Des combats entre l'armée yéménite soutenue par l'aviation d'une coalition arabe et les rebelles ont fait près de 70 morts en 24 heures dans l'ouest du pays en guerre, où le pouvoir tente de briser le statu quo militaire.
Depuis la reconquête en juillet 2015 de cinq provinces du sud du Yémen, les forces loyales au président sunnite Abd Rabbo Mansour Hadi piétinent face aux rebelles chiites Houthis qui contrôlent encore de vastes régions du pays dont la capitale, malgré l'aide cruciale d'une coalition arabe sous commandement de l'Arabie saoudite voisine.
Plus de 150 combattants ont péri depuis le lancement le 7 janvier par les forces gouvernementales d'une vaste offensive, avec l'aide de l'aviation et de la marine de la coalition arabe, dans la région de Dhubab (sud-ouest), à 30 km du détroit stratégique de Bab Al-Mandeb, séparant la mer Rouge de l'océan Indien.
Selon des sources militaires, l'objectif est de reprendre aux rebelles chiites Houthis, soutenus par les partisans de l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh, les zones longeant la mer Rouge sur 450 km, dont les villes de Mokha, Hodeida et Midi, près de la frontière saoudienne.
Les combats continuaient de faire rage dimanche dans la région de Mokha, où les rebelles et leurs alliés ont perdu 52 hommes dans les combats et les raids aériens, selon des sources médicales et de sécurité.
Les rebelles ont transporté 38 morts samedi et 14 dimanche à l'hôpital militaire de Hodeida, la grande ville portuaire sous leur contrôle, a déclaré à l'AFP une source médicale, outre 55 rebelles blessés.
Dans le camp des forces loyalistes, 14 soldats ont été tués et 22 blessés, selon des sources médicales à Aden (sud), où siège le gouvernement de M. Hadi.
L'émissaire de l'ONU à Sanaa
Des avions de combat et des hélicoptères d'attaque Apache de la coalition arabe mènent une intense campagne de frappes en soutien aux forces pro-Hadi qui tentent de reprendre Mokha, ont indiqué des sources militaires. Les pro-Hadi se trouvaient dimanche à une dizaine de kilomètres de cette ville.
La progression des forces loyalistes dans la zone est rendue difficile par les mines posées par les rebelles autour de Mokha, selon les sources militaires.
La guerre au Yémen, déclenchée après la conquête par les rebelles d'une grande partie du territoire et l'intervention militaire de la coalition arabe pour aider le pouvoir à les stopper a fait plusieurs milliers de morts et provoqué une très grave crise humanitaire.
Les insurgés, originaires du Nord, et leurs alliés contrôlent toujours la capitale Sanaa, conquise en septembre 2014, et de vastes territoires du nord, du centre et de l'ouest du Yémen.
Le président Hadi et son gouvernement, rentrés en 2016 de leur exil en Arabie saoudite, se sont installés à Aden (sud), déclarée capitale "provisoire", et y ont transféré la Banque centrale depuis Sanaa.
Dans une nouvelle tentative de trouver une solution à ce conflit oublié après l'échec de plusieurs sessions de négociations, le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed est arrivé dimanche à Sanaa pour s'entretenir avec des responsables rebelles.
Jihadistes tués par des drones
Lundi dernier, l'émissaire onusien a rencontré M. Hadi à Aden pour lui présenter "les dernières propositions pour la paix", après le rejet par le président yéménite de sa dernière feuille de route. Celle-ci prévoit un nouveau gouvernement d'union et un retrait des rebelles de Sanaa et d'autres villes, mais aussi une réduction importante des pouvoirs présidentiels au profit d'un vice-président chargé de superviser la formation d'un gouvernement provisoire pour diriger le pays dans l'attente d'élections.
L'émissaire onusien doit ensuite rendre compte de sa mission devant le Conseil de sécurité.
Depuis mars 2015, plus de 7.400 personnes ont été tuées et près de 40.000 blessées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais un coordinateur humanitaire de l'ONU, Jamie McGoldrick, a avancé cette semaine un bilan de 10.000 civils tués.
Profitant du chaos dans le pays, les groupes jihadistes el-Qaëda et Etat islamique (EI) ont renforcé leur présence dans le sud et le sud-est et lancé plusieurs attentats sanglants.
Ces trois derniers jours, sept membres du réseau el-Qaëda ont été tués dans des attaques de drone probablement américaines dans le centre du Yémen, selon des sources de sécurité.
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