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Culture - Rencontre

« Sur scène, il y a deux êtres vivants, mais plusieurs virtuels... »

Avec deux chorégraphes de New York, Art Bridgman et Myrna Packer, la danse contemporaine mène les premiers pas du neuvième « Spring Festival » à Beyrouth, cru 2017.

Art Bridgman et Myrna Packer dans « Under the Skin ». Photo Kelly Gottesman et Lisa Levart

Branle-bas des répétitions, des détails de l'éclairage et de l'agencement de la scène. Mine brouillée, cheveux en bataille et vêtements qui affrontent poussière et désordre, Art (diminutif d'Arthur) Bridgman et Myrna Packer sont sur pied de guerre. Deux artistes loin de la prime jeunesse (leur collaboration a déjà plus de 39 ans ! « On s'est rencontré au jardin d'enfants », lâche la danseuse avec un brin de coquetterie), sauf pour cette mordante passion de l'univers des planches et de la gestuelle des corps. Ils sont mari et femme dans la vie civile. « Mais pas sur scène, dit avec un grand sourire malicieux Myrna Packer. On n'étale pas notre conjugalité sous la lumière des spots. Ici, sous la flaque de lumière, nous sommes simplement les performants et l'incarnation d'une danse qu'on a conçue, fruit d'une longue recherche et exploration... »
Premier voyage au Liban et impressions déjà vives. Pour elle, enthousiaste, « Beyrouth est vibrante. C'est un peu comme New York avec sa diversité. On a mangé du kebab, et c'est délicieux. Les gens sont aimables et coopératifs. C'est bien d'hospitalité libanaise, si réputée, qu'il s'agit... » Pour lui, même élan, et d'ajouter : « Il y a là des arbres fabuleux tout comme à Brooklyn. »
Au programme, deux spectacles entrecoupés par une intermission : Under the Skin et Remembering What Never Happened.
Pour ce qui semble épidermique, il s'agit d'une introspection pour révéler l'intériorité, l'identité, la multiplicité de l'être. Via non seulement le corps, sa souplesse, ses mouvements, son éloquence, sa gymnastique, sa grâce ou ses acrobaties, mais aussi l'élément vidéo qui vient étoffer et corroborer un complexe. Les projections d'images graphiques (hiéroglyphes, symboles, code génétique, dessins abstraits) viennent accentuer la force de l'expression corporelle. En fusion totale avec la force vive de la chair et de la charpente humaine. Et les crinolines (d'époque victorienne) que les deux protagonistes arborent sont autant d'espace pour greffer les images que projette la vidéo.
Le musique, enregistrée, porte la griffe du saxophoniste Ken Field, entre accent jazz et longues coulées au souffle puissant, lyrique ou syncopé dans une cave à Mexico, pour les sonorités et les échos. En résumé, cette œuvre, farouchement moderne (mais qui n'est certainement pas la première à employer l'image virtuelle pour autre chose qu'un simple accessoire), du dire et de l'aveu des deux danseurs, est « l'expression de la multiplicité de l'existence et la malléabilité de l'identité ». Vaste programme !

Mémoire et imagination
Pour le second opus, il s'agit de lier mémoire et imagination. Opus inspiré de l'essayiste et romancière norvégienne Siri Hustvedt. En des bribes d'images et des moments différents des parcours humains, les danseurs traquent les souvenirs et leur réception par chacun. Différents bien entendu car toutes les expériences, les sensations et les impressions restent intrinsèquement uniques et individuelles. En cela, il y a un bon lot de nostalgie, quoi qu'on en dise ou pense...
Pour ce moment de la danse contemporaine, en fusion avec la vidéo, les deux danseurs confient, mi figue-mi raisin, en une formule qui leur appartient : « Sur scène, il y a deux êtres vivants, mais plusieurs virtuels.... »

Masrah al-Madina
Art Bridgman et Myrna Packer, dans le cadre du « Spring Festival », samedi 3 juin, à 21h. Entrée libre.

Branle-bas des répétitions, des détails de l'éclairage et de l'agencement de la scène. Mine brouillée, cheveux en bataille et vêtements qui affrontent poussière et désordre, Art (diminutif d'Arthur) Bridgman et Myrna Packer sont sur pied de guerre. Deux artistes loin de la prime jeunesse (leur collaboration a déjà plus de 39 ans ! « On s'est rencontré au jardin d'enfants », lâche...

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