Rechercher
Rechercher

Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner... - Pour préserver l’espoir

« Les Syriens sont responsables de ma disparition »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal »*. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Moubarak Chalouhi, disparu à l’âge de 36 ans.

Mon nom est Moubarak.

À 36 ans, j'étais premier officier de la Sûreté générale. Parallèlement, j'avais repris des études de droit, espérant que ces nouvelles compétences me permettraient d'obtenir une promotion.
Pour assister à mes cours, je faisais régulièrement la route de Majdel (Koura) à la faculté de droit de l'Université libanaise à Jal el-Dib. Un jour, alors que je m'apprêtais à rentrer chez moi, mon amie Najat m'a demandé de raccompagner Ibtissam, également étudiante en droit. Sa maison se trouvait sur mon chemin.

Le soir, s'inquiétant de notre retard, nos familles respectives sont parties à notre recherche. Elles ont retrouvé ma voiture, une Toyota bleue, abandonnée à proximité de Ras el-Nhach (Batroun). Nous nous étions volatilisés, laissant derrière nous nos familles en proie à l'incompréhension et sans aucune information susceptible de les aider dans leurs recherches.

Pourtant, quelques jours après notre disparition, Najat, notre amie commune, a été convoquée pour un interrogatoire à Kfar Hazir. Les soldats syriens ne l'ont pas interrogée. Ils lui ont demandé de confirmer qu'elle avait écrit un texte dans lequel elle se moquait ouvertement des Syriens. Najat avait bien écrit une lettre qu'elle avait adressée à sa sœur et dans laquelle elle racontait une blague sur les Syriens de Homs, blagues communément faites dans la région. Elle avait donné cette lettre à Ibtissam le jour de notre disparition et lui avait demandé de la remettre à sa sœur qui habitait le même village.

L'interrogatoire mené par les soldats syriens avait pour objectif d'intimider Najat et de lui laisser entendre qu'ils étaient responsables de notre disparition. Najat a été relâchée quelques heures plus tard, mais elle n'a jamais eu de réponses concernant le sort de ses deux amis.
Mon nom est Moubarak Chalouhi, disparu avec Ibtissam. Ne laissez pas notre histoire s'interrompre ici.

 

* « Fus'hat amal » est une plateforme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de Fus'hat amal à l'adresse: www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

 

Tous les témoignages dans notre dossier
Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner...


Mon nom est Moubarak.
À 36 ans, j'étais premier officier de la Sûreté générale. Parallèlement, j'avais repris des études de droit, espérant que ces nouvelles compétences me permettraient d'obtenir une promotion.Pour assister à mes cours, je faisais régulièrement la route de Majdel (Koura) à la faculté de droit de l'Université libanaise à Jal el-Dib. Un jour, alors que je...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut