Rechercher
Rechercher

Lifestyle - La mode

À Londres, une semaine masculine débridée

Difficile de se faire une idée claire de ce qui a bien pu se passer à Londres lors de la semaine de la mode masculine où étaient présentées, du 8 au 12 juin, les collections masculines printemps-été 2018. L'événement donnait une idée totalement débridée des prochaines tendances.

Présentations de divers créateurs émergents, notamment diplômés du RCA (Royal College of Art). Photos DR

La London Week fêtait cette saison son cinquième anniversaire, et après les attentats qui ont secoué tant la City que Manchester, l'occasion était toute trouvée pour prouver au monde que la capitale britannique n'entendait pas renoncer à sa créativité ni à sa joie de vivre. Keep calm, il n'est pas encore né celui qui fera perdre aux Britanniques leur flegme ni leur classe, dussent-ils se traduire en concepts délirants. Ce fut d'ailleurs le cas durant cette semaine folle où il fut difficile de suivre les événements sinon en sautant d'une présentation à l'autre, non pas dans ces endroits improbables, hangars et autres, où elles avaient lieu, mais tout simplement en suivant le compte london fashion week.

 

Sous le signe de l'art
Annoncée sous le signe de l'art, cette semaine de la mode masculine qui donnait un avant-goût des tendances du printemps/été 2018 avait déjà son logo dessiné en lettres fluorescentes par l'iconique artiste contemporaine Tracy Emin. Le 8 juin, deux parties avaient réuni le tout Londres artistique et modeux avant la brillante représentation donnée par les étudiants du Royal College of Art. Ici, on découvrait des « pulls » en coquillettes directement collés sur la peau des modèles aux cheveux recouverts de nouilles, ou une collection en lamé imitant les crackers surprise des grandes fêtes. Le 9, aux quelques classiques tels que Barbour International, Dunhill London, ou Harrys of London, se mêlaient les acrobaties stylistiques de jeunes créateurs. Rag & Bone, fort du succès de sa boutique londonienne, inaugurait un navire amiral, et Topman Design donnait une
soirée fracassante.

 

Plus d'événements que de défilés
On comptera d'ailleurs plus d'événements et de fêtes que de défilés à proprement parler, entre les réceptions données par les organisateurs de cette fashion week hors du commun et celles des grandes marques. Il fallait montrer patte blanche pour accéder au petit déjeuner donné par Burberry, assister à la célébration de la collaboration entre Aston Martin et Hogan ou aux dîners de clôture de ASOS ou du magazine GQ. Les collections à proprement parler ne sont juste pas portables. Conceptuelles comme jamais, elles célébraient tant une nouvelle féminisation de l'homme avec force fleurs et couleurs qu'une véritable institutionnalisation du streetwear et des détournements des codes militaires. Place aux carreaux et aux volumes surdimensionnés, tout semble fait pour être repéré dans une foule. Les styles les plus classiques hérités du fameux sartorial de Savile Row sont eux-mêmes détournés avec des mesures exagérées rarement vues à ce jour. Il faut noter que Savile Row, la fameuse rue des couturiers « grande mesure », prend elle-même racine dans l'uniforme militaire.

 

Vivienne Westwood portée en triomphe
Grande première, des créateurs chinois, dont la plupart sont formés dans les grandes écoles de Londres, étaient présents en nombre, interprétant à leur manière et y ajoutant dans leur culture cette nouvelle conception de la mode masculine. Certes, il n'est pas question de porter, ni même de commercialiser les pièces présentées lors de ces défilés. Les collections ne sont évidemment pas encore faites, mais l'idée de ces événements est d'abord de servir de vitrine à l'univers et au savoir-faire des créateurs. Plus que jamais, avant d'atteindre les portants des boutiques, la mode, qu'elle soit masculine ou féminine, flirte d'abord avec l'art, se conceptualise, imagine un monde extrême où le vêtement donnerait corps à une humanité imaginaire, tantôt issue des dessins animés et des films, et tantôt d'une vision dystopique et sombre de l'avenir.

Portée à bout de bras le dernier jour des défilés, dame Vivienne Westwood prouvait s'il le fallait encore qu'elle demeure le point de mire de la mode britannique avec son éthique punk jamais démodée. Ses créations demeurent de grands classiques, et son message prône qualité et durabilité et définit une slow fashion équitable et saine pour l'avenir de la planète.

On retiendra à travers ces événements disparates qui créaient, même sans se croiser, tout un climat festif dans un Londres blessé mais vivant, une célébration de la vie, de la diversité et de la créativité déjantée. Tout aussi valable que les consignes données par Churchill lors du blitz de la Seconde Guerre Mondiale, cet esprit festif est un nouveau pied de nez au terrorisme de tout poil.

 

Dans la même rubrique 

City Knot, le sac de la saison

Guccimania au Palazzo Pitti

La panthère est de retour

Prada en son observatoire

La London Week fêtait cette saison son cinquième anniversaire, et après les attentats qui ont secoué tant la City que Manchester, l'occasion était toute trouvée pour prouver au monde que la capitale britannique n'entendait pas renoncer à sa créativité ni à sa joie de vivre. Keep calm, il n'est pas encore né celui qui fera perdre aux Britanniques leur flegme ni leur classe, dussent-ils...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut