Le patriarche grec-catholique Grégoire III Laham a confirmé samedi qu'il se déchargeait de ses fonctions, quelques heures après que la Congrégation pontificale pour les Églises orientales présidée par le cardinal Leonardo Sandri ait annoncé, à partir de Rome, que « le pape avait accepté sa démission ». Celle-ci a pris effet samedi. Un administrateur a été désigné pour gérer les affaires courantes du patriarcat, en attendant l'élection d'un nouveau patriarche. C'est à Mgr Jean-Clément Jambart, évêque d'Alep et doyen d'âge du synode, que cette charge a échue.
Selon le droit canon des Églises orientales, l'élection d'un nouveau patriarche doit se faire deux mois après la vacance du siège. Mais on estime que cette élection se fera au cours du synode prévu le mois prochain. Ce n'est pas de bon cœur que le patriarche Grégoire III a accepté la forme dans laquelle sa démission a été annoncée, rapportent des sources ecclésiastiques proches de lui. Le passage d'un mandat patriarcal à l'autre « ne s'est pas déroulé comme il faut », a-t-il lui-même affirmé dans la mise au point qu'il a publiée samedi. Profondément déçu par la décision de Rome, le patriarche a quand même choisi la voie de l'obéissance, rapportent des sources citées.
Pour comprendre plus complètement les motifs de l'amertume ressentie par le patriarche, il faut remonter à la crise qui avait éclaté en juin 2016, quand l'absence de 22 évêques en profond désaccord avec le patriarche avait provoqué un défaut de quorum au synode. Les évêques opposants réclamaient publiquement la démission du patriarche, lui reprochant notamment une mauvaise gestion des biens fonciers et immobiliers de la communauté, et allant même jusqu'à l'accuser – injustement – de malversation.
En février dernier, à la suite d'une médiation interne, le synode avait pu de nouveau se réunir. Dans un communiqué final, qui avait surpris et réconforté, les évêques avaient exprimé leurs regrets pour leur conduite inconvenante (certains avaient été jusqu'à réclamer la démission du patriarche à la télévision), tandis que le patriarche s'engageait à prendre ses décisions plus collégialement. On pensait le scandale dépassé.
(Pour mémoire : Grégoire III Laham : Assez de guerres, de meurtres et de destructions)
Clause secrète
Cependant, on apprend du communiqué patriarcal de samedi que le compromis de février dernier reposait également sur une clause secrète, la mise à la disposition du pape de la démission du patriarche. Cette démarche avait notamment pour but « d'éviter le scandale d'un vote au sujet de cette démission », apprend-on de source bien informée.
Toutefois, le patriarche avait fait suivre cette lettre de démission de quatre suppliques dans lesquelles il demandait au pape, en particulier, de pouvoir se décharger volontairement de ses fonctions au cours d'un synode extraordinaire qui se tiendrait en décembre prochain, date à laquelle il aurait atteint l'âge de 85 ans. À l'appui de sa demande, le patriarche invoquait la nécessité de laisser passer un certain délai « afin que le scandale s'estompe ».
Ce délai devait aussi, aux yeux du patriarche, sauvegarder la dignité de sa charge ainsi que celle de l'Église, ménager les Églises orientales « jalouses pour leurs droits pastoraux et patriarcaux », et enfin émettre des signaux positifs en direction des Églises orthodoxes, en particulier l'Église grecque-orthodoxe, « qui observe tous les détails de la crise » au sein de l'Église melkite.
Accessoirement, Grégoire III avait également demandé d'être entendu au sujet des charges que les évêques avaient engagées contre lui. Toutefois, aucune suite n'a été accordée à ces suppliques, déplorent les sources citées, qui y voient des manquements au principe de la collégialité et à la « diaconie de la charité » à laquelle préside le pape.
Pour mémoire
Grégoire III : Je ne démissionnerai pas sous des pressions illégales et trompeuses
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21 h 21, le 08 mai 2017