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Scan TV - SCAN TV

Des hommes qui ne croient plus en Dieu

Amr Adib sur le plateau de son émission « Kol Yom ». Photo extraite de Facebook

Sur le petit écran, il y a ceux qui prient, ceux qui adorent, ceux qui renient, ceux qui méditent, ceux qui diabolisent et ceux qui font de la propagande. Il y a ceux qui diffusent leurs pratiques nuit et jour, louant Dieu, ses saints, ses disciples, ses anges, son prophète... Un Dieu paternel, rassembleur, unique, invisible, mystérieux – sauf pour ses porte-parole autoproclamés. Des chaînes de télévision à caractère religieux se livrent une guerre sans pitié, se disputant un public de plus en plus obnubilé par des thèses retentissantes proposant la vraie recette du salut.

Toutes les âmes sont valables aux yeux des acheteurs qui espèrent leur faire signer un contrat à durée indéterminée. Des réseaux sociaux proposent gratuitement de nouvelles tendances pour certaines religions : plus strictes, plus intégristes, plus violentes, plus enivrantes, assurant des cibles vivantes et une célébrité internationale. Un nouveau mode de vie qui prend en charge tous les malheurs et les labeurs, et qui leur indique la voie de la vie éternelle promise à travers un lavage de cerveau et une haine inculquée au quotidien.

La télévision égyptienne, qui oscille entre l'islam radical intransigeant et un islam modéré bouée de sauvetage des intellectuels, a réagi la semaine dernière suite aux massacres perpétrés contre la communauté chrétienne copte, quelque 17 millions d'Égyptiens, une minorité diluée dans un océan sunnite. Amr Adib, journaliste égyptien polémiste, n'a pas mâché ses mots lors de son émission en posant une question simple aux musulmans, visant visiblement les intégristes convaincus : « Vous sentez-vous menacés dans vos lieux de prière ? Vous sentez-vous menacés dans vos mosquées ? » « Non, pas du tout ! », répondit-il. « Ces coptes sont faits d'acier, ils sont inébranlables, ils tiennent au pardon et veulent vivre avec nous en diffusant la culture de la paix, en répétant sans cesse : ce n'est pas grave, nous allons patienter ! Cet intégriste a tué aussi des officiers hommes et femmes musulmans, leur mort lui assure-t-elle quand même sa récompense céleste ? », se demande encore le chroniqueur. Islam Bihery, un écrivain égyptien musulman et hôte d'émissions télévisées, a pointé du doigt, lors d'un entretien téléphonique avec Adib, les dignitaires confinés dans le prestigieux al-Azhar. Il a mis en garde contre les apprentissages diffusés par cette éminente institution sunnite dont les livres affirment jusqu'à présent que les chrétiens, les gens du livre (ahl el-kitab), sont des « kouffars » et, par conséquent, l'écoulement de leur sang n'est pas banni, même s'il n'est pas
encouragé...

Le monde s'assombrit à nouveau, alourdi par des thèses et des antithèses religieuses, des livres saints revisités, des jurisprudences, des fatwas, des rumeurs, des superstitions et des légendes, manipulés, interprétés, extrapolés hors de leur contexte historique et sociétal par une minorité d'illuminés moyenâgeux rétrogrades. Ces hommes ne croient plus en Dieu qu'ils ont cloné, transfiguré, aliéné selon leurs intérêts. Ils croient en eux-mêmes, en leur pouvoir absolu, en leur influence sur des âmes tremblantes et des inconscients entraînés à la soumission et à l'adoration aveugle. Dieu est unique et grand, mais qui est-il vraiment ? Comment, par qui et où est-il enseigné ? Qui peut prétendre être habilité à expliquer Dieu et quels sont ces désirs ? Quelle est cette entité spirituelle invisible, mais si puissante, qui effectue des miracles sur certaines chaînes télévisées tout en laissant filer sous son regard des atrocités et des animosités parfois inimaginables...

Sous les hospices de quel Dieu se fait cette prédation « accumulative » de ressources de biens, d'hommes et d'argent, provoquant des conflits sans merci entre les hommes, et alimentant un trafic humain et une prostitution des valeurs humanistes sans précédent ?

