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Agenda - Hommage

Dans les yeux si bleus de Tannous...

Tout d'abord, comme ça, tout de suite, il y avait ses yeux. Bleus. Et plus bleus qu'eux, il y avait juste le ciel de Zghorta, qu'il adorait de tout son être, presque autant qu'il vénérait Samir Frangié... Ensuite, son sourire, à peine esquissé, un peu narquois, infiniment bienveillant – le sourire de l'homme du Nord, qui ne parle pas beaucoup, mais qui n'en pense pas moins et qui préfère l'action. Avec Amine Abou Khaled, Issa Goraieb, Marwan Hamadé et Joseph Chami, Tannous Nachmé était l'un des plus anciens collaborateurs de L'Orient-Le Jour, entré au journal en 1964. « Il était indispensable et extraordinaire », résume Amine Abou Khaled. Indispensable, cet homme l'était : personne, au journal, n'avait à se soucier de la moindre formalité administrative, qu'il s'agisse de mécanique, de carte d'identité, de passeport. « Tout », disent d'une même voix tous les membres de L'OLJ. Quelqu'un se souvient même qu'un des anciens piliers du journal, décédée aujourd'hui, l'envoyait lui acheter ses sous-vêtements. Serviable, Tannous l'était comme personne. « Malin comme un vieux singe », aussi : durant les quinze années de guerre, il organisait des convois pour les journalistes et les amis de L'OLJ, qu'il aidait en un clin d'œil à traverser les barrages des lignes de démarcation, au Musée notamment. Il faisait ami-ami avec toutes les factions politiques et militaires, et réussissait presque toujours à éviter le pire. Presque : il a pleuré comme un enfant lorsque Fabienne Thomas, collaboratrice du journal qu'il suivait partout lors de ses reportages, notamment quand mère Teresa était à Beyrouth, a été tuée par un sniper.
« Génial », Tannous Nachmé. Il manque profondément à la famille de ce journal.

Tout d'abord, comme ça, tout de suite, il y avait ses yeux. Bleus. Et plus bleus qu'eux, il y avait juste le ciel de Zghorta, qu'il adorait de tout son être, presque autant qu'il vénérait Samir Frangié... Ensuite, son sourire, à peine esquissé, un peu narquois, infiniment bienveillant – le sourire de l'homme du Nord, qui ne parle pas beaucoup, mais qui n'en pense pas moins et qui...