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Économie - Crise

Les nuages s’amoncellent sur les finances qataries

La Banque centrale a renforcé son contrôle sur le marché des changes, après la dégradation de la note souveraine du pays.

La Banque centrale du Qatar a demandé aux banques commerciales du pays de lui fournir quotidiennement des informations détaillées sur les transactions de change, selon Reuters. Photo d’archives/Reuters

L'horizon s'assombrissait encore davantage pour les milieux financiers qataris, au quatrième jour de la rupture diplomatique entre Doha et certains de ses voisins du Golfe.
La monnaie nationale restait sous pression, les marchés craignant qu'un conflit prolongé n'entraîne une chute des recettes publiques et n'encourage les investisseurs étrangers à retirer des actifs hors du pays, rendant plus difficile le maintien de la parité monétaire avec le dollar. Le riyal a atteint un plus bas depuis mars 1998, à 3,6576 pour un dollar hier (à 22h30 à Beyrouth), après la dégradation, la veille, de la note souveraine du Qatar par l'agence Standard & Poor's (S&P). Le riyal est arrimé à une parité de 3,64 pour un dollar par la Banque centrale de l'émirat, qui ne permet que d'étroites variations autour de ce cours pivot.

S&P abaisse la note
S&P a abaissé mercredi soir la note du Qatar d'un cran, de AA à AA-, en citant la décision de l'Arabie saoudite et de ses alliés de limiter leurs liens avec Doha. « Nous pensons que cela va exacerber les vulnérabilités extérieures du Qatar et pourrait exercer des pressions sur la croissance économique et le budget », a expliqué l'agence, qui a également placé le pays sous surveillance négative et noté qu'il pourrait être plus difficile pour les autorités de défendre leur parité monétaire. De son côté, Moody's a estimé hier qu'« une escalade pourrait inclure des restrictions sur les flux de capitaux, ce qui serait négatif pour la liquidité et le financement des banques de Qatar », ajoutant que la dette extérieure totale du pays représentait 150 % du PIB. Elle n'a pas revu sa notation, qui avait déjà été abaissée d'un cran fin mai, à Aa3 avec une perspective stable.
Dans ce contexte, la Banque centrale du Qatar a demandé aux banques commerciales du pays de lui fournir des informations détaillées sur les transactions de change, ont dit hier des sources bancaires à Reuters. Elles ont déclaré que les banques avaient été invitées à fournir quotidiennement – et non plus mensuellement – des informations sur leurs opérations de change, les retraits et des transferts de dépôts de plus de 2,7 millions de dollars. Certains commerçants ont par ailleurs déclaré que la Banque centrale fournissait des dollars aux banques qui voulaient fermer leurs positions en riyals, afin d'éviter une pression à la baisse sur la monnaie. La Banque centrale n'a pas répondu aux demandes de commentaires de Reuters.
Si la Banque centrale dispose de 36 milliards de dollars de réserves, soit l'équivalent d'à peine six mois d'importations, selon le Fonds monétaire international, le pays pourrait recourir en dernier ressort aux 335 milliards de dollars détenus par son fonds souverain, la Qatar Investment Authority (QIA).
Autre signe de tension, le coût de l'achat d'une assurance contre un défaut de la dette souveraine du Qatar a augmenté significativement hier. Le Credit Default Swaps (CDS) à cinq ans évoluait ainsi à 89 points, un pic depuis décembre, contre 80 en fin de séance mercredi et 65,5 à la fin de la semaine dernière. Le niveau actuel suggère que le risque de défaut du pays est évalué à 6 % au cours des cinq prochaines années.
Alors que Riyad a demandé à ses banques de ne plus engager de nouvelles transactions avec des institutions qataries, ni l'Arabie saoudite ni les Émirats arabes unis n'ont encore précisé si les banques devront liquider les transactions existantes. Cependant, certains banquiers ont d'ores et déjà commencé à réduire leur exposition de manière préventive, bien que certains transferts de fonds entre les Émirats arabes unis et le Qatar se poursuivaient hier, ont indiqué les banquiers. La plus grande crainte porte sur le risque d'un exode dans les semaines à venir des crédits et des dépôts des banques étrangères dans les banques qataries, dont le passif total à l'étranger a augmenté à 451 milliards de riyals (124 milliards de dollars) en mars dernier, contre 310 milliards à la fin de 2015.
Sources : agences

L'horizon s'assombrissait encore davantage pour les milieux financiers qataris, au quatrième jour de la rupture diplomatique entre Doha et certains de ses voisins du Golfe.La monnaie nationale restait sous pression, les marchés craignant qu'un conflit prolongé n'entraîne une chute des recettes publiques et n'encourage les investisseurs étrangers à retirer des actifs hors du pays, rendant...

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