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Le Liban en 2016 - Rétro 2016 - Musique

Les flonflons d’une fête, douze mois durant...

Abir Nehmé et les choristes de l'association Sader à l'église Saint-Élie pour Beirut Chants...

Dans une ville amputée de ses structures fondamentales, la culture, aux antipodes d'une réalité sociale déglinguée, cartonne. Et bat les records d'audience et de fréquentations. Et dépasse même l'entendement. Beyrouth, plus que jamais Suisse et plaque tournante de l'Orient, tant cette frénésie culturelle, paradoxalement, emboîte le pas aux capitales les plus évoluées et sophistiquées de la planète. Surtout en ce qui concerne la musique – classique, notamment...

Pour commencer cette éruptive kyrielle de festivals d'été, rien que le triumvirat Baalbeck-Beiteddine-
Byblos, qui propose des noms d'artistes prestigieux. Même si vieux routiers encore au-devant de la scène et étoiles clignotantes (Grace Jones, Maxime Le Forestier, Mika) font encore bon ménage dans un panel pour tous les goûts. Et quand vient la saison d'hiver, le Festival d'al-Bustan prend le relais.
Ainsi, en 2016, quand on parle musique, ont brillé dans le firmament libanais le violon de Renaud Capuçon, le violoncelle d'Edgar Moreau et le piano de Gloria Campaner. Ce qui n'est pas rien. L'orgue a pointé du nez et ses claviers ont tonné dans un festival inédit pour le roi des instruments un peu en état de pauvreté dans la région. Devant son buffet, se sont succédé Simone Veber, Daniel Matrone et Naji Hakim.
Plus proche de la fin 2016, vingt-trois jours successifs de musique ininterrompue au centre-ville dans une atmosphère festive avec Beirut Chants. Avec des entrées libres pour des têtes d'affiche haut de gamme. Un exploit, une prouesse, quand tous les organisateurs ronchonnent et dont certains jouent aux tristes Cassandre. Et le public, très nombreux, a joyeusement répondu à la généreuse invitation.
On salue la prestation au-dessus de tout éloge au clavier du jeune et éblouissant Coréen Seong-jin Cho (Prix compétition Chopin); les improvisations à caractère exploratoire au piano, mis à rude épreuve (avec le traficotage des cordes et des marteaux non sans rappeler Zad Moultaka à l'action), du bouillonnant Rami Khalifé; les imparables coups d'archet du Quartet Kodaly, du quatuor Modigliani et les envolées lyriques de la soprane Carmen Giannatasio.

De récitals de piano aux tournées de chant, en passant par les houles orchestrales – saluons l'Orchestre philharmonique libanais toujours régulièrement à la tâche pour des vendredis soir où la musique n'est que moment de choix, et des mardis soir, avec le Conservatoire national supérieur de musique, où la musique de chambre, malgré certains hauts et bas, a toutefois bravement tenté une présence sélective sous les spots – la musique, avec un grand M, a de toute évidence une place prioritaire dans les événements culturels. L'année 2016 n'a définitivement pas dérogé à cette tradition, bien au contraire. Que les grincheux rangent leurs doléances, s'il y en a: en plaçant la barre bien haut, elle s'est même parfois surpassée...

Dans une ville amputée de ses structures fondamentales, la culture, aux antipodes d'une réalité sociale déglinguée, cartonne. Et bat les records d'audience et de fréquentations. Et dépasse même l'entendement. Beyrouth, plus que jamais Suisse et plaque tournante de l'Orient, tant cette frénésie culturelle, paradoxalement, emboîte le pas aux capitales les plus évoluées et...