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À La Une - Irak

"Je romps le jeûne avec ce que je trouve. Il y a parfois du sable ou des vers dans l'eau que nous buvons"

En ce mois sacré du ramadan, la vie a un goût amer pour les habitants de Mossoul.

Des civils portant des sacs de farine et de sucre, à Mossoul-Ouest, en Irak, le 14 juin 2017. REUTERS/Alkis Konstantinidis

Comme des dizaines d'habitants de Mossoul-Ouest, Oum Mohammed fait la queue, sous une chaleur écrasante, pour recevoir de l'aide alimentaire. En ce mois sacré du ramadan, la vie a un goût amer pour cette ancienne directrice de banque.

"Nos maisons et nos voitures ont été détruites, notre famille a été séparée", raconte en larmes, Oum Mohammed. "Pourquoi doit-on attendre ici, dans cette longue queue, pour recevoir de l'aide?"

Le groupe Etat islamique (EI) s'est emparé de Mossoul en 2014, imposant aux habitants de la grande ville du nord de l'Irak une version brutale de la charia et un régime de la terreur. Leurs conditions de vie se sont encore détériorées depuis le lancement en octobre d'une vaste offensive des forces irakiennes qui ont repris l'est de Mossoul et une grande partie de l'ouest. Les civils sont souvent utilisés comme boucliers humains par les jihadistes, ils sont pris entre les feux des combats et font face à d'importantes pénuries de vivres, d'eau et d'électricité.

Oum Mohammed, 38 ans, hésite quelques secondes, puis finit par sortir de son sac divers documents. Elle montre une carte de visite du temps où elle était directrice d'une banque qu'elle ne souhaite pas nommer, par crainte de représailles envers ses proches toujours coincés dans des quartiers aux mains de l'EI.

"Nous avions une vie de rêve et nous sommes tombés au plus bas", se désole cette mère de deux enfants, les traits tirés. "Je romps le jeûne avec ce que je trouve. Il y a parfois même du sable ou des vers dans l'eau que nous buvons".

C'est dans un champ de ruines, entre les décombres des immeubles et des voitures calcinées, qu'elle attend son tour aux côtés d'enfants, de femmes et de vieillards. Beaucoup se couvrent la tête avec des serviettes ou des bouts de tissus pour se protéger du soleil brûlant.

 

(Lire aussi : Une contre-offensive de l’EI repoussée à Mossoul)

 

"De l'herbe et du sable"
Non loin de là, Oum Youssef, 40 ans, est en pleurs. N'ayant pas réussi à inscrire son nom sur la liste la veille, elle n'a pas obtenu son paquet d'aide qui comprend riz, lentilles, lait, sucre, concentré de tomate et fromage.

"J'ai dix enfants. Nous rompons le jeûne avec de l'eau du puits et du jus de tomate", dit-elle dans un mélange de tristesse et de colère. "Qui peut accepter de vivre dans ces conditions-là?" "Je célébrerai l'Aïd (la fête qui marque la fin du ramadan) quand ma fille Leïla, son mari et ses enfants seront libérés de la domination de Daech", explique-t-elle en utilisant un acronyme en arabe de l'EI. "Ils n'ont plus que de l'herbe et du sable à manger", assure-t-elle, alors qu'un passant tend un biscuit à son enfant.

Les aides alimentaires sont distribuées gratuitement par de jeunes bénévoles irakiens aux habitants des quartiers de Mossoul-Ouest repris par les forces irakiennes. Quelque 2.000 paquets ont été distribués la semaine dernière.

"Nous espérons satisfaire, ne serait-ce qu'une petite partie des besoins des familles nécessiteuses", explique à l'AFP le responsable de l'équipe de bénévoles, Mohammed Dilane, 21 ans. Ces aides sont financées grâce à des dons de particuliers, notamment des hommes d'affaires irakiens, explique-t-il.

Coupons en mains, Zahraa, 34 ans, attend elle aussi son paquet. "Il fait chaud, il n'y a ni eau ni électricité et nos maisons sont en partie détruites". Vêtue d'une longue robe noire et d'un voile, elle assure toutefois que "tout peut être surmonté, à part la séparation des familles". Une partie de ses proches ont fui Mossoul et d'autres sont encore dans les quartiers de la ville contrôlés par l'EI. "Avant, c'était le repas du ramadan qui nous réunissait", confie-t-elle.

 

 

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