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Cinema- - Rencontre

« Le sang levantin coule en moi »

Du monde des affaires au cinéma, il n'y avait qu'un pas. Jamal Daniel l'a franchi et aujourd'hui le film «Hidden Figures », produit par sa boîte de production Levantine Films, fait partie de la course aux Oscars.

Des rêves pour Jamal Daniel, mais aussi et surtout de la détermination. Photo Michel Sayegh

Après des études à l'Institut moderne du Liban, le jeune Jamal Daniel, originaire de Tartous, poursuit, juste avant la guerre du Liban, ses études à l'Université de Genève puis s'envole pour les États-Unis. Aujourd'hui, à la tête du groupe Crest Investment Cie, qui investit dans tous les secteurs, notamment l'énergie, Jamal Daniel passe son temps entre deux aéroports. De New York à Houston en passant par Genève, il se voit toujours atterrir à Beyrouth, « cette ville qui vit et palpite encore en moi ». Il y a seize ans, l'homme d'affaires se tourne vers des activités philanthropiques et se consacre à ce qu'il appellera la « Levant Fondation ». Le nom de cette fondation, il le doit à cet amour indéfectible qu'il a pour cette région du globe qui ne l'a jamais quitté depuis 1975. « Je reviens aujourd'hui à travers cette fondation pour essayer de dire que cette identité qui nous a été volée depuis le traité Sykes-Picot est encore vivace en nous et qu'il fallait raconter cette fêlure par tous les moyens. » Et de poursuivre : « Pour ce faire, j'ai lancé "The New Levant Initiative" qui est gérée comme un projet et où travaillent des personnes très performantes. Pour objectif premier, on se propose de réunir bientôt une conférence qui regroupera des personnalités afin d'aboutir à une déclaration universelle de l'existence de l'identité levantine. »

Les rêves les plus fous...
Jamal Daniel rêve d'un Levant nouveau qui renaît de ses cendres, d'une identité brisée dont il essaye de recoller les morceaux. Il s'essaiera à employer les moyens nécessaires pour y arriver. Toujours dans le dialogue et dans l'écoute et l'acceptation de l'autre. « L'âme est là, dit-il, et ceci n'est plus une idée, mais un projet qui prend forme de jour en jour. »

C'est dans ce même esprit qui l'anime et le pousse vers ses racines qu'il créera en 2009 la Levantine Films. Comment s'inscrit ce nouveau projet dans la dynamique des précédents ? « J'ai réalisé qu'il y avait un manque dans le panorama du cinéma américain, répond Jamal Daniel. Il fallait ainsi financer des films pouvant avoir un vif impact social. Notamment aborder les sujets de discrimination ou concernant les droits des femmes. » Le premier film de la Levantine porte le nom d'Amreeka. Grand succès artistique à Cannes ainsi qu'à Sundance, il souffre pourtant d'une mauvaise distribution qui avait porté tort au film. C'est en 2013 que Jamal Daniel fait la connaissance de Donna Gigliotti. Celle-ci, ayant commencé sa carrière comme assistante de Martin Scorsese sur le tournage de Raging Bull, avait fondé par la suite « Orion Pictures » avant d'être de 1993 à 1996 vice-présidente de « Miramax Films ». En 2010, elle sera nommée présidente chargée de la production pour « The Weinstein Company » avant d'être présidente de la Levantine Films en 2014. « Je lui donne carte blanche dans le choix des films », précise Daniel.

Adoubée par Hollywood, la nouvelle présidente de la Levantine œuvre dans la discrétion et loin des spotlights. C'est dans cette même discrétion que va naître le projet Hidden Figures. « C'est à partir de la lecture d'un chapitre, il y a trois ans, qu'on s'est entendus pour acheter les droits du livre. Très vite, on engage quelqu'un pour adapter l'ouvrage et on entame les travaux de production. Dona était convaincue que c'était le film à ne pas rater et j'ai suivi son conseil. De plus, je pense que ce film s'inscrit dans une vague de changement à l'échelle mondiale. Il parle de rêves aboutis, de la détermination de ces femmes à s'affirmer en pleine ségrégation raciale aux États-Unis. Ces sujets qu'il charrie ne peuvent que faire naître l'espoir chez le spectateur. »

« Lorsque nous avons entamé le tournage, poursuit-il, nous avons eu une occasion unique que nous avons immédiatement saisie : la Fox Entertainment voulait prendre le train en marche. Ce grand producteur entraînant notamment avec lui la Fox Distribution, allait certainement servir à la visibilité du film. Depuis, les choses ont été très vite et aujourd'hui, Hidden Figures affiche déjà des entrées énormes et concourt à plusieurs cérémonies de remises de prix, entre autres les Oscars ce dimanche. Croisons des doigts, dit Jamal Daniel. Ayant déjà eu le prix pour l'ensemble des acteurs au Screen Actor's Guild Awards, on ne peut qu'être confiant pour l'avenir de ce film. » Et de conclure : « Actuellement, nos projets grandissent et nous avons déjà d'autres films en marche », mais avant cela, Jamal Daniel avouera que le cinéma peut opérer un changement dans les sociétés. « Avec le temps et la détermination, tout peut être possible. »

Après des études à l'Institut moderne du Liban, le jeune Jamal Daniel, originaire de Tartous, poursuit, juste avant la guerre du Liban, ses études à l'Université de Genève puis s'envole pour les États-Unis. Aujourd'hui, à la tête du groupe Crest Investment Cie, qui investit dans tous les secteurs, notamment l'énergie, Jamal Daniel passe son temps entre deux aéroports. De New York à...

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