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Moyen Orient et Monde - États-Unis

L’ambition « viriliste » de Trump et le pouvoir absolu

Contrairement à son prédécesseur, le président américain se montre plus complaisant à l'égard des dirigeants de régimes autoritaires.

Le président américain donnant un discours devant les troupes américaines à la base aérienne de Sigonella, en Italie, le 27 mai. Jonathan Ernst/Reuters

Depuis le début de sa campagne électorale et depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump ne tarit pas d'éloges à l'égard de dirigeants de régimes autoritaires. Le milliardaire semble vouer une véritable admiration à ces hommes de pouvoir, malgré leurs pratiques peu démocratiques et bien loin des principes et valeurs défendus par les États-Unis. La semaine passée, il en a rencontré deux à l'occasion de sa première tournée diplomatique internationale : le roi Salmane d'Arabie saoudite et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. La photo des trois hommes réunis pour l'inauguration du centre pour le combat de l'idéologie extrémiste à Riyad a fait le tour du monde. Et pour cause, contrairement à son prédécesseur, Donald Trump est bien plus complaisant à leur égard. Les relations entre Barack Obama et l'Arabie saoudite étaient on ne peut plus froides et le président égyptien, arrivé d'abord au pouvoir par un coup d'État, n'a jamais été reçu à la Maison-Blanche. Contraste flagrant, M. Trump reçoit M. Sissi à Washington en avril dernier et juge publiquement que son travail en Égypte est « fantastique ». « Je veux que tout le monde sache que nous sommes clairement derrière le président Sissi », avait insisté « the Donald ». En retour, son homologue égyptien avait exprimé son « admiration » pour le président américain.

 

(Lire aussi : Trump peut-il couper les tentacules de la « pieuvre iranienne » ?)

 

La fascination du titre
Mais cette sympathie ne se limite pas à ces derniers. S'il a récemment qualifié Kim Jong-un de « fou », M. Trump s'était montré plus indulgent envers lui au début du mois de mai, estimant que le dirigeant nord-coréen est un « petit malin » (« smart cookie ») et qu'il serait « honoré » de le rencontrer. « Très jeune, il est parvenu à assumer le pouvoir. Beaucoup de gens, j'en suis convaincu, ont essayé de lui prendre ce pouvoir, que ce soit son oncle ou d'autres », avait-il confié lors d'un entretien à CBS, faisant notamment référence à l'oncle du dictateur décédé des suites d'un empoisonnement dont les circonstances restent encore sombres alors que de nombreux doigts se sont pointés vers Pyongyang.

Et la liste est longue : louant la personne de Vladimir Poutine, recevant le président philippin Rodrigo Duterte à la Maison-Blanche, étant un des premiers à féliciter Recep Tayyip Erdogan pour sa victoire (lors du référendum sur la présidentialisation de la Constitution) ou encore regrettant le temps où Mouammar Kadhafi en Libye et Saddam Hussein en Irak étaient au pouvoir.

Malgré toutes ces attentions particulières envers ces dirigeants de la part de Donald Trump, peut-on pour autant véritablement parler de fascination ?
« Oui, je crois, pour certains d'entre eux », déclare à L'Orient-Le Jour Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS, Paris) et spécialiste des États-Unis. « Ce que Trump admire chez les dictateurs et chez les dirigeants de régimes autoritaires plus généralement, c'est cette possibilité de décider seuls, de faire plier les institutions, de ne pas s'embarrasser du compromis, mais aussi de pouvoir faire abstraction de la complexité des dossiers », observe-t-elle.

Ce comportement s'explique par la « fascination pour le pouvoir absolu, incarné par le dictateur, caractérisé par l'absence d'empathie et sa capacité à hypnotiser les foules », note pour sa part Chawki Azouri, psychologue et psychanalyste, interrogé par L'Orient-Le Jour. « Aucun homme n'est exempt de cette fascination, mais chacun lutte contre ses pulsions instinctives, précise-t-il. La démocratie n'est donc jamais acquise. » Pour le psychanalyste, l'attitude de
Donald Trump ne relève pas « d'un besoin de se prouver » mais de la « fascination pour le titre qui usurpe alors la fonction ».

 

(Lire aussi : Après Riyad, Trump bat les cartes avec Netanyahu contre Téhéran)

 

 

« Me first »
Cette admiration pour le pouvoir s'exprime directement dans la manière de gouverner de l'ancien homme d'affaires qui « se sert de la démocratie lorsqu'elle est à son avantage, mais la fustige quand elle le dessert », explique Marie-Cécile Naves. « Lorsqu'il dit "America first", il pense aussi "me first" », analyse la chercheuse. « Il y a chez lui une ambition viriliste, guerrière, combative dans les actes tels que vouloir passer avec force certains décrets ou encore bombarder unilatéralement des installations militaires d'Assad, et plus encore dans la communication », observe-t-elle.

Ne supportant pas les critiques, M. Trump se montre particulièrement méprisant à l'égard de la presse, qui relaie ce qu'il estime être des intox (« fake news »), ou du moins n'exprime de la sympathie que pour quelques médias spécifiques. Donald Trump s'en était notamment pris à ses détracteurs via Twitter en février, affirmant que les « médias bidons » ne sont pas ses « ennemis », mais ceux des Américains. Comportement qui avait alerté le sénateur et ancien candidat républicain à la présidentielle de 2008, John McCain. « Si nous voulons poursuivre sur la voie démocratique telle que nous la connaissons, nous devons nous assurer de l'existence d'une presse libre et souvent critique », avait-il déclaré sur NBC avant d'ajouter que « c'est comme ça que les dictateurs commencent » et que, surtout, il fallait « tirer les leçons de l'histoire ».

 

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commentaires (2)

- ABDO COURT ET FAIT A SA TETE... - ABOUL 3ABAD : YIA ABDO OU3A IL JOURA !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 03, le 31 mai 2017

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Commentaires (2)

  • - ABDO COURT ET FAIT A SA TETE... - ABOUL 3ABAD : YIA ABDO OU3A IL JOURA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 03, le 31 mai 2017

  • L’ambition « viriliste » de Trump et le pouvoir absolu Contrairement à son prédécesseur, le président américain se montre plus complaisant à l'égard des dirigeants de régimes autoritaires COMMENT PEUTT IL SE MONTRER PLUS "COMPLAISANT" QUE SON PREDECESSEUR QUI ETAIT L'ARDENT DEFENSEUR ET PROTECTEUR DU GANGSTER BACHAR DONT IL RESTE LE COMPLICE DU GENOCIDE SYRIEN ET QUI DEVRAIT ETRE JUGEE POUR CRIMES DE GUERRE ET CRIMES CONTRE L'HUMANITE?

    Henrik Yowakim

    04 h 38, le 31 mai 2017

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