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Lifestyle - ZAWARIB BEIRUT

Les couleurs arc-en-ciel de Qobayat

Le quartier de Qobayat... Le nom peut intriguer, et pourtant c'est entre ses murs et leurs rides vieillissantes que se cachent des rues adorables, des trésors cachés, discrets, dans un parcours à suivre lentement, de la rue d'Arménie à la rue Khalil Badawi...

Un escalier aux couleurs du bonheur. Photo Mohammad Yassine

En longeant la rue d'Arménie, dans Mar Mikhaël, des escaliers de l'ancien cinéma Vendôme vers Bourj Hammoud, une petite boutique qui a pignon sur rue fait souffler un vent d'art, avec ses affiches et autres tableaux à vendre. La cohabitation avec les nouveaux immeubles, érigés par des promoteurs gourmands, se fait difficilement. En prenant sa droite, à la station d'essence qui se trouve un peu plus loin, les escaliers peints par Paint-Up, une ONG qui se charge d'embellir les espaces publics, insufflent à la grisaille et la saleté de la ville des couleurs plus heureuses. Au haut des marches, discrètement caché, un ancien immeuble abandonné accueille des poules, locataires improvisées... Quelques pas plus loin, le long de la rue Qobayat, La Grande Brasserie du Levant, en voie de disparition, garde des traces de son imposante architecture en béton. Le parfum du passé se mêle inconsciemment avec les effluves d'anis qui se dégagent d'un magasin proche. En face, une porte en forme d'arc, sur laquelle est gravée l'emblème de la Loge libanaise des francs-maçons sème un petit mystère.

 

Long fleuve tranquille
Dans ce quartier où se déroulent de charmantes scènes d'une vie ordinaire, je ne me lasse pas d'observer, au gré de ma promenade, les personnes, les lieux, qui les composent. Une caserne militaire, un poste de police, derrière un impressionnant mur en pierre, qui ne sont pas sans rappeler certaines rues de Rome ; et puis un policier, distrait par un jeu sur son bruyant téléphone. Un peu plus bas vers la rue Khenchara, une sublime ancienne villa libanaise, avec une belle terrasse, est à présent transformée en maison d'hôte. La Villa Clara a donné de nouvelles teintes à cette ruelle vieillissante et son âme nostalgique. Sur la rue parallèle, baptisée Khatchadourian, la langue arménienne est de rigueur, surtout dans les enseignes des boutiques. Face à ce vent du passé, une galerie de meubles éclectique rajuste l'équilibre et nous ramène au présent. Au bout de la rue, Haven for Artist, un véritable paradis de créativité installé dans une vieille maison libanaise, propose des bazars, des ateliers de travail, des concerts pour et par les Beyrouthins.

En remontant vers Fassouh, la statue en métal de Bachir Gemayel, en presque salut nazi, rappelle les cruelles années de guerre. À côté, un vieux magasin et son vieux vendeur propose des cassettes audio, et, quand le temps se fait long, sort refaire le monde et la politique locale avec ses voisins installés dans des ateliers d'objets artisanaux en bronze. Étonnamment, de nouvelles enseignes hipster ont trouvé leur place, ainsi qu'un dekkéné/café/bar avec un faux air de bar allemand qui sert de bonnes bières sous des drôles d'arbres de toutes les couleurs.

Retour à la statue Gemayel, en continuant tout droit, et pour clore la visite, grimpez les escaliers jusqu'aux anciennes voies ferrées qui finissent à Jisr el-Hadid. Arrêtez-vous un instant dans ce parc improvisé et indiscipliné, redescendez la rue Kurd vers une boutique vintage, Dépôt Vente, qui s'assortit parfaitement avec l'imparfait et l'imperfection de ce coin de Beyrouth où il fait bon se perdre. Nous voilà à la rue Khalil Badaoui, un poème à elle seule. Traversée d'impasses, de ruelles inattendues, bordée de vieux immeubles, elle recèle de trésors cachés. Parmi lesquels Tusk! Bakery & café, dont les jeunes propriétaires se chargent de cuisiner des pizzas au levain et autres plats végétariens ; et la galerie LB193, spécialisée dans le laiton et le bois, et qui restaure des meubles design. Sa propriétaire, mère de deux enfants, réussit à jongler entre toutes ces obligations avec une facilité qui n'est pas sans rappeler cette ville courage aux contrastes harmonieux. Sous un ciel éternellement bleu...

 

*Il a sillonné les rues de Beyrouth à pied, plongé dans ses entrailles, pour y décrypter les vrais noms, avant que des coïncidences, des (mauvaises) habitudes, ne les aient changées. Bahi Ghubril en a constitué des plans, des cartes, des guides et un label : Zawarib Beirut. Il devient ainsi, un samedi sur deux, le guide des lecteurs de « L'OLJ », irréductibles amoureux de cette ville aux mille parfums.

 

http://www.zawarib.net/
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