Le photojournaliste français s’est confié à « L’Orient-Le Jour », à la Résidence des Pins.
Deux ans après la diffusion de Human, diptyque de récits et d'images de notre monde et de l'être humain, Yann Arthus-Bertrand est déjà lancé dans le tournage de Woman. « Les femmes ont besoin de parler. » Ce nouveau projet s'est présenté au journaliste comme une évidence. Il sera prêt d'ici à 2019.
Yann Arthus-Bertrand veut laisser les femmes ordinaires s'exprimer, notamment sur l'amour, la famille et l'éducation. Mais il a aussi l'ambition des grands noms : Angela Merkel, dont il admire le travail avec les réfugiés, ou encore Michelle Obama.
Pour réaliser Human, les équipes ont mené plus de 2 000 interviews à travers 60 pays. Seulement 1 % de ces entretiens se sont retrouvés dans la version finale du documentaire. Des passages tournés pour Human pourraient se retrouver dans Woman, mais le réalisateur rappelle que « chaque reportage est différent ».
Contrairement à Human, il n'y aura peut-être pas d'images aériennes. Uniquement des portraits. Une musique plus discrète aussi, peut-être pour laisser plus de place aux femmes ? La véritable nouveauté du projet, c'est son caractère interactif : un film, des expositions, un musée, afin de toucher une audience aussi large que possible.
Une audience que Yann Arthus-Bertrand essaie d'influencer, « mais peut-être de façon différente ». « J'ai passé ma vie à culpabiliser les gens avec mes émissions de télé. Cela ne marche pas. Il faut arrêter de culpabiliser les gens », confie-t-il. Ce qu'il voudrait, comme pour Human, c'est qu'on s'aime un peu plus en sortant de la projection qu'en rentrant. « C'est un film qui rend meilleur, qui rend capable de changer son regard sur les femmes », explique celui qui n'hésite pas à se qualifier « d'ancien macho ».
Yann Arthus-Bertrand pointe également les difficultés de financement. « Woman, c'est un film qui fait peur à tout le monde, qui dérange plus que Human, car c'est un film où on va dénoncer ce qu'il se passe dans beaucoup de pays, alors commercialement, ce n'est pas forcément très bon. »
À la question de savoir si toucher des financements de grands groupes n'est pas profiter du système capitaliste qu'il dénonce, le réalisateur, qui se dit « simple activiste », répond qu'à cette échelle de financement, il n'existe pas d'autre option. « J'adorerais demander un euro à toutes les femmes du monde pour faire mon film, mais comment faire ? » se questionne-t-il.
Aujourd'hui, ce fils de bourgeois et activiste écologique voudrait lutter avant tout contre la pauvreté, car « on ne peut pas lutter contre la déforestation si on ne lutte pas contre la pauvreté d'abord ». Un projet qu'il mène en parallèle avec quelques autres, dont une émission télévisée qui se voudrait être un « Thalassa de l'engagement », sa nouvelle bataille. S'il est conscient de ne pas être un exemple parfait, Yann Arthus-Bertrand appelle néanmoins à s'engager et à « se donner aux autres ».