Avec Édouard Baer, il est 7 heures quand Paris s’éveille

Il est acteur, réalisateur, homme de télé, de théâtre, surtout, et de radio. Il a également été maître de cérémonie des César en 2001, 2002 et 2015, et maître de cérémonie du Festival de Cannes en 2008 et 2009. Il sait à la fois être tendre, nostalgique, contemporain, drôle et élégant.

Touchant, Édouard Baer est un visage, une barbe de trois jours, des cheveux en bataille, un regard perdu, qui séduisent immédiatement. Une voix chaude qui fait dans l'humour, la poésie, l'émotion et parfois même l'absurde. Et puis des mots. Ces mots qu'il s'approprie et récite à sa manière, comme un Otis bavard et hors du temps dans Astérix et Cléopâtre, ou un Raphaël candide et perdu dans Mensonge et trahison et plus si affinité. Ces mots enfin qu'il rédige avec une sensibilité musicale et qu'il chuchote quotidiennement à l'oreille de ses auditeurs, avec, souvent, en arrière-fond, la partition de piano de La mémoire et la mer de Léo Ferré.
Car tous les matins, Édouard Baer réveille lentement Paris à partir de 7 heures, en direct sur Radio Nova, avec son émission Plus près de toi. Durant deux minutes d'une parenthèse privilégiée, avant de recevoir ses invités et de partager l'actualité, il parle de la vie, du printemps, de l'année qui commence, d'une journée qui finit. D'amour, de violence, d'enfance, de choses simples. Et même quand il parle du « langage des cheveux », il réussit à en faire un moment d'anthologie.

Baer, c'est Paris qui s'éveille, c'est aussi Paris qui nous manque. Une finesse, une simplicité et un amour des mots. Une belle manière de démarrer sa journée. Hier, sur Radio Nova, reposté sur sa page Facebook, l'entrée d'Édouard parlait si justement de l'ombre pâle de ceux qui n'allaient nulle part. Aussi beau que ce fameux texte récité début janvier, et qui disait ceci : « C'était le Nouvel An, c'était les "j'te jure", "j'te promet", les serments. C'était les vœux, c'était les moins vieux, c'était on va s'en tirer, on sera heureux. Et puis, t'as le mardi 3 janvier. C'est déjà deux jours après. La rentrée, le p'tit cartable, le p'tit bureau, le p'tit ticket de métro et puis t'es un peu gros, et puis la vie elle t'a repris, comme ça, comme on tend la main, une main qui ne se tend pas, alors on est seul avec ses cinq doigts dans le vide, et puis quoi ? Et puis quoi ? »
À chaque jour son frisson. Demain 8 heures, quelques âmes à Beyrouth se réveilleront sur la voix d'Édouard. (Presque) comme si elles étaient à Paris.