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Moyen Orient et Monde - Commentaire

Donald Trump, ou l’incons(is)tance au pouvoir

Le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche hier, lors de la reprise des visites guidées de l’établissement. Jim Watson/AFP

... Et celle de la sardine qui avait bouché le port de Marseille, vous la connaissez ? Il s'agit, bien sûr, d'une galéjade.
Définition du terme venu du Midi français donnée par le dictionnaire : « Histoire inventée ou exagérée que l'on raconte pour duper quelqu'un (...). Plaisanterie ayant pour objectif de mystifier. » Eh bien, Donald Trump en a eu une, de galéjade, qu'il a servie toute chaude le week-end dernier, dans un tweet rageur : « Combien bas pouvait tomber le président Obama pour mettre sur écoute mes téléphones durant le processus électoral sacré. C'est du Nixon/Watergate. Un gars mauvais ou malade. »

Confidence d'un habitué de la Maison-Blanche qui tient à l'anonymat : « En fin de journée, le président se retire dans ses appartements et regarde la télévision jusqu'à l'heure du coucher. Au réveil, commence l'opération tweets dont le contenu représente pour nous la feuille de route à suivre. Nous nous échinons alors à tenter de donner une certaine consistance à ses innombrables et souvent incompréhensibles messages, surtout depuis la suppression de la limite des 140 caractères. »

L'affaire des « écoutes » a débuté le jeudi 2 mars, à l'antenne de la radio Westwood One où opère Mark Levin, auteur d'un show qui porte son nom et, ce soir-là, d'une petite phrase qui ne va pas tomber dans l'oreille d'un sourd : « Le 44e président des États-Unis a utilisé les installations du gouvernement fédéral pour espionner le républicain appelé à lui succéder. Un scandale ! » tonne l'animateur. Quelques heures plus tard, Breitbart News répercute l'écho de la bombe Levin. On notera au passage que ledit site avait longtemps eu à sa tête un certain Steve Bannon, propulsé par la suite au poste de bras droit de Trump et son « chief strategist ».

 

(Lire aussi : La démocratie libérale en perte de vitesse ?)

 

Le soufflé commençant à s'affaisser, et devant le tollé quasi général, « the Donald » repart à l'assaut. Le voici aujourd'hui qui réclame une enquête du Congrès, alors que l'un des ténors de la digne assemblée, le sénateur républicain de l'Arizona John McCain, l'apostrophe publiquement : « Où sont vos preuves? » Et qu'un autre élu de la chambre haute, Lindsay Graham – un membre du GOP lui aussi –, se dit « très inquiet de voir notre président suggérer que son prédécesseur aurait commis quelque chose d'illégal ». Quant au directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), James Comey, il vient de prendre l'initiative inédite de demander au département de la Justice de désavouer Trump. Un chef lâché par ses généraux, comme un quelconque candidat à la charge suprême de l'autre côté de l'Atlantique. Tocqueville ne reconnaîtrait pas les sujets de sa célébrissime étude.

La confusion est telle qu'un autre site, The Last line of defense, s'est permis, il y a quatre jours, de publier un article annonçant l'arrestation imminente de... Barack Obama. Toujours cette volée de rumeurs, de fausses assertions basées sur des on-dit sans lendemain, de menaces d'action sans suite, de dénonciations de médias accusés de propager des « fake news » et interdits d'accès à la Maison-Blanche. Sur ce dernier point, le Comité pour la protection des journalistes n'a pas craint de remettre à leur place les hommes de l'actuelle administration. Joel Simon, directeur exécutif de cet organisme, a rappelé pour l'occasion qu'« il n'appartient pas aux politiciens de fixer les règles de travail des journalistes ».

 

(Pour mémoire : Trump signe un décret migratoire atténué)

 

Au fait, où en est-on du charivari soulevé au lendemain de la confirmation des innombrables contacts établis par l'équipe du candidat Trump avec des diplomates russes, l'ambassadeur Sergueï Kislyak en tête, lequel avait rencontré Michael T. Flynn, d'abord nommé conseiller du président pour les questions de sécurité puis poussé vers la sortie après l'éclatement du scandale ? Qu'en est-il aussi des dénégations du ministre de la Justice, Jeff Sessions, questionné par le vice-président Mike Pence sur ses contacts avec le même ambassadeur, et qui avait commencé par nier avant de reconnaître avoir menti ?

Or, c'est précisément sur ce dossier que la présente administration cherche à jeter un voile, ou plutôt à agiter le chiffon rouge des « grandes oreilles », accusent ses adversaires. Mais la tactique, basée sur des foucades, commence à lasser une opinion publique maintenue en constant état de déstabilisation, ballottée qu'elle est entre une cascade et l'autre de promesses non tenues.
« L'instabilité, dirait un chimiste, a deux formes : la fragilité et l'explosibilité. » Marcellin Berthelot ? Non, Alfred Jarry.


Blog « Merville Post »

 

 

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commentaires (2)

UN LUNATIQUE DE PLUS...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 02, le 08 mars 2017

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Commentaires (2)

  • UN LUNATIQUE DE PLUS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 02, le 08 mars 2017

  • "Au fait, où en est-on du charivari soulevé au lendemain de la confirmation des innombrables contacts établis par l'équipe du Trump avec des diplomates russes, l'ambassadeur en tête, lequel avait rencontré Flynn, d'abord nommé conseiller du Donald-Duck puis poussé vers la sortie après l'éclatement du scandale ? Qu'en est-il aussi des dénégations de celui de la Justice, Sessions, questionné lui aussi sur ses contacts avec le même ambassadeur, et qui avait commencé par nier avant de reconnaître avoir menti ? Or, c'est précisément sur ce dossier que ce Trump cherche à jeter un voile ! Mais cette tactique, basée sur des foucades, commence à lasser tout en maintenant, évidemment, un constant état de déstabilisation dans ce pays ! « L'instabilité, dirait un chimiste, a deux formes : la fragilité et l'explosibilité. » ! Marcellin Berthelot ? Non, Alfred Jarry." ! EXCELLENT Monsieur Merville !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 05, le 08 mars 2017

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