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Liban - Colloque

« Parole de Dieu, violences des hommes », comprendre pour mieux répondre

Première manifestation de la Fondation des Cèdres, émanation culturelle de l'Église protestante française, l'événement a été suivi avec intérêt par un public averti.

Olivier Roy : « La violence, c’est la religion qui se déconnecte de la socialisation. » Photo Maxime Pluvinet

C'est un événement considérable que nous a offert la Fondation des Cèdres, émanation culturelle de l'Église protestante française, avec le colloque de trois jours qui s'est tenu la semaine dernière à l'École supérieure des affaires (18-20 mai), anciens locaux de l'ambassade de France, porteurs encore de tant de souvenirs pour les générations qui ont déambulé sur les dallages de galets et les sentiers de son jardin, parmi ses hibiscus et à l'ombre de ses grands arbres.

Sur le thème « Parole de Dieu, violences des hommes », le colloque a porté sur le sujet de l'heure : la violence au nom de la religion. Nous disons la religion, pour éviter toute confusion, car Dieu, comme il est dit de la liberté, est « innocent des crimes qui sont commis en son nom ».

Le thème choisi a été examiné sous les angles des sciences de l'homme, de l'exégèse textuelle et de discours types choisis chez des auteurs chrétiens et musulmans. Il s'est achevé par des témoignages vécus de déradicalisation dans différents contextes, témoignages exposés par des acteurs de violences, des pasteurs ou des activistes engagés dans ce domaine particulier.

Le colloque s'est ouvert et clôturé sur des présentations d'Olivier Roy, dont l'œuvre majeure, La sainte ignorance, a servi d'armature ou de point de repère au colloque. La sainte ignorance, c'est « le mythe d'un pur religieux qui se construirait en dehors des cultures » et auquel la seule réponse possible, selon le politologue, n'est pas théologique, mais culturelle, moyennant une réinsertion de la foi religieuse dans la culture. « La violence, c'est la religion qui se déconnecte de la socialisation », dira-t-il dans sa synthèse finale.

 

 

 

 

La tentation de diluer la responsabilité
Dans sa présentation d'ouverture, Olivier Roy mettra en garde contre « la tentation de diluer les responsabilités pour ne pas stigmatiser une religion ». Car la violence aveugle, en ce moment, est effectivement l'exclusivité de l'islam radical. Il reste vrai qu'en cernant la mécanique de la radicalisation musulmane, le colloque a cherché à montrer que d'autres tentations de recours à la violence, au nom de la foi religieuse, suivent ou ont suivi, dans l'histoire, le même schéma.

Olivier Roy a également tenu à signaler la tentation que court le dialogue interreligieux de se créer une zone de confort intellectuel ou, dit-il, « une fausse paix », en esquivant les profondes fractures religieuses par où s'introduit la violence, ou de recourir à des exemples historiques chez l'autre (inquisition et guerres de religion) pour justifier ce qui est anachronique chez soi.

Il serait trop long d'énumérer les noms de tous les intervenants libanais et étrangers de ce colloque où théologiens, philosophes, historiens, islamologues, psychanalystes, politologues, sociologues, linguistes et communicants se sont donné la réplique. Il suffit à cet égard d'énumérer les membres de son conseil scientifique : Olivier Abel (Institut protestant de théologie, Montpellier), un spécialiste de Paul Ricœur, Paul Clavier (École normale supérieure, Paris), un grand nom de la philosophie française contemporaine, Carla Eddé (Université Saint-Joseph, Beyrouth), Michel Younès (Université catholique de Lyon) et Nader Bizri (Université américaine de Beyrouth).

 

(Lire aussi : La grimace de l’islam)

 

Fatwa contre le coloriage des œufs à Pâques
Parmi les plus intrigants cas de discours historique figurait en particulier un texte sur la « Condamnation radicale de toute forme de syncrétisme populaire : une fatwa d'ibn Taymiyya sur la participation des musulmans aux festivités du jeudi saint » (Adrian Candiard, dominicain, membre de l'Institut dominicain d'études orientales-Le Caire) et en particulier contre le coloriage des œufs ce jour-là. Un édit religieux qui devrait être réinterprété par les fondateurs de la fête nationale commune islamo-chrétienne de l'Annonciation, célébration insuffisamment explorée et qui d'ailleurs continue de susciter des réserves dans les sphères religieuses musulmanes.

