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Moyen Orient et Monde - Chronique / Sur un air de campagne

Le PS est mort, vive la gauche...

Alors que se déroulaient en France les primaires de la gauche, François Hollande (sur la photo avec Isabel Allende, fille du feu président Salvador Allende) était au Chili pour une visite de deux jours. Stéphane de Sakutin/AFP

Plus encore que l'identité des deux finalistes, l'enjeu majeur de ce 22 janvier demeurait la participation. Dans les QG des candidats, on avait les yeux rivés, gonflés, cernés sur le nombre de votants au premier tour de la primaire organisée par le Parti socialiste (PS) et ses alliés.
Affaibli depuis la disparition de François Mitterrand, ce Parti socialiste était ausculté depuis des mois. Sous assistance respiratoire. En ce dimanche, la famille, les amis de la famille ou ce qui en reste étaient donc « rassemblés », pour la forme, autour du corps. Et, comme pour échapper au scénario catastrophe de la mort annoncée du PS, les sept candidats s'en remettaient à cet ultime espoir : la participation. Ce pouls qui fait trembler le cardiaque. Fébrilement, dans les antichambres, on espérait toujours qu'une participation forte serait l'ultime électrochoc. D'aucuns se faisaient des cheveux blancs, tandis que d'autres se les arrachaient.
Puis, ce fut le silence. Un silence mort. Ils sont apparus. Des médecins qui entrent dans la salle d'attente. La famille suspendue aux lèvres des « sachants ». Thomas Clay, président de la haute autorité, et Christophe Borgel, président du comité d'organisation, annonçaient la participation à midi. « Sur 63 % des bureaux... 400 000 votants, ce qui nous donnerait 600 000 votants en cas d'extrapolation. » Et Christophe Borgel d'ajouter, dans un dernier souffle : « Il y a du monde dans les bureaux de vote de la primaire. Il y a une montée en puissance du vote. » Ça manquait de conviction. Tout le monde avait compris.
Les ultimes bidouilleurs tapaient encore frénétiquement sur leur calculette. Comme pour se donner bonne conscience, dans quelques vestibules, on calculait encore... On comparait. On analysait, avec ou sans pincettes, les chiffres de 2011. Il y a cinq ans, 745 000 personnes s'étaient déplacées à 13h dans 75 % des bureaux. Avec la même extrapolation qu'aujourd'hui, on aurait atteint 990 000 votants au total à la mi-journée. On pouvait toujours extrapoler... Le PS, ce tigre de papier, était en train de rendre l'âme. Plus la peine d'attendre les chiffres de 17h ou de 20h...
Tout était écrit. Il fallait juste se souvenir que dans Un président ne devrait pas dire ça... François Hollande avait confié aux auteurs qu'en 2015 il a souhaité la disparition du PS : « Il faut un acte de liquidation. Il faut un hara-kiri... Il faut liquider le PS pour créer le parti du Progrès. »
Cette primaire, pour Hollande, n'est donc pas une chose qu'il convient de prendre au sérieux. D'ailleurs, n'est-il pas en déplacement officiel au Chili, en plein désert d'Atacama, parmi les plus arides du monde, par 50 degrés ?
François Hollande veut affirmer aux yeux du monde que l'enjeu historique dépasse cette petite question d'actualité. Il veut laisser une trace dans l'histoire. Il veut être celui qui a métamorphosé la gauche. François Hollande a tué le PS, mais il laisse aux autres la responsabilité d'enterrer le cadavre.
Le PS est mort, vive la gauche...

*Frédéric Picard est rédacteur en chef du Figaro.fr

Plus encore que l'identité des deux finalistes, l'enjeu majeur de ce 22 janvier demeurait la participation. Dans les QG des candidats, on avait les yeux rivés, gonflés, cernés sur le nombre de votants au premier tour de la primaire organisée par le Parti socialiste (PS) et ses alliés.Affaibli depuis la disparition de François Mitterrand, ce Parti socialiste était ausculté depuis des...

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