quand les Saoudiens apprennent à compter sur eux-mêmes

Des étudiants réajustant le moteur d’un climatiseur démantelé dans un programme de cours du soir pour adultes à Riyad. Fayez Nureldine/AFP

Les mains dans le cambouis, un groupe de Saoudiens s'affairent autour d'un moteur. L'atelier ne sert pas à la formation professionnelle, mais s'adresse à des adultes qui veulent apprendre comment se débrouiller avec une petite panne de voiture. Le programme, le premier du genre, consiste en une formation rapide, notamment en électroménager, pour des Saoudiens qui ont la réputation d'être récalcitrants aux travaux manuels.
Il complète les efforts visant à diversifier l'économie après l'effondrement des prix du pétrole, principale source de revenus du royaume. Le plus grand exportateur mondial de pétrole s'est lancé l'année dernière dans un vaste plan de diversification économique, destiné à élargir la base industrielle du pays, favoriser les PME et stimuler l'emploi des Saoudiens.

« Je peux le faire »
L'objectif est également de dissiper les idées fausses sur le refus des Saoudiens de se salir les mains pour effectuer de petites tâches. « Je veux tout réparer dans ma maison, dit Mohammad el-Harbi, 29 ans, qui travaille dans une affaire familiale et a rejoint le programme au Lycée technique de Riyad. Je ne veux plus appeler quelqu'un pour le faire. »
Le projet pilote suivi par 4 600 stagiaires a pris fin fin mai. Il devrait se poursuivre avec des offres plus élargies. La formation est gratuite, à part de petits frais d'inscription.
« Beaucoup de Saoudiens sont désireux d'acquérir de nouvelles compétences », souligne Ahmad Fahad el-Fahaid, qui dirige l'agence gouvernementale chargée de conduire ces nouveaux cours pour adultes. Parmi eux figure Suliman el-Kuoboor, 52 ans. Cet ingénieur de l'armée de l'air est venu apprendre comment connecter un interrupteur électrique. Au lieu d'appeler un électricien, « je peux le faire moi-même ». Pour les femmes, des formations sur les nouvelles technologies, la coiffure et le maquillage seront proposées.
Dans un autre coin, un étudiant réajuste le moteur d'un climatiseur démantelé sous l'œil d'une quinzaine d'autres. Pour Sultan Abdalla, la vingtaine, quatre cours du soir ne sont pas suffisants. Éduqué au Japon, il vient de perdre son emploi dans un ministère. « Les jeunes n'ont pas de travail », se désole-t-il, en désignant, parmi les membres de son groupe, deux autres jeunes au chômage. Les jeunes sont en « forte concurrence avec les travailleurs asiatiques et autres, et ce serait bien qu'ils trouvent du travail », ajoute-t-il.

Valeur ajoutée
« Mais les cours du soir ne sont pas destinés à qualifier les élèves pour le marché du travail, la formation professionnelle étant couverte par de nombreux autres programmes », rappelle M. Fahaid. « Ils devraient cependant les aider à développer des connaissances pour éviter d'avoir à se faire aider par des travailleurs étrangers », souligne-t-il lors d'une visite à l'atelier de mécanique. « Personne ne leur a appris, personne ne les a formés. C'est pourquoi nous sommes intervenus », ajoute-t-il.
Selon les derniers chiffres officiels, près de 9 millions d'étrangers sont employés dans le pays qui compte 21 millions d'autochtones. La chute des prix du pétrole depuis la mi-2014 a contraint l'Arabie saoudite à retarder de grands projets d'infrastructure, réduire des avantages sociaux et envisager d'introduire, pour la première fois, des taxes.
En parallèle, l'Arabie a offert aux travailleurs en situation irrégulière la possibilité de quitter le pays sans payer de pénalités. Plus de 345 000 de ces travailleurs ont bénéficié de cette amnistie qui court jusqu'à fin juin, selon le quotidien Arab News.
Pour M. Fahaid, si les Saoudiens sont capables d'effectuer de petits travaux, les expatriés qui restent devront avoir « les compétences pour apporter une valeur ajoutée » à l'économie.
Source : AFP

Les mains dans le cambouis, un groupe de Saoudiens s'affairent autour d'un moteur. L'atelier ne sert pas à la formation professionnelle, mais s'adresse à des adultes qui veulent apprendre comment se débrouiller avec une petite panne de voiture. Le programme, le premier du genre, consiste en une formation rapide, notamment en électroménager, pour des Saoudiens qui ont la réputation d'être...
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