Rendez-vous avec la langue arabe, à l’espace culturel Saba Zreik de l’USJ-Tripoli

Détrônée par des langues d'usage et d'enseignement, la langue arabe classique doit retrouver la place d'honneur qui lui revient. Ainsi en a décidé l'avocat et financier Saba César Zreik, qui lui a consacré, en accord avec le rectorat de l'Université Saint-Joseph, un espace particulier, au centre du Liban-Nord de l'USJ, à Ras Masqa. L'espace portera le nom de son grand-père, poète et éducateur de Tripoli (1886-1974), auteur de nombreux ouvrages, considéré comme l'un des grands érudits de son époque.
L'espace Saba César Zreik a été solennellement inauguré il y a quelques jours, au cours d'une cérémonie à laquelle assistait la fine fleur de la société littéraire et politique du Liban-Nord. Dans un mot de bienvenue, la directrice du centre, Fadia Alam Gemayel, a parlé de la vocation de ce nouvel espace, qui sera exclusivement réservé aux chefs-d'œuvre de la littérature et de la poésie arabe de tous les temps, et dont la vocation sera de sanctuariser la langue arabe et de la défendre contre toutes les érosions.
Pour ce faire, Saba Zreik ne se contentera pas de créer une bibliothèque. De nombreuses activités parallèles seront déployées pour inciter les jeunes, les chercheurs et les hommes et les femmes de lettres à la fréquenter : concours, conférences, rencontres, publication de recherches. L'espace va imprimer annuellement un travail doctoral d'exception passé par un étudiant de la faculté de lettres de l'USJ. Cette année, ce sera la thèse de doctorat de Najah Attiyé Hawwa.
M. Zreik n'a pas manqué de rendre hommage, dans son mot, au rôle joué par la Compagnie de Jésus dans la préservation de la langue arabe, notamment à travers le patrimoine chrétien arabe de la célèbre Bibliothèque orientale.
« La Bibliothèque orientale, l'un des principaux fleurons de l'USJ, contient plus de cinq mille manuscrits en langue arabe, rassemblés par Louis Cheikho et d'autres personnes de différents pays et régions, un signe de l'amour des jésuites pour cette langue », a renchéri le Pr Salim Daccache, recteur de l'USJ, à son tour de parole. « L'une des composantes de notre unité libanaise, c'est bien ce lien culturel étroit de la langue arabe », a-t-il jugé.