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Économie - Éclairage

Les Français s’interrogent sur l’avenir du travail

Le socialiste Benoît Hamon propose d’établir un revenu universel d’existence pour tous « pour éradiquer la grande précarité ». Philippe Huguen/AFP

Dans un monde futur peuplé de robots et de véhicules sans chauffeur, quelle sera la place du travail ? En France, la campagne présidentielle a ouvert une réflexion sur l'évolution de la société et des valeurs de l'ère industrielle.
Le catalyseur a été la proposition d'un des candidats à la primaire de la gauche, Benoît Hamon, d'établir un revenu universel d'existence pour tous, « pour éradiquer la grande précarité et contribuer à définir un nouveau rapport au travail et au temps libre ». Un revenu qui, à terme, pourrait atteindre 750 euros (804 dollars) mensuels. Pour cet homme politique qui affronte demain l'ancien Premier ministre Manuel Valls au second tour de la primaire de la gauche, le raisonnement est simple: « La révolution numérique aura pour conséquence la raréfaction du travail. » Mais c'est plutôt « une bonne nouvelle »: on aura besoin de moins travailler pour produire ce dont on a besoin, estime-t-il.
Utopie ? Projet radical ? Qu'il soit de base ou universel, le minimum de subsistance fait son chemin dans les réflexions décorrélant travail et revenu. La France n'est pas le seul pays où progresse une idée défendue au XVIIIe siècle par le révolutionnaire américain Thomas Paine. « Il y a de très bonnes chances que nous finissions par avoir un revenu de base universel (...) à cause de l'automatisation. Je ne vois pas comment faire autrement », estime ainsi Elon Musk, patron du constructeur américain de véhicules électriques Tesla.
Après diverses expériences, souvent locales, menées dans le monde depuis les années 1970, la Finlande a décidé en décembre de lancer à titre expérimental un revenu de base pour quelque 2 000 chômeurs. À l'inverse, en juin, les Suisses ont massivement rejeté par référendum la création d'un revenu de base pour tous.

« Le travail, c'est la dignité »
En France, au nom d'une gauche « réaliste », Manuel Valls s'est dit opposé à « une société de l'assistanat et du farniente », jugeant par ailleurs que le revenu universel signerait « la ruine » du pays. Il veut « une société du travail parce que le travail, c'est la dignité ». Une conception largement répandue dans le monde où le travail reste jugé valorisant, facteur d'intégration et de lien social.
Les Français, majoritairement, sont aussi hostiles à un revenu qui serait versé à tous, de la naissance à la mort: 61 % s'y disent défavorables contre 38 % favorables, selon un récent sondage.
En matière de travail, c'est à un autre prétendant à la présidentielle, l'ancien ministre de l'Économie Emmanuel Macron, qu'ils font confiance pour « proposer de bonnes solutions », selon ce sondage. Favorable à plus de « flexibilité », il propose de moduler le temps de travail en fonction de l'âge du travailleur, considérant que la durée légale du travail de 35 heures en vigueur, « ce n'est pas assez » quand on est jeune, qu'on veut « travailler plus. »
À l'inverse, Benoît Hamon veut « encourager la réduction du temps de travail ». Alors que les entrepreneurs français voient là un handicap supplémentaire pour la compétitivité du pays, il s'agit, selon lui, de penser « à long terme », sans miser sur la croissance.
Bien que décriées, les 35 heures n'ont jamais été remises en cause depuis leur entrée en vigueur, même par le gouvernement de droite de Nicolas Sarkozy. Le conservateur François Fillon, favori de la prochaine présidentielle, s'est néanmoins prononcé pour leur suppression. Mais les Français font aussi face à un chômage endémique. La croissance – qui s'essouffle jusqu'en Chine – est faible. Et nombre d'économistes et de politiques veulent imaginer le paysage de demain.

Adam PLOWRIGHT/AFP

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