C'est une image plutôt inquiétante de l'état de l'Église et de la communauté maronite qu'a brossée le patriarche Raï, hier, à l'ouverture des travaux du synode annuel de juin ; une réunion qui vient d'être précédée d'une retraite spirituelle prêchée par le P. Dany Younès, supérieur provincial des jésuites.
À l'ordre du jour du synode figure d'abord la question liturgique, « élément unificateur » de l'Église, en particulier dans les pays de la diaspora. Vient ensuite la question des séminaires. Le patriarche constate que « des lacunes se manifestent dans la formation humaine et spirituelle des prêtres », ainsi qu'« une baisse significative du niveau de compétences scientifiques et théologiques ».
Le patriarche relève en particulier « un relâchement sur le plan de l'enseignement théologique, dogmatique et moral » de l'Église maronite. Il déplore à cet égard que de nombreux prêtres répondent aux sollicitations des médias, « sans autorisation formelle » de leurs supérieurs, et « scandalisent les fidèles » par leurs propos.
Un compendium théologique et pastoral a été établi pour rectifier l'enseignement de l'Église. Une partie du synode sera consacrée à la lecture des sujets les plus importants qu'il contient. En tout état de cause, une nouvelle direction va être nommée au séminaire de Ghazir, a révélé le patriarche.
Les tribunaux religieux
À l'ordre du jour du synode, a poursuivi le patriarche, figure aussi le travail des tribunaux religieux. « Nos tribunaux, dit-il, se sont mis à accorder trop facilement l'annulation du mariage pour des raisons psychologiques, en cas de dispute entre époux. »
« De ce fait, il nous faut réfléchir aux moyens de défendre le mariage et la famille, ajoute-t-il, à travers une pastorale intensive et la création de centres de préparation au mariage, ainsi que des centres d'écoute et de réconciliation. » « Il ne suffit pas d'autoriser le mariage, enchaîne-t-il. Il faut aussi protéger la vie conjugale et familiale et l'accompagner dans les difficultés, pour éviter d'en arriver au recours en justice et à la rupture du lien conjugal. »
Par ailleurs, à l'ordre du jour du synode figurent « la pastorale des jeunes, qui sont l'avenir de l'Église », « le renforcement de la spiritualité des prêtres et la coordination entre l'autorité ecclésiale et les ordres monastiques », « le resserrement des liens entre les diocèses de la diaspora et l'Église au Liban, notamment à travers la Fondation maronite dans le monde et l'enregistrement des naissances et mariages des Libanais de l'étranger ».
Enfin, l'examen des questions sociales et politiques figurera à l'ordre du jour du synode : surcharge démographique due aux déplacés syriens dont le nombre croît annuellement par « dizaines de milliers » (de naissances), « la guerre imposée à la Syrie où l'Église maronite a trois diocèses », « l'état dramatique de l'Irak dont le peuple, toutes communautés confondues, est victime du terrorisme et où le nombre des chrétiens diminue et où, en conséquence, s'affaiblit le poids qu'ils représentent dans la société ».
Le patriarche cite enfin « la situation délicate dans le Golfe », la cause palestinienne, les tensions en Terre sainte et le drame des coptes en Égypte.
F. N.
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LA LIBRE EXPRESSION
20 h 50, le 13 juin 2017