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Culture - Exposition

Les lunettes noires des « moukhabarat » syriens...

La condition humaine : attente, ennui et solitude? Le sculpteur et dessinateur Mohammad Omran signe sa première exposition solo à la galerie Art on 56th.*

Dans un café, certains individus s’épient et s’observent alors que d’autres s’ignorent complètement.

C'est sous l'intitulé The Wait que l'artiste syrien Mohammad Omran expose ses dessins et sculptures à la galerie Art on 56th jusqu'au 4 mars. « Cela fait environ deux ans que je travaille sur ce thème », explique-t-il. « J'ai l'impression d'être toujours dans l'attente. En tant que syrien, dans l'attente de la fin de la guerre. En tant que père, dans l'attente de la naissance de ma fille. »

Tel un collage, la majeure partie de ses dessins représente des individus assis, seuls ou en groupe, posés sur la toile selon l'envie de l'artiste. Les lunettes noires, portées par ses personnages, apportent une dimension angoissante au dessin. « Au début, j'ai fait des lunettes à certains personnages seulement », raconte Mohammad Omran. « Je m'inspirais des moukhabarat (NDLR : agents des services de renseignements) syriens. Et puis, au fur et à mesure, c'est devenu un élément plastique. L'individu arborant les lunettes noires n'est plus forcément un moukhabarat. »

L'artiste ne revendique pas de source d'inspiration précise. « Comme tous les Syriens, je suis touché par la guerre. Mais si elle a pu affecter des travaux antérieurs, elle ne ressort pas particulièrement dans les œuvres que je présente à la galerie Art on 56th. Ici, c'est plutôt une influence, non directe, de ce que je vois au quotidien. Je représente des personnes fatiguées, déprimées, assises dans des cafés. »

Une série de dessins représente des personnes debout, en ligne, regardant le visiteur. « Cette suite montre l'attente face à la prise d'une photo. C'est une série très répétitive et en même temps à chaque fois j'ajoute quelque chose de nouveau. Par exemple, dans l'un des dessins les corps sont beaucoup plus déformés. »

Si le dessin permet à Mohammad Omran de mieux exprimer ses sentiments, c'est avec la sculpture qu'il a commencé son travail d'artiste. « Au début, mes statuettes étaient pensées séparément, précise l'artiste. Pour l'exposition, j'ai décidé de les regrouper. Neuf personnages constituent un public, quatre autres sont assis autour d'une table qui n'est pas présente et un couple se fait face sans se voir. »

Six autres sculptures, identiques cette fois, sont disposées autour d'une longue table rectangulaire. « Cette œuvre est librement inspirée de la Cène », raconte Mohammad Omran. « En plus des lunettes, les individus sont aussi représentés avec des casques. Cela accentue l'idée d'individualisme. Il ne se voient pas et ne s'écoutent pas. Pourtant, ils sont l'un à côté de l'autre. »

*« The Wait », de Mohammad Omran, jusqu'au 4 mars, à la galerie Art on 56th, Gemmayzé, rue Youssef Hayek. Tel. 01-570331.

C'est sous l'intitulé The Wait que l'artiste syrien Mohammad Omran expose ses dessins et sculptures à la galerie Art on 56th jusqu'au 4 mars. « Cela fait environ deux ans que je travaille sur ce thème », explique-t-il. « J'ai l'impression d'être toujours dans l'attente. En tant que syrien, dans l'attente de la fin de la guerre. En tant que père, dans l'attente de la naissance de ma...

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