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Liban - Justice

Assassinat des quatre juges à Saïda : l’acte d’accusation est imminent, assure Jreissati

Un ancien ministre dénonce les « îlots » et les « déserts » de la justice libanaise.

Dix-huit ans après les faits, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, a annoncé hier que le processus de jugement des assassins des quatre juges tués lors d'une fusillade au Palais de justice de Saïda, le 8 juin 1999, va bientôt s'enclencher et qu'un acte d'accusation dans cette sombre affaire est sur le point d'être rendu.

À l'occasion du 18e anniversaire de l'assassinat des quatre juges, M. Jreissati a affirmé que « la justice poursuit son cours en vue de sanctionner les criminels, l'acte d'accusation à l'encontre de ceux-ci étant sur le point d'être émis », selon un communiqué du bureau de presse du ministre. Il est souligné dans le communiqué que le ministre est conscient du fait que « la justice tardive ne peut être idéale, mais elle est préférable à pas de justice du tout ». « D'autant, poursuit le texte, que ces magistrats innocents sont tombés en martyrs alors qu'ils rendaient la justice, une mission qui les honore, honore leurs proches ainsi que tout le corps judiciaire. » Et le communiqué de rendre hommage au corps de la magistrature libanais tout entier, « dont le Liban est fier ». « Le ministre de la Justice voit en chaque juge un apôtre de paix et d'entente », enchaîne le texte, notant, pour finir, qu'une grande cérémonie devait se dérouler incessamment pour commémorer ce triste anniversaire.

Les quatre juges tués sont Hassan Osman, Imad Fouad Chéhab, Walid Harmouche et Assem Bou Daher, qui occupaient respectivement les postes de président et de membres de la Cour criminelle de Saïda, et de procureur général auprès de cette Cour.

 

(Lire aussi : Rifi de Saïda : Les dossiers des affaires de Joseph Sader, Ramzi Irani et Hachem Selmane seront reconstitués)

 

Alors qu'ils étaient en plein prétoire, au rez-de-chaussée du Palais de justice, des individus les ont mitraillés à travers la fenêtre de la salle d'audience, avant de prendre la fuite, vraisemblablement vers le camp palestinien de Aïn el-Héloué tout proche, en abandonnant des fusils-mitrailleurs et un lance-roquette. Des sources proches du dossier avaient, à l'époque, indiqué que le crime, soigneusement préparé, aurait eu pour but de venger trois partisans du tristement célèbre Abou Mahjan, condamnés à mort pour l'assassinat du cheikh Nizar Halabi, guide spirituel de l'Association des projets islamiques de bienfaisance.

Prié par L'Orient-Le Jour de commenter l'annonce faite hier par M. Jreissati, un ancien ministre de la Justice, qui a requis l'anonymat, s'est félicité que « justice puisse ainsi être faite », regrettant toutefois qu'« il n'y ait pas de vision cohérente de la sanction au Liban ». Cet homme de droit confie que lorsqu'il était en poste, plusieurs années après l'assassinat des juges, l'enquête n'avait pas avancé d'un pas. Et de dénoncer plus généralement une géographie discordante de la justice, « comportant tantôt des îlots, tantôt des déserts ». Il évoque à titre d'exemple l'affaire de l'imam Moussa Sadr, disparu en 1978 en Libye, qui « avait été négligée pendant des décennies, avant qu'une décision politique ne soit prise dans l'autre sens, après la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ».

« Voilà dix-huit ans que nous nous contentons de cérémonies organisées en mémoire des quatre juges-martyrs au cours desquelles on prononce des discours inutiles et on dépose des gerbes de fleurs devant leur mémorial plutôt que de tenter d'élucider les circonstances du crime et de rechercher les meurtriers », constate l'ancien ministre, souhaitant que « l'État de droit puisse enfin se reconstruire ».

Informations précieuses
Une source judiciaire haut placée ne partage pas le scepticisme de l'ancien responsable, affirmant, au contraire, que l'enquête ne s'est jamais arrêtée. Après de nombreuses années d'investigations et de recherches qui n'aboutissaient pas, un terroriste a finalement été arrêté l'an dernier à Aïn el-Héloué, livrant des informations précieuses sur l'identité des assassins, indique la source à L'Orient-Le Jour. Elle précise que l'affaire est actuellement aux mains du juge d'instruction près la Cour de justice, juridiction devant laquelle un décret du Conseil des ministres a déféré le crime, celui-ci ayant porté atteinte à l'État, au-delà de l'assassinat de quatre juges remplissant leur devoir. Sur base des renseignements collectés, le juge chargé de l'enquête rendra bientôt son acte d'accusation, assure enfin la source judiciaire.

 

 

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commentaires (2)

APRES TANT D,ANNEES ECOULES ET ON OSE DIRE IMMINENT ? QUELLE BLAGUE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 23, le 09 juin 2017

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Commentaires (2)

  • APRES TANT D,ANNEES ECOULES ET ON OSE DIRE IMMINENT ? QUELLE BLAGUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 23, le 09 juin 2017

  • Imminent, après 18 ans???? On n'a pas peur des mots...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 05, le 09 juin 2017

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