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Économie - Conférence

Les assureurs libanais face aux défis du numérique

Les acteurs du secteur veulent développer un marché local, notamment en matière de protection contre les cyberattaques.

« L’adoption des technologies numériques va augmenter de façon significative la part du secteur de l’assurance dans l’économie », a estimé la présidente par intérim de la Commission de contrôle des assurances, Nadine el-Habbal Assali. Photo P. H. B.

Les assureurs libanais sont-ils parés pour répondre aux besoins d'une économie dominée par les métiers du numérique ? Pour le président de l'Association des compagnies d'assurances au Liban (ACAL), Max Zaccar, la question mérite d'être posée.
« Nous devons nous préparer à l'avancée rapide des progrès technologiques (...) qui va être accompagnée par l'apparition de nouveaux produits d'assurances », a-t-il déclaré devant plus de 200 professionnels du secteur, locaux et internationaux, hier, à Beyrouth, en ouverture d'une conférence de deux jours sur ce thème, organisée par l'ACAL. Parrainé par le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury – représenté par la présidente par intérim de la Commission de contrôle des assurances (ICC), Nadine el-Habbal Assali –, l'événement s'inscrit dans le cadre d'un programme de l'Union générale des assureurs arabes. « L'enjeu est de taille : avec la digitalisation de l'économie, les produits assurant les objets connectés, les services en ligne ainsi que la protection des données et des systèmes informatiques contre les cyberattaques vont représenter 50 % du total des primes d'assurances d'ici à 5-10 ans », a dit M. Zaccar à L'Orient-Le Jour.
« L'adoption des technologies numériques va augmenter de façon significative la part du secteur dans l'économie », a estimé de son côté Mme Habbal Assali dans son discours inaugural. Selon elle, les primes d'assurances se sont élevées à « 1,6 milliard de dollars en 2016, soit un taux de pénétration de 3,2 % du PIB et une prime moyenne par habitant de 300 dollars ». Des chiffres inférieurs à ceux enregistrés sur la même période dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et le Qatar), où « le taux de pénétration a atteint 9 % en moyenne, pour une prime par habitant de 9 000 dollars », a-t-elle encore indiqué.

« Pas de Facebook de l'assurance »
L'ACAL explore des pistes pour combler ce retard. « Les assureurs vont devoir intégrer de nouveaux scénarios, comme les accidents liés à l'utilisation d'objets connectés, telles les voitures sans chauffeur, a évoqué M. Zaccar. Il faut également restructurer tous les produits et adopter des canaux de distribution plus intuitifs », a ajouté Raphaël Zaccar, agent pour la société Commercial Insurance.
Mais pour le Franco-Libanais Oussama Ammar, cofondateur de la société d'investissement TheFamily qui finance et accompagne des start-up françaises naissantes, il s'agit plus d'une question d'approche que de moyens. « Même dans les pays occidentaux, les assureurs ne répondent pas aux besoins de l'économie numérique. Est-ce que vous connaissez un Facebook de l'assurance ? Non. Pourtant, c'est ça le digital », considère-t-il. De fait, certaines start-up proposent déjà des solutions plus flexibles, à l'image de Lemonade ou Metromile, qui cherchent à désintermédier les grands assureurs américains.
Enfin, les assureurs libanais font également face à l'indifférence de la clientèle locale, même quand il s'agit de protection des données informatiques. « Les assureurs proposent déjà des produits qui couvrent les pertes de données, la détérioration d'un système informatique ou l'arrêt d'exploitation suite à un piratage informatique, mais la demande est quasi inexistante », concède M. Zaccar. Pourtant, les infractions de ce type ont enregistré un bond en cinq ans, selon la Commission d'enquête spéciale (CSI), qui a répertorié 84 cas de cybercrimes pour 12 millions de dollars détournés en 2015, contre un seul cas en 2011, pour un montant de 5 000 dollars. En novembre dernier, la SIC avait affirmé avoir répertorié 137 nouveaux cas déclarés pour un montant de 8,5 millions de dollars, entre le 1er janvier et le 30 septembre 2016.
« Les banques, qui pourraient le plus bénéficier de ce type de couverture, préfèrent pour l'instant faire confiance à leur système de sécurité », constate M. Zaccar, qui souligne que les assureurs libanais ne sont pas les seuls à faire face à des difficultés sur ce segment. « Plus de 90 % des produits d'assurances liés à la cybersécurité dans le monde sont souscrits aux États-Unis », conclut-il, rappelant que la deuxième journée de la conférence va être entièrement consacrée à cette thématique.

Les assureurs libanais sont-ils parés pour répondre aux besoins d'une économie dominée par les métiers du numérique ? Pour le président de l'Association des compagnies d'assurances au Liban (ACAL), Max Zaccar, la question mérite d'être posée.« Nous devons nous préparer à l'avancée rapide des progrès technologiques (...) qui va être accompagnée par l'apparition de nouveaux...

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