Citons également une présentation de « La guerre des clips entre l'armée libanaise et les Forces libanaises en 1989 », préparée par Élie Yazbeck, directeur de l'Institut d'études scéniques (Iesav) de l'Université Saint-Joseph, et un examen de la propagande du groupe État islamique en direction des femmes de Bénédicte du Chaffaut, chercheuse au Centre d'études des cultures et des religions de l'Université catholique de Lyon.

À côté d'analyses classiques, l'originalité du colloque aura été d'inviter cinq acteurs du processus de déradicalisation du religieux, Assaad Chaftari (Réarmement moral, Liban), Jean-Pierre Katrib (Fondation pour les droits humains et humanitaires, Liban), Alexandra Asseily, psychothérapeute, directrice du Centre d'études libanaises (université d'Oxford), Radia Bakhouche, palestino-libanaise, présidente de l'association Coexister, membre du conseil d'orientation de la Fondation de l'islam de France, et Bernard Coyaut (laboratoire d'études politiques et de sciences humaines et sociales de l'Université internationale de Rabat-Maroc), à fournir leurs témoignages sur le travail diversifié et profond dont ils ont été témoins chez d'autres comme dans leur propre vie.

 

(Lire aussi : François apporte sa caution à l’imam d’al-Azhar : un pari audacieux)

 

La charge de sens
Sans se recouper vraiment, ces récits ouvrent une fenêtre sur l'avenir. Ils soulignent aussi, quelque part, que si le schéma de la resocialisation fonctionne, ce concept n'épuise pas la charge de sens contenue dans la conversion qui conduit de la violence à la paix.

Dans son discours final, Olivier Roy cite en exemple le taux de réussite de 50 % du centre de déradicalisation de Riyad (Arabie saoudite). Oui, mais, ajoute-t-il, pour le comparer à l'échec relatif de ce genre de centres en Europe, en Arabie saoudite, on donne au jihadiste en reconversion « une femme, un appartement et une voiture ». En clair, assez d'argent pour sortir de la pauvreté et avoir un avenir.

Dans la lutte contre les intégrismes, l'offre de sens est fondamentale, et cela, semble-t-il, aurait gagné à être plus clairement dit. Les intégrismes, c'est aussi, fondamentalement, les épiphénomènes d'une crise de sens, la superposition d'une crise de la vérité perdue et d'une crise de la liberté (une liberté trop lourde à porter sans vérité). Même le « thrill » (le « frisson », la poussée d'adrénaline) présenté par certains jihadistes comme la principale motivation de leur engagement peut être interprété comme un dévoiement du besoin de sens, du besoin d'un surcroît de vie. Pour rendre compte de cette crise du sens, pour articuler le rapport entre le religieux et la violence, une anthropologie plus globalisante qui tiendrait compte de l'homme spirituel, de l'homme pneumatique, semble nécessaire. Car les catégories de « vieil homme » et d'« homme nouveau » accaparées par les sciences religieuses sont à l'origine des catégories recouvrant des réalités spirituelles que l'on découvre dans les Épîtres de saint Paul.

C'est bien la seule réserve à faire au sujet de ce colloque si riche et si bref, au regard de la soif de connaître et de la soif de sens qui sont aujourd'hui les nôtres ; de comprendre et de mieux répondre.

