Les représentants du Fateh de Mahmoud Abbas, le président palestinien, et du Hamas se sont rencontrés à Moscou à la mi-janvier pour entamer un énième processus de réconciliation. Des représentants d'autres formations palestiniennes étaient également présents. À l'issue de cette rencontre, un accord a été annoncé, le 17 janvier, sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. Mais les visions des deux mouvements semblent pour l'instant irréconciliables.
« Un accord a été annoncé, et pour autant, aucun des sujets sensibles n'a été abordé. Par ailleurs, rien n'a changé au niveau interne », explique Leila Seurat, auteure d'une thèse sur le Hamas et chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI).
Les négociations visaient pourtant à répondre à une situation d'urgence. « L'Iran ne contribue plus financièrement et près de 50 000 fonctionnaires gazaouis ne perçoivent plus de salaire du Hamas actuellement », explique Leila Seurat. Cela rend les conditions de vie encore plus difficiles dans la bande de Gaza, où le rationnement en électricité ne cesse de s'aggraver. « On peut craindre des mouvements de protestation populaire alors que la légitimité du Hamas est déjà écornée », estime Mme Seurat.
La rencontre entre les deux principaux mouvements palestiniens fait suite à la conférence de Paris le 15 janvier 2017 sur le conflit israélo-palestinien. À l'issue de celle-ci, plus de 70 pays ont rappelé que la solution à deux États était le seul moyen pour garantir la paix. Cette déclaration unanime a été encouragée par le fait que les États-Unis se sont abstenus le 23 décembre 2016 d'opposer un veto à une résolution de l'ONU condamnant les colonies israéliennes en Cisjordanie. L'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui ne fait pas mystère de son alignement sur Israël, devrait toutefois encourager le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à continuer sa politique coloniale. Et risque de mettre le Fateh dans une position encore plus délicate, puisque le mouvement, au contraire du Hamas, prône une solution négociée à deux États. « Les Palestiniens sont extrêmement divisés et le gouvernement israélien boycotte déjà les négociations », résume Leila Seurat. Les chances de parvenir à une union nationale durable semblent ainsi assez faibles.
J. K.