Malgré un long parcours de l'histoire humaine, la majorité des âmes est toujours enfermée dans des fioles soigneusement gardées et entretenues par des dignitaires qui déterminent les grandes lignes de leur vie au nom de Dieu.

Prenons notre télécommande et osons sortir de notre zone de confort télévisée, loin de nos séries, nos feuilletons à l'eau de rose et nos téléréalités, tous bannis sous d'autres cieux. Jetons un coup d'œil sur les chaînes câblées, notamment arabes, celles de l'endoctrinement. Oui, nous aurons des frissons. Nous serons surpris de vivre sur la même planète et parfois dans le même pays que ces détenteurs des clés du paradis et leurs disciples, hypnotisés, garnis de ceintures explosives et élevés au rang de martyrs une fois avoir tué des kouffars.

Les opérations kamikazes ne sont pas encouragées par des marginaux extraterrestres; elles ne sont pas non plus le résultat d'un système sécuritaire défaillant. Ce sont des actes planifiés, prémédités, non pas à l'ombre d'une bougie, mais grâce à des technologies de plus en plus sophistiquées, et exécutés par l'arme fatale : des hommes aveuglés par la religion et qui n'ont aucune valeur à leur sens qu'une fois morts en martyrs. Ces derniers constituent un large public victime de cette mondialisation qui les terrorise et les noie davantage dans la misère et la perdition. À tel point que le fanatisme religieux devient le seul repère salvateur disponible. Des hommes qui tuent, qui violent au nom de Dieu, pilotés par d'autres qui ont cessé de croire en Lui depuis longtemps...

 

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Sur le petit écran, il y a ceux qui prient, ceux qui adorent, ceux qui renient, ceux qui méditent, ceux qui diabolisent et ceux qui font de la propagande. Il y a ceux qui diffusent leurs pratiques nuit et jour, louant Dieu, ses saints, ses disciples, ses anges, son prophète... Un Dieu paternel, rassembleur, unique, invisible, mystérieux – sauf pour ses porte-parole autoproclamés. Des...

commentaires (4)

Je lis : cette "imminente" institution sunnite au lieu "d'éminente". Dont acte.

Un Libanais

12 h 44, le 17 avril 2017

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Commentaires (4)

  • Je lis : cette "imminente" institution sunnite au lieu "d'éminente". Dont acte.

    Un Libanais

    12 h 44, le 17 avril 2017

  • Votre dernier paragraphe est excellent résumant parfaitement cette insanité qui déferle sur le monde... Un phénomène des temps modernes amplifiant à l'aide de la technologie sophistiquée et la mondialisation les problèmes de frustration et de misère qui sévissent dans le monde Arabe, sclérosé et figé encore dans des sociétés dominées encore par des dictatures soit miliaires, soit théocratiques, se donnant des droits divins, et fanatisant leurs populations dans la haine de l'infidèle sur lequel ils projettent tous leurs problèmes, complexes, et frustrations... Par contre, et ce qui est pire, et contraire à votre dernière phrase, ceux qui les pilotent, n'ont pas nécessairement cessé de croire en Dieu: au contraire: ils en tirent le meilleur des deux mondes: ils mènent sur terre une vie de rêve, craints, révérés, respectés, menant des trains de vie scandaleux, mais en poussant l'hypocrisie de croire qu'ils seront aux premières loges à leur mort au paradis... En fait, un peu comme le pari de Pascal: " je ne perds rien d'avoir une foi aveugle: si Dieu n'existe pas, je n'ai rien perdu et profité de cette vie, et s'il existe, j'aurais alors le meilleur des deux mondes". L'hypocrisie monstrueuse de ces gens-là est encore plus dangereuse que ces misérables fanatiques!

    Saliba Nouhad

    17 h 32, le 16 avril 2017

  • MALHEUREUSEMENT PAR CE STYLE DE LANGAGE, DES PAROLES COMME ÇA N'ARRIVERONT JAMAIS AUX DESTINATEURS.

    Gebran Eid

    14 h 11, le 16 avril 2017

  • CEUX QUI CONSIDERENT LES AUTRES DE KOUFFARS SONT LES VRAIS KOUFFARS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 16 avril 2017

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