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Économie - Conférence

Innovation collaborative : vers un modèle libanais ?

Un séminaire organisé vendredi dernier à l'Université libano-française a permis d'initier le débat sur l'innovation collaborative et les pistes pour son développement au Liban.

De gauche à droite : Sibylle Rizk (rédactrice en chef du « Commerce du Levant »), modératrice de la table ronde, Salam Yamout (directrice de la région Moyen-Orient au sein de l’Internet Society), Samir Nahas (zone économique spéciale de Tripoli), Charbel Nassar (président du comité propriété intellectuelle au barreau de Beyrouth) et Sylvie Cogneau (responsable développement offre innovation au sein de BPIFrance). Photo D.R.

L'innovation collaborative, qui consiste pour une entreprise à s'associer avec d'autres organisations partenaires, telles que des centres de recherches ou des universités, afin de réaliser des projets d'innovation, est encore quasi inexistante au Liban. C'est pour réfléchir aux modalités de son développement futur que plusieurs experts se sont réunis vendredi à l'Université libano-française (ULF) dans le cadre d'un séminaire. Organisé en partenariat par l'ULF et le Beirut Research & Innovation Center (BRIC), l'événement a bénéficié du soutien de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), de l'ambassade de Suisse et de l'Institut français du Liban.
« Nos universités, publiques et privées, ont une responsabilité sociale et doivent à ce titre développer des collaborations avec des entreprises », lance d'emblée le président de l'ULF, Mohammad Salhab. « L'innovation collaborative, levier essentiel de la compétitivité nationale, permet de développer des synergies entre les différentes parties prenantes afin de réaliser les potentialités de l'intelligence collective. (...) Elle se concrétise par le développement de projets communs », ajoute Bernadette Chehu, attachée de coopération à l'Institut français du Liban. Ces projets communs, issus de la collaboration entre la recherche et le secteur privé, doivent surtout avoir pour but de créer de l'innovation et des produits ou services répondant aux besoins du marché et ainsi accroître la compétitivité.


« Il faut vivre avec son temps »

L'innovation collaborative est un concept relativement récent. « Les nouvelles technologies ont modifié les usages et les modes de pensée des individus. Il faut vivre avec son temps. La diffusion des savoirs et des savoir-faire doit se construire notamment avec les entreprises, qui ont besoin de compétences et de qualifications pour innover et pour produire au bénéfice de tous », explique Hervé Sabourin, directeur de la direction régionale Moyen-Orient de l'AUF.

Au Liban, si le secteur le plus porteur pour l'innovation collaborative est l'écosystème technologique, « pour l'instant, il n'existe pas de collaboration ni même de communication entre les entreprises technologiques et les universités », regrette Salam Yamout, directrice de la région Moyen-Orient au sein de l'Internet Society. Car le développement de ces collaborations bute encore sur plusieurs obstacles structurels du pays du Cèdre. Premièrement, le Liban connaît une importante fuite de ses cerveaux : « 44 % de nos cerveaux émigrent vers les pays de l'OCDE, contre une moyenne régionale de 9 % », explique Hassan Ghaziri, directeur du BRIC. Deuxième obstacle, le cadre juridique libanais, car ce type de collaboration pose aussi la question de la gestion de la propriété intellectuelle. « Il faut une entité qui facilite ce processus de collaboration, et cela manque au Liban. En France, par exemple, l'Institut national de la propriété intellectuelle facilite la gestion de la propriété intellectuelle », précise-t-il à L'Orient-Le Jour. « Si les dispositions juridiques ne sont pas suffisantes pour mettre en place des processus d'innovation collective, les acteurs peuvent néanmoins avoir recours au contrat pour gérer le partage de la propriété intellectuelle », nuance Charbel Nassar, président du comité propriété intellectuelle au barreau de Beyrouth.

Structures d'accompagnement

Mais l'obstacle principal est surtout d'ordre financier. Deux structures françaises d'accompagnement à l'innovation collaborative ont donc été présentées lors du séminaire : la Banque publique d'investissement en France (BPIFrance), qui finance des projets d'innovation collaborative à travers plusieurs programmes, et le pôle intégré Chimie Balard (Institut Carnot), qui regroupe des chercheurs, des étudiants, des universités, des centres de recherche, un incubateur et des entreprises en lien avec le secteur de la chimie. « Pour l'instant, nous n'avons rien d'équivalent à ces deux structures au Liban », indique à L'Orient-Le Jour Hassan Ghaziri.

Une piste a toutefois été envisagée lors du séminaire : tirer profit de la zone économique spéciale de Tripoli qui offre des exonérations fiscales pour y créer un pôle ou cluster favorisant l'innovation collaborative. « Nous pourrons encourager les entreprises technologiques à s'installer, ainsi que des centres de recherche, d'éducation et des incubateurs. Mais comme nous ne sommes pas capables de financer ce projet particulier, nous envisageons un partenariat-public privé », explique Samir Nahas, venu présenter la zone économique spéciale de Tripoli. « Il faudrait peut-être s'inspirer du modèle du Pôle Balard pour développer l'innovation collaborative » dans le cadre de Tripoli, conseille Sylvie Cogneau, responsable développement offre innovation au sein de BPIFrance. Pour cela, poursuit-elle, « il faudrait peut-être créer une petite unité au sein du pôle dédiée au financement des projets que celui-ci va mener. L'origine des financements peut être privée ou avec une participation publique au niveau de la région, car les projets du pôle vont contribuer à l'essor économique de la région qui l'accueille. »


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