Roy Hamouche a été abattu à bout portant d’une balle dans la tête dans la nuit de mardi à mercredi.
Roy Hamouche manquera à l'appel le jour de la remise des diplômes de génie dans deux semaines, à l'Université du Saint-Esprit de Kaslik (USEK). Le jeune ingénieur de 24 ans ne pourra pas non plus faire voltiger sa toque d'étudiant, n'ayant pas survécu à la balle logée dans sa tête le soir même de son anniversaire.
Son crime ? Celui de se retrouver dans un véhicule qui a percuté, ou l'inverse, celui d'un groupe de trois voyous à l'ego surdimensionné qui ont vraisemblablement mal vécu le « traumatisme » d'une égratignure des plus banales de leur véhicule, comme le montre l'enquête préliminaire.
De retour à 11h45 de sa soirée d'anniversaire, célébrée dans un restaurant à Jounieh, Roy et son ami d'enfance, Johnny Nassar qui était au volant, se sont arrêtés au bord de l'autoroute, au niveau de Jal el-Dib après que leur voiture eut heurté, très légèrement selon l'enquête, une BMW aux vitres teintées dans laquelle se trouvaient trois hommes armés. Ces derniers sont immédiatement descendus du véhicule, prêts à la bagarre.
Les insultes se sont déversées contre les deux jeunes hommes qui ont toutefois paniqué et pris la fuite au bord de leur voiture à la vue des armes brandies par les trois hommes. Une course poursuite entre les deux véhicules s'est alors engagée, ponctuée de coups de feu en direction du véhicule des deux amis tout le long du parcours. Les hommes armés ont réussi à rattraper la voiture des deux garçons au niveau de La Quarantaine, dans une impasse prés du marché de poissons où Johnny venait de s'engager, croyant pouvoir se cacher.
L'un des hommes armés s'est dirigé vers Johnny qui était sorti de la voiture et lui a planté le revolver dans le ventre avant de réaliser que le chargeur était vide. Il est aussitôt retourné dans sa voiture pour le recharger. Le temps pour Johnny de prendre la fuite. Assoiffé de sang bouillonnant de haine, l'agresseur s'est alors tourné vers Roy, qui n'a vraisemblablement pas eu le temps de prendre la fuite, lui logeant une balle dans la tête, à bout portant.
Identifié en début d'après-midi, M.H.A., les initiales du nom du tueur présumé ont été révélées en soirée dans un communiqué publié par les FSI. Quelques heures après, les forces de l'ordre ont réussi à l'arrêter à Bourj Hammoud, dans l'appartement de sa copine où il avait trouvé refuge.
De sources proches de l'enquête, L'Orient-Le Jour a appris que l'auteur présumé du crime est un membre du mouvement Amal, « une appartenance revendiquée par une série de tatouages sur son corps faisant référence au mouvement chiite ». Selon des informations diffusées en soirée par la LBCI, l'agresseur aurait été identifié grâce aux empreintes laissées sur le véhicule de la victime et arrêté grâce au système de surveillance et à la localisation de ses appels téléphoniques. On apprenait également que M.H.A, 33 ans, est un récidiviste qui a fait plusieurs années de prison à Roumieh. Il faisait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt.
Un cortège de victimes
C'est le même égo surdimensionné recelant une virilité malade qui a également été à l'origine de la mort de George Rif, Yves Naufal, Adib Mohammad Hizan, Marcelino Zamata et bien d'autres. Des morts gratuites, pour des motifs d'une futilité telle qu'elles en deviennent absurdes. Pour un oui ou pour un non, pour une priorité de passage, un emplacement de parking, ou encore pour une rivalité autour d'une femme, les armes sortent, le sang coule, et le cortège des victimes s'allonge.
Souvent les dommages collatéraux se calculent également en vies humaines, lors de bagarres, d'affrontements, ou tout simplement de célébrations ou d'obsèques. Que de balles perdues ont fini par atterrir dans le cœur d'un enfant qui se trouvait par hasard à quelques mètres de là, ou celui d'un moins jeune, au détour d'une rue. La banalisation de la mort est désormais consacrée dans notre culture nationale. Dans un pays qui se dit à l'avant-garde de la lutte antiterroriste, qui se vante d'avoir fait échec à des attentats présumés de grande envergure, les autorités ne sont même pas capables d'intimider les canailles de petit niveau et bandits de grands chemins de tout calibre qui se sentent glorifiés par le port d'un pistolet à la ceinture.
Ils se cachent, comme des lâches, dans des véhicules aux vitres teintées, grâce à des filtres achetés illégalement dans le magasin de pièces d'auto du quartier, pour la modique somme de 40 dollars. À la jungle comme à la jungle, dira-t-on, sauf que même dans la jungle, on ne tue pas aussi gratuitement.
C'est le cri de cette journaliste, Joumana Nasr, mère de deux adolescents, que l'on retiendra : « Je voudrais présenter mes excuses à mes enfants pour leur dire à quel point je regrette de leur avoir inculqué tant de principes, de valeurs et d'éthique dans une société qui ne nous ressemble plus et dans laquelle la majorité d'entre nous ne se retrouve plus. Mon dernier conseil à eux : partez, partez et ne revenez plus jamais dans cette jungle. » Dans un billet posté sur Facebook et adressé à Roy, Joumana écrit : « C'est parce que tu étais un jeune homme affable et courtois, armé de sciences et de culture, qu'ils t'ont condamné à la mort. Roy a commis un crime encore plus odieux que celui dont il a été victime : Roy a vraiment cru vivre dans une nation digne de ce nom. »
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Son crime ? Celui de se retrouver dans un véhicule qui a percuté,...
commentaires (19)
Et on s’attend a une amnistie generale de tous les bandits sous les verrous pour s’assurer leur vote a des fins electorales ? Quel calamite que ce pays !
Cadige William
15 h 13, le 27 février 2018