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À La Une - France

En Bourgogne, des réfugiés syriens préparent leur premier réveillon de restaurateurs

Cesar et Rima Asfar, couple catholique syriaque, tient l'établissement "Délices d'Alep" à Tournus.

César et Rima Asfar, dans la cuisine de leur restaurant "Délices d'Alep", à Tournus, en Bourgogne, le 29 décembre 2016. AFP / JEFF PACHOUD

Pour ce couple de réfugiés syriens, reconvertis dans la restauration, ce réveillon du Nouvel An marque un aboutissement: ils accueilleront des convives aux "Délices d'Alep", leur établissement tout juste ouvert dans le centre-est de la France.

"Les spécialités culinaires d'Alep sont reconnues dans le monde entier", dit fièrement César Asfar, dont le restaurant de spécialités levantines a démarré mercredi à Tournus, en Bourgogne. En cuisine, César prépare taboulé, baba ghanouj, falalel, chawarma et autre knafeh qui composent la carte. Sa femme Rima assure le service en salle. Les murs sont décorés des photos de leur ville d'origine, l'une des plus belles de Syrie avant qu'elle ne soit ravagée par des années de guerre civile.

Rima y enseignait alors les arts plastiques, tandis que son mari était directeur commercial d'un groupe japonais et organisateur d'événements familiaux. Mais fin 2014, la vie est devenue trop dure pour rester à Alep, divisée entre quartiers rebelles et d'autres tenus par le régime du président Bachar el-Assad. "Nous avons perdu notre travail et la maison que nous faisions construire", explique Rima, qui évoque également le danger au quotidien, les bombardements sur la ville, les hôpitaux, les écoles...

Le couple de trentenaires s'envole alors pour la France avec ses deux jeunes enfants, munis d'un simple visa touristique. Dans l'avion, ils n'ont aucune idée de ce qui les attend. "On voulait une seule chose: trouver du travail, n'importe quel travail pour offrir un avenir meilleur à nos enfants". Les Asfar séjournent quelques semaines en région parisienne puis à Nancy (est), avant de trouver un logement à Toul (est). Plusieurs associations viennent en aide à ces chrétiens d'Orient et, six mois après leur arrivée, ils obtiennent le statut de réfugiés.

 

(Lire aussi : Dans un camp grec, un ex-chef syrien sert les saveurs de Damas aux résidents)

 

"Dieu merci !"
Rima parle très bien le français qu'elle a appris en Syrie. César, lui, doit apprendre. Les mois passent mais ils ne trouvent pas de travail. "Nous étions fatigués de chercher et stressés pour l'avenir", se remémore la jeune femme.

C'est en août que le couple découvre sur internet l'annonce d'un restaurant à céder. Les anciens propriétaires souhaitent que les repreneurs soient des personnes dans le besoin, à la recherche d'un travail. César sait cuisiner mais les candidatures sont très nombreuses. "La réponse a été positive pour nous, Dieu merci!", s'enthousiasme le couple catholique syriaque.

Ensuite, les choses s'enchaînent rapidement. La famille a besoin d'un logement. Le père Jacky de la cathédrale de Toul contacte son homologue de l'Abbaye Saint-Philibert de Tournus, le père Oudot, pour solliciter son aide. "Une dame de la paroisse avait justement un logement vacant à louer", se rappelle ce dernier. La famille emménage début décembre et ses jumeaux âgés de 3 ans et demi sont tout de suite inscrits à l'école.

Après quelques travaux de rafraîchissement, l'établissement doté d'une vingtaine de places est prêt en trois semaines. Dès les premiers jours, l'accueil est bienveillant. Une commerçante leur apporte un bouquet de fleurs, tandis que deux clients font le déplacement depuis la ville voisine de Chalon-sur-Saône pour venir goûter leurs mets.

Pour les fêtes de fin d'année, les parents de Rima ont réussi à leur rendre visite à Tournus. Eux vivent toujours dans la partie Ouest d'Alep, qui a toujours été tenue par le régime, mais leurs trois enfants sont partis à l'étranger. "Nous avons un fils à Toulouse (sud de la France) et un autre à Beyrouth". Malgré l'éloignement, ils ne regrettent pas le choix de leurs enfants. "On sait qu'ils sont en sécurité. En Syrie, ce n'était pas le cas. Rima et César ont vu tomber un obus à 40 mètres d'eux".
Mais aujourd'hui, la page semble tournée. "Nous sommes très heureux. Maintenant, nous avons l'espoir d'une vie meilleure", confie le couple.

 

 

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