Parce que le journalisme n'a jamais fait face à autant de défis (structurels, éthiques, économiques...), et parce que la presse écrite ne peut plus se permettre de rester spectatrice et d'attendre quelque miracle, L'Orient-Le Jour a décidé de présenter son nouveau visage et de se mettre en mouvement.
Dès ce lundi 3 avril, le plus vieux quotidien libanais lance sa nouvelle version papier. Le journal se veut dorénavant plus jeune et plus dynamique, soucieux de privilégier la qualité à la quantité. La nouvelle formule proposera ainsi 12 pages durant la semaine, et une édition week-end de 16 pages le samedi.
Une conférence de presse de lancement s'est tenue hier à l'Institut français du Liban, salle Montaigne, en présence notamment du PDG de L'OLJ, Michel Eddé, de l'attaché audiovisuel régional Luciano Rispoli, représentant l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne, du directeur régional de l'Agence universitaire de la francophonie, Hervé Sabourin, et de May Chidiac, présidente de la fondation du même nom.
Premier à prendre la parole lors de cette conférence de presse, Michel Touma, corédacteur en chef responsable des pages locales, a évoqué cette crise que traverse la presse écrite, insistant sur la manière dont le journal souhaite y faire face : « Par engagement envers nos lecteurs et les valeurs que nous défendons, notre démarche s'accompagne d'un saut qualitatif important », a-t-il expliqué. « Nous allons concentrer la majeure partie de nos efforts et de nos ressources à l'explication et l'analyse d'événements. Nous irons de ce fait directement à l'essentiel de l'information. En même temps, nous comptons multiplier les rubriques à caractère social et récréatif », a ajouté Michel Touma, évoquant, entre autres, pour les pages Liban, l'environnement, la faune et la flore, les notes de lecture, les droits de l'homme, les questions socio-religieuses ou les loisirs du week-end. Cela sans compter les nouveaux rendez-vous à ne pas manquer également dans les pages Économie, Monde, Culture et Sport.
Engagement citoyen
L'Orient-Le Jour veut principalement consolider deux axes. Tout d'abord, le journal désire réaffirmer ses valeurs. Depuis le début de son existence, il y a 93 ans, il a garanti et prôné son indépendance, sa liberté d'expression et son pluralisme. Mais avant toute chose, c'est en véritable défenseur des libertés, toutes les libertés, que L'OLJ s'est posé. « Nous restons plus que jamais déterminés à défendre les valeurs que nous avons toujours prônées, à savoir les libertés publiques et individuelles, le pluralisme et le vivre-ensemble », a ainsi résumé Michel Touma.
Deuxième priorité pour le journal : les jeunes et leurs préoccupations à tous les niveaux, ainsi que l'engagement citoyen et le travail d'intérêt public. « Je pense aux articles dans les différentes éditions, bien sûr, mais aussi à Campus chaque samedi, à Junior le premier lundi du mois, au spécial orientation professionnelle, quasi exhaustif et à vocation annuelle, mais aussi, naturellement, à Génération Orient et au prix L'OLJ-SGBL, qui en sont à leur deuxième et heureuse saison. Parce que L'OLJ veut être cet incubateur de jeunes talents artistiques de moins de 35 ans, mais aussi faire un travail d'intérêt public. Avec Génération Orient, certes, mais aussi avec Impact Journalism Day, depuis 2013, et avec le Village préféré des Libanais, en partenariat avec la Fransabank, qui surligne l'urgence du tourisme interne », a ainsi détaillé Ziyad Makhoul, corédacteur en chef responsable des pages Monde, Culture et Sport.
La plupart des jeunes ne lisent plus le papier. Le journal investit pour cela autant que faire se peut dans le web sans jamais délaisser le papier qui l'a fait naître. « L'OLJ est le premier, au Liban, à avoir installé un paywall », rappelle Émilie Sueur, corédactrice en chef, responsable de la page Économie et du web. « Le journal est passé en ligne dès 1997, c'est-à-dire il y a 20 ans déjà. Depuis 2011, nous avons une équipe entièrement dédié au web et, aujourd'hui, nous sommes également très présents sur les réseaux sociaux », a-t-elle ajouté, précisant que le dernier défi numérique du quotidien a été de se décliner sur tablette et surtout sur mobile. « Autre axe majeur de notre développement : la diaspora libanaise, qui constitue près de 80 % de notre lectorat en ligne. Ce lectorat est important pour notre modèle économique, bien sûr, mais au-delà, parce que L'Orient-Le Jour a vocation à être un lien entre les Libanais de la diaspora et le Liban », a-t-elle insisté.
