Pour Derbas, c’est l’annulation du projet de recensement qui est un gaspillage

L'ancien ministre des Affaires sociales Rachid Derbas a réagi hier à la décision de son successeur Pierre Bou Assi d'annuler le projet de recensement des déplacés syriens pour cause de dilapidation des deniers publics, affirmant qu'au contraire, c'est la non-poursuite de ce projet qui constituerait un gaspillage certain.
M. Bou Assi avait annoncé lundi, lors d'une conférence de presse, l'annulation du projet de recensement, au motif que le budget alloué par son prédécesseur (5 milliards de LL) a été entièrement dépensé sans que pour autant l'étude soit achevée. Il avait en outre dénoncé « une surembauche » dans le cadre de ce projet pour lequel était prévu au départ l'emploi de 200 personnes, et qui a finalement employé 387 personnes, lesquelles n'ont recensé que 250 000 déplacés sur un total d'un million et demi.
M. Derbas n'a donc pas tardé à répliquer, et, dans une conférence de presse qu'il a tenue à son bureau, à Tripoli, il a affirmé que « s'il faut parler de gaspillage, c'est l'annulation du projet de recensement qui en est un », estimant que « le montant qui était encore nécessaire pour parachever l'étude et obtenir une banque de données nationales ne s'élève qu'à un ou deux millions de dollars ». Concernant le nombre d'emplois, l'ancien ministre des Affaires sociales a nié qu'il était de seulement 200 à l'origine, soulignant qu'il n'avait jamais parlé d'un chiffre quelconque.
« Sachant que 1 500 campements informels s'étalent sur tout le territoire, nous voulions, à travers ce projet, obtenir des informations sur chacun des déplacés pour que l'État soit au courant de ce qui se déroule au niveau de la présence de tous ces réfugiés », a par ailleurs déclaré M. Derbas, affirmant que ces informations auraient été indépendantes de celles que donne à l'État le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
L'ancien ministre s'est par ailleurs dit étonné que le chef du gouvernement, Saad Hariri, ne soit pas entré en contact avec lui avant l'annonce par son successeur de l'annulation du projet, « sachant que le Conseil des ministres avait avalisé la somme allouée à ce projet ». Il a également déploré le fait que M. Bou Assi ne l'ait pas consulté avant de prendre sa décision, alors que, a-t-il dit, « je lui avais assuré que j'étais à sa disposition pour répondre à toute question dans le cadre de ma responsabilité nationale ».