Avec le début du chantier de la relance de l'État et de la redynamisation des institutions, les responsables, notamment sur le plan de la sécurité, guettent de très près les développements en cours sur la scène syrienne, surtout depuis l'accord de Moscou, qui pourraient avoir des retombées sur la situation au Liban. Certaines parties lésées par la trêve obtenue en Syrie et par la reprise des négociations pourraient trouver au Liban un terrain favorable pour faire pression sur la communauté internationale et empêcher toute solution, par le biais de la déstabilisation. D'où la nécessité de rester mobilisé face à toute tentative de ce genre, souligne une responsable sécuritaire.
Sur le territoire syrien, Moscou et Ankara chercheraient à coopérer pour imposer le cessez-le-feu et mettre fin aux violations, après le gel par les groupes de l'opposition de leur participation aux négociations d'Astana (Kazakhstan) si le régime et les milices qui lui sont alliées ne cessent pas d'exploiter cette trêve pour continuer à grignoter du terrain dans les régions contrôlées par les rebelles. Les réunions russo-turques, notamment au niveau sécuritaire, ont débouché sur la mise en place d'un mécanisme obligeant les belligérants à respecter le cessez-le-feu. L'Iran, le régime Assad et les milices qui combattent à ses côtés persistent en effet à poursuivre le combat pour en finir avec les rebelles, cessez-le-feu ou pas, une décision qui dérange les deux principaux protagonistes de l'accord de Moscou. Une réunion aurait eu lieu entre responsables russes et iraniens pour régler ce problème.
Moscou et Ankara s'emploient ainsi à faire respecter la trêve dans la perspective des négociations prévues le 28 janvier à Astana, et les forces russes ont déjà retiré 35 % de leurs troupes, ce qui signifierait que la Russie n'approuverait pas les violations que le régime et ses alliés sont en train de commettre. Moscou aurait par ailleurs contribué à la formation de la délégation de l'opposition syrienne qui prendra part aux négociations d'Astana, sous la présidence de Riad Hijab. Une réunion devrait également avoir lieu à Hmeimim, en Syrie, sous l'impulsion de la Russie, en présence de représentants du régime et des Kurdes, pour mettre sur pied la délégation qui représentera Bachar el-Assad. La Turquie a en effet refusé qu'une délégation kurde indépendante participe aux négociations. Ankara a également coordonné avec Moscou pour exclure tous les combattants étrangers des négociations, aussi bien du côté du camp loyaliste (pasdaran, Hezbollah, etc.) que de l'opposition. Toutes ces questions seraient abordées dans le cadre des réunions entre responsables russes et iraniens d'une part, et russes et turcs de l'autre, pour imposer le respect du cessez-le-feu et garantir le succès des négociations d'Astana sous le parrainage de ces trois puissances. La reprise des négociations au Kazakhstan constituera l'étape numéro un pour le rétablissement du dialogue entre le régime et l'opposition, avant la relance des pourparlers à Genève, afin que les États-Unis, l'Europe et les pays arabes – l'Arabie saoudite et le Qatar surtout – y prennent part. Si le départ d'Assad n'est plus une condition sine qua non pour la reprise du dialogue, le dictateur syrien ne fera pas partie de la solution et n'aura aucun rôle à jouer dans la Syrie de demain, indiquent des sources diplomatiques bien informées. Des réunions devraient d'ailleurs avoir lieu cette semaine entre responsables sécuritaires russes et américains en Syrie.
Face à toutes ces données, des milieux politiques relèvent que le Hezbollah a adopté une politique d'ouverture vis-à-vis des autres composantes libanaises, dans la perspective d'arrondir les angles. Des rencontres auraient lieu loin du feu des projecteurs entre responsables du parti chiite et d'autres partis pour briser la glace. Force est de constater, dans ce cadre, comme l'a dit le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, que le Courant patriotique libre constitue désormais une sorte de passerelle entre les forces politiques, notamment le Hezbollah et les Forces libanaises. Les contacts entre ces deux formations ont commencé durant les élections municipales de Zahlé, et perdurent depuis, sans interruption. Outre les bonnes intentions manifestées par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, vis-à-vis des FL lors de sa dernière intervention télévisée, et les propos positifs de la délégation du parti chiite à Bkerké durant les fêtes, une rencontre a regroupé les ministres du Hezb et des FL avant la première réunion du Conseil des ministres, en décembre.
Le Hezbollah aurait pris la décision de tendre la main à ses partenaires internes, compte tenu des développements syriens et des pressions effectuées pour le retrait des milices étrangères de Syrie. Une nouvelle étape s'annonce donc, et le parti chiite souhaite couper d'ores et déjà court à tout débat sur son arsenal. Puisqu'il est en effet question d'un retour à la table de dialogue pour discuter de la stratégie de défense nationale, comme l'a annoncé le Premier ministre Saad Hariri, après la refondation des équilibres à cette table, après la dislocation des 14 et 8 Mars.
Liban - L’éclairage
La politique d’ouverture du Hezbollah vise à parer à tout débat sur son arsenal
OLJ / Par Philippe Abi-Akl, le 05 janvier 2017 à 00h00
commentaires (5)
"Arsenal" ! Quel "arsenal" ? Celui en Tanaks et/ou en tôles Per(s)cées car rouillées !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 31, le 06 janvier 2017