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Économie - Liban

Au Liban, les pomiculteurs attendent toujours leurs indemnités

Face au retard pris par le gouvernement pour verser les compensations promises pour leurs pertes de 2016, les producteurs de pommes haussent le ton.

La production de pommes en 2016 a atteint 10,6 millions de caisses, au lieu des 8 millions prévus lors du calcul des indemnités. Photo D.R.

La tension monte entre les producteurs de pommes et le gouvernement. Les agriculteurs veulent l'argent promis par le Conseil des ministres début octobre 2016 dès que possible, c'est-à-dire dès la fin de la fête de Pâques. Tant pis si la somme doit être inférieure aux 5 000 livres par caisse de 20 kilogrammes prévues. Sinon, ils descendront dans la rue. « Nous couperons toutes les routes principales qui vont à Beyrouth : Tarchich, Chtaura, Dahr el-Baïdar, Nahr Ibrahim et Khaldé », avertit le président de l'Association des agriculteurs, Antoine Hoyek. Selon lui, des centaines d'agriculteurs sont prêts à se mobiliser.

Cela fait trois semaines que l'armée a fini le recensement des pommeraies libanaises, à l'exception des zones touchées par des problèmes sécuritaires, comme Ras-Baalbeck et Ersal. Cette opération, qui a duré 5 mois, devait normalement préluder au versement de compensations à hauteur de 5 000 livres par caisse de 20 kg pour un budget total prévu de 40 milliards de livres libanaises (26 millions de dollars). Une décision annoncée le 6 octobre dernier suite à une intense mobilisation d'agriculteurs et d'hommes politiques afin de soutenir le secteur qui souffrait de difficultés à vendre sur les marchés étrangers. Se basant sur le recensement effectué par l'armée, le Haut-Comité de secours devait ensuite se charger de la distribution de chèques individuels aux 30 000 agriculteurs concernés. À l'époque, les agriculteurs s'étaient déclarés satisfaits de la décision.

Surplus
Mais face au retard pris par le gouvernement pour verser ces compensations et à l'arrivée de la nouvelle saison des pommes qui implique de nouvelles dépenses, l'Association des agriculteurs a déclaré qu'une manifestation aurait lieu le 6 avril. « Suite à cette annonce, le chef du Haut-Comité de secours, le général Mohammad Kheir, nous a rencontrés le 4 avril, en présence de membres de l'armée et de représentants de municipalités touchées par la crise de la pomme (Bécharré, Maassir el-Chouf, Tannourine, Qartaba, etc.) », indique Antoine Hoyek.
Cette réunion a permis d'éclaircir plusieurs points. « L'armée s'est rendu compte que la production en 2016 a atteint 10,6 millions de caisses, alors que la décision d'allouer 40 milliards de livres libanaises au secteur avait été prise sur la base d'une production de 8 millions de caisses. Face à ce constat, le général Kheir a demandé, début mars, 15 milliards de livres supplémentaires au gouvernement (9,9 millions de dollars) », explique Antoine Hoyek. D'après lui, le général n'aurait jamais reçu de réponse. Contacté, il n'était pas disponible pour répondre aux questions de L'Orient-Le Jour.

Conséquence : les participants à la réunion ont décidé que les aides seraient versées pour seulement 75 % de la production de chaque cultivateur de pommes. « Par exemple, si quelqu'un a produit 1 000 caisses de pommes, il recevra 5 000 livres pour seulement 750 caisses », précise Antoine Hoyek. Décision prise car les agriculteurs ont besoin de l'argent « dès maintenant pour préparer la saison », selon le président de l'Association des agriculteurs.

La manifestation du 6 avril a donc été annulée, et il était prévu que le gouvernement confirme ce nouveau mécanisme de distribution lors de sa réunion lundi dernier, afin que les chèques pour les agriculteurs puissent être émis. Mais le seul sujet abordé a été la loi électorale. Conséquence, l'Association des agriculteurs menace à nouveau d'appeler à une manifestation générale si les producteurs ne sont pas indemnisés d'ici à la fin du mois. Selon Antoine Hoyek, ces derniers se réuniront mercredi prochain, si aucune décision n'a été prise mardi, après la fin des vacances de Pâques, afin de décider de la date exacte des manifestations.

Reste une zone d'ombre : comment les agriculteurs vont-ils recevoir leurs chèques ? « Cela n'a pas encore été décidé », admet Antoine Hoyek. Une source au ministère de l'Agriculture souligne que le Haut-Comité de secours verse normalement ses aides à partir de son bureau dans le centre-ville de Beyrouth, opération qui pourrait être compliquée pour les agriculteurs vivant dans des zones rurales isolées.

 

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