Aucun financement politique
« Nous n'avons jamais cessé d'évoluer, c'est un journal tourné vers l'avenir. Il est constamment en mouvement, sans toutefois oublier ses racines », a renchéri Hanaa Gemayel Jabbour, directrice marketing du journal. « La campagne publicitaire qui accompagne ce changement est donc axée sur les valeurs et les missions du journal : indépendance et défense des libertés, et sa principale mission consiste à rapporter une information fiable et servir de lien entre cette région et le monde entier. Une opération spéciale, en partenariat avec Air France, accompagnera cette campagne et cela à partir du 3 avril, alors n'hésitez pas à acheter le journal tous les jours pour augmenter votre chance de gagner un lot d'une grande valeur », a-t-elle ajouté, avant de laisser la place au directeur exécutif de L'OLJ, Michel Hélou.
« L'indépendance vis-à-vis de tout financement politique est ce qui caractérise le groupe L'Orient-Le Jour ; et c'est ce qui, avec une gestion financière saine, nous a permis de tenir alors que la presse écrite traverse une crise sans précédent. Pour compenser la baisse des ventes papier ainsi que le recul de la publicité traditionnelle, nous investissons sur le numérique et cherchons à monétiser cette nouvelle audience, à travers un modèle d'abonnement qui s'est révélé positif, ainsi que de nouveaux partenariats publicitaires, basés avant tout sur la qualité du contenu et les valeurs que nous véhiculons davantage que sur le trafic généré. Néanmoins, ce nouveau modèle requiert des investissements importants pour des retombées à long terme : c'est pourquoi nous demandons à l'État libanais de mettre en œuvre un programme de subventions à la presse – presse qui a toujours été et doit demeurer un contre-pouvoir essentiel de notre démocratie », a-t-il conclu.
Coopération technique avec la France
Au début de son intervention, hier, au cours du point de presse tenu à la salle Montaigne, M. Touma a improvisé un mot de remerciements et un hommage à tous ceux dont l'apport a permis à L'OLJ de faire face aux défis actuels.
« Si nous avons réussi à relever le défi dans une grande mesure, c'est grâce, notamment, à une gestion saine sur le plan financier, et, sur ce plan, nous nous devons de remercier Nayla de Freige et Michel Hélou, en charge de la gestion administrative et financière, a souligné Michel Touma. Si nous avons réussi à relever le défi, c'est grâce à l'ancien ministre Michel Eddé qui porte le journal sur ses épaules ; nous avons réussi à relever le défi en renforçant le département marketing, et nos remerciements s'adressent à ce sujet à la directrice de ce département, Hanaa Gemayel Jabbour, et son équipe ; nous avons réussi à relever le défi grâce au soutien de notre régie de publicité, sous la direction de Léna Choueiri Nahas et de Nagi Irani ; nous avons réussi à relever le défi grâce aux efforts des membres de l'équipe rédactionnelle dans son ensemble, et aussi grâce au soutien et à la fidélité de nos lecteurs et de nos annonceurs, et nous tenons à les en remercier. »
Et Michel Touma d'ajouter : « Nous tenons aussi à adresser nos remerciements à l'ambassade de France, représentée aujourd'hui par M. Luciano Rispoli, dont les efforts inlassables nous ont permis de renforcer notre contenu et nos plates-formes, ainsi que de moderniser notre version papier. Nous tenons à remercier dans ce cadre, plus particulièrement, l'organisme français CFI chargé de la mise en œuvre du projet intitulé Orient numérique. Enfin, nous remercions aussi vivement le ministre de l'Information Melhem Riachi pour les efforts qu'il déploie pour apporter une aide à la presse écrite et aux médias audiovisuels. »
Dès ce lundi 3 avril, le plus vieux quotidien libanais lance sa nouvelle version...
commentaires (11)
QUEL QUE SERA LE VISAGE AFFICHE... IL SERA CELUI DE NOTE CHER LIBAN !
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 54, le 03 avril 2017