 

 

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Olivier Roy à « L'OLJ » : Il y a peu de jihadistes libanais, il faut se demander pourquoi

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commentaires (3)

Sur le thème « Parole de Dieu, violences des hommes », le colloque a porté sur le sujet de l'heure : la violence au nom de la religion. Nous disons la religion, pour éviter toute confusion, car Dieu, comme il est dit de la liberté, est « innocent des crimes qui sont commis en son nom ». ASSEZ RIGOLEE LES CHERCHEURS AUTEURS ANTHROPOLOGUES PSYCHANALYSTES LE DIEU DES RELIGIONS REVELEEES CELUI DES MOISE ET D'IBRAHIM DE JACOB ET BIEN D'AUTRES EST VIOLENT LA VIOLENCE NE SE FAIT PAS AU NOM DE LA RELIGION ELLE EST L'ESSENCE DE LA RELIGION, DE TOUTE RELIGION TOUTE RELIGION EST FONDEE SUR LE SANG DU SACRIFICE INTERIEUR ET SE NOURRIT OU S'ABREUVE DU SANG DES AUTRES QUI SONT A L'EXTERIEUR DU GROUPE DIVIN IL SUFFIT DE RELIRE L'HISTOIRE DES RELIGIONS QUI SE CONFOND AVEC CELLE DES GUERRES SAINTES ET D'EXTERMINATION ET QUE LES GENTILS PROTESTANTS ENTRE AUTRES SE RAPPELLENT COMMENT ILS ONT LIQUIDEE TOUS CEUX QUI PENSAIENT AUTREMENT ,DEPUIS THOMAS MUNZER MASSACREE AVEC LA BENEDICTION DE LUTHER A MUHLHAUSEN, A MICHEL SERVET BRULEE VIF SUR LA PLACE DE GENEVE POUR HERESIE PAR L'AYATOLLAH REFORMISTE ET DEFORMATEUR DE LA VILLE

Henrik Yowakim

17 h 45, le 24 mai 2017

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Commentaires (3)

  • Sur le thème « Parole de Dieu, violences des hommes », le colloque a porté sur le sujet de l'heure : la violence au nom de la religion. Nous disons la religion, pour éviter toute confusion, car Dieu, comme il est dit de la liberté, est « innocent des crimes qui sont commis en son nom ». ASSEZ RIGOLEE LES CHERCHEURS AUTEURS ANTHROPOLOGUES PSYCHANALYSTES LE DIEU DES RELIGIONS REVELEEES CELUI DES MOISE ET D'IBRAHIM DE JACOB ET BIEN D'AUTRES EST VIOLENT LA VIOLENCE NE SE FAIT PAS AU NOM DE LA RELIGION ELLE EST L'ESSENCE DE LA RELIGION, DE TOUTE RELIGION TOUTE RELIGION EST FONDEE SUR LE SANG DU SACRIFICE INTERIEUR ET SE NOURRIT OU S'ABREUVE DU SANG DES AUTRES QUI SONT A L'EXTERIEUR DU GROUPE DIVIN IL SUFFIT DE RELIRE L'HISTOIRE DES RELIGIONS QUI SE CONFOND AVEC CELLE DES GUERRES SAINTES ET D'EXTERMINATION ET QUE LES GENTILS PROTESTANTS ENTRE AUTRES SE RAPPELLENT COMMENT ILS ONT LIQUIDEE TOUS CEUX QUI PENSAIENT AUTREMENT ,DEPUIS THOMAS MUNZER MASSACREE AVEC LA BENEDICTION DE LUTHER A MUHLHAUSEN, A MICHEL SERVET BRULEE VIF SUR LA PLACE DE GENEVE POUR HERESIE PAR L'AYATOLLAH REFORMISTE ET DEFORMATEUR DE LA VILLE

    Henrik Yowakim

    17 h 45, le 24 mai 2017

  • TOUT SE RESUME EN CES TROIS MOTS : MECREANTS MORT HALAL ! TOUS CEUX QUI S,EVERTUENT A EXPLIQUER L,INEXPLICABLE DEVRAIENT COMMENCER PAR LES ANALYSER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 24 mai 2017

  • En menant des guerres au nom de la religion l'Eglise et les chrétiens ont trahis le message évangélique ce qui n'est pas le cas des musulmans qui n'ont fait que suivre l'exemple de Mahomet qui fut un chef de guerre et se conformer aux injonctions du Coran a combattre les infidèles. Cela dit l'islam et le christianisme ont connus des trajectoires inverses en matière de tolerance et le message d'amour de certains saints soufis comme Al Hallaj est proche de celui du Christ.

    Tabet Ibrahim

    08 h 31, le 24 mai 2017

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