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Culture - Bipod 2017

Bassam Abou Diab a la mémoire dans la peau

Il mêle le geste théâtral au mouvement du corps, le verbe à l'action. Le danseur présente ce soir, à 19h, son « Under the Flesh ».

Photo Mustafa Cankaya

Bassam Abou Diab est un enfant de la montagne qui a su explorer la ville avec son corps. Ayant grandi dans un village du Chouf, la Jahilyyé, après avoir gambadé dans les champs aux horizons sans limites, et s'étant baigné dans les fleuves d'eau douce et fraîche en pleine nature, le petit garçon en a gardé un délicieux goût de liberté.

Ses pores se sont gorgés d'air frais et ses yeux de la lumière du soleil et du bleu de la Voie lactée. Avec le temps, le corps de Bassam Abou Diab est devenu un réservoir de souvenirs et d'émotions, qu'il a essayé de discipliner pour déborder de multiples et différentes expressions.

Il commence donc par s'exprimer avec le langage théâtral et, par la suite, à travers la danse. Sur ses études théâtrales à l'Université libanaise, il indique qu'il a « fréquenté un grand nombre d'enseignants et de professionnels qui (l)'ont enrichi de leur expérience ». Quelques années plus tard, il rejoint la troupe Maqamat de Omar Rajeh où il parfait ses études chorégraphiques et théâtrales en les fusionnant dans un nouveau moule. De Beyrouth jusqu'en Europe, Abou Diab collabore avec les plus grands, comme la troupe Alias, avec laquelle il a dansé l'année dernière dans le cadre du spectacle Sideways Rain, mais aussi dans des ateliers qui le confirment dans son choix de chorégraphe.

 

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Bosses et blessures
Dans sa performance intitulée Under the Flesh, où il est accompagné d'un musicien de tabla, l'artiste raconte le corps, tel un hakawati, en gestes et en paroles. Le corps avec ses bosses et ses blessures, ses cicatrices et sa fermeté. Comment ce corps peut réagir aux guerres et au danger qui le guette. « Je parle des quatre guerres de 1993, 1996, 2000 et 2006 entre le Liban et Israël, comment j'ai pu fuir la mort à maintes reprises et comment j'ai pu me transformer en Superman à la vue du danger. »

Dans cette performance, la musique interfère avec les mouvements du danseur, comme un second acteur sur scène. Si la tabla évoque la danse folklorique libanaise, la musique est pourtant contemporaine, ce qui jette une confusion dans le temps et le genre de la performance.

Pour Bassam Abou Diab, le corps est mémoire. Il peut se transformer, tel un caméléon, s'adapter à l'environnement et aux événements qu'il a endurés. Tout cela s'imprime dans sa peau jusqu'à s'exprimer, un jour, en émotions, maladies, refus de soi ou tout autre moyen. « Il faut que le corps exulte », chantait Jacques Brel.

Le corps est aussi réflexion. Si ses mouvements sont parfois dictés par l'esprit, il lui arrive de sortir des bornes et décider de réfléchir à lui tout seul, tout en ne se laissant pas imposer des diktats. Mais le corps est également langage et sa langue est souvent, d'après le danseur, plus honnête et plus vraie que n'importe quelle parole. Car le corps va au-delà des tabous et des barrières. À peine a-t-il pris sa liberté qu'il s'envole et dépasse les frontières.

C'est sur ce corps parlant et réfléchi, ce corps autonome et libre que Bassam Abou Diab a construit sa performance. Laquelle, après Bipod, va voyager, emportant ce corps vers d'autres publics et d'autres interactions.

* « Under the Flesh » à Citerne Beirut, à 19h.

 

 

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Ses pores se sont gorgés d'air frais et ses yeux...

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