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Moyen Orient et Monde - Reportage

Quand l’armée syrienne réquisitionne de nouvelles recrues à Alep-Est

Un militaire s’adressant à un groupe de jeunes recrues détenues dans une base à Alep. Véronique Kiss/AFP

Parti sans se méfier faire des courses pour la première fois dans un quartier tenu par le régime à Alep, Mohammad Walo est passé par un barrage militaire: depuis, il est retenu dans un centre d'entraînement de l'armée syrienne.
« Au point de contrôle, ils m'ont dit que je faisais partie des réservistes », témoigne le jeune technicien de 35 ans, veste de cuir sur les épaules. C'était la première fois qu'il quittait son quartier de Hellok, autrefois sous contrôle rebelle, pour se rendre dans le secteur du gouvernement.
Au moment où le régime de Bachar el-Assad a repris un à un les quartiers rebelles d'Alep, l'exode massif de dizaines de milliers de civils fuyant le secteur vient grossir les rangs de l'armée, se félicite le général Habib Safi, chef de la police militaire d'Alep. Dans ce centre de la police militaire dans l'ouest de la métropole, plus de 200 hommes de tout âge suivent un entraînement rigoureux aux côtés de M. Walo avant d'entamer leur service militaire ou intégrer la réserve de l'armée, appelée en renfort en temps de crise.
Tous ont un point commun: ils sont originaires des quartiers de l'Est, repris par l'armée lors d'une offensive foudroyante lancée à la mi-novembre.
Pour l'armée saignée à blanc, c'est une aubaine. Elle qui comptait 300 000 hommes dans ses unités combattantes en 2011 a vu ses effectifs baisser de moitié en raison des morts et des défections.
« Il est évident que l'armée syrienne ne peut pas être aussi forte qu'elle l'était avant. (...) Nous avons tellement de martyrs, tellement de soldats handicapés », a reconnu le président Assad mercredi lors d'un entretien avec la chaîne de télévision russe d'État RT. Quelque 60 000 soldats syriens ont été tués depuis le début du conflit, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

700 recrues
« La libération des quartiers de l'Est fournit des jeunes à l'armée arabe syrienne », lance fièrement le général Safi, montrant d'un geste de la main les 220 conscrits qui se tiennent devant lui dans la cour du centre militaire. Selon lui, l'armée a recruté « près de 700 personnes après le début des combats dans l'est d'Alep, et le nombre augmente ». Car pour être autorisé à quitter l'Est et rejoindre l'Ouest, les hommes sont soumis à de stricts contrôles de sécurité pour détecter les insoumis, déserteurs, ou tout individu recherché par la justice. Ceux qui sont retenus par l'armée passent une semaine dans un centre spécialisé où ils suivent des entraînements.
En Syrie, les hommes de plus de 18 ans doivent effectuer un service militaire obligatoire pouvant aller jusqu'à deux ans, avant d'être automatiquement inscrits sur les listes des réservistes. Des exemptions existent, pour les fils uniques, les personnes atteintes d'un handicap ou ceux qui subviennent aux besoins de leurs familles. Les Nations unies s'étaient inquiétées de la possible disparition de centaines d'hommes ayant quitté les quartiers est pour rejoindre le secteur du gouvernement. Et une commission d'enquête indépendante de l'Onu évoquait mercredi des « conscriptions forcées ».

Visites familiales
Les nouvelles recrues à qui l'AFP a parlé, en présence de responsables de sécurité, ont assuré qu'elles étaient bien traitées.
« Je savais que je devais faire mon service militaire, mais j'avais peur », confie le jeune Mohammad Ali, 19 ans. « Mais quand j'ai vu comment ils nous traitaient (à la sortie d'Alep-Est), je me suis rendu », ajoute le jeune adolescent. « Je n'ai jamais pris les armes, précise M. Ali. Je vendais de l'eau dans une citerne fixée sur le toit de ma voiture. »
Et à l'extérieur du centre militaire, des dizaines de femmes et d'enfants attendent avec impatience leur tour pour revoir un fils ou un mari. « On ne savait pas qu'il était réserviste », déplore Iftikhar Labad, 45 ans, venue voir son fils Ahmad, arrêté il y a deux semaines par l'armée à sa sortie du quartier de Tariq el-Bab. « Que Dieu le protège, soupire Mme Labad, tenant dans ses bras son petit-fils, encore bébé. Si Dieu le veut, la guerre prendra bien fin et ils rentreront dans leurs foyers auprès de leurs enfants. »
Amine Derzi est lui aussi venu voir son fils. Âgé de 27 ans, il a été interpellé à sa sortie du quartier de Salhine. Et enrôlé, même s'il a été amputé de tous les doigts d'une main après avoir été gravement blessé par une roquette il y a deux ans. « Il a été soigné, mais il a besoin de prendre des médicaments et je suis venu les lui apporter », explique-t-il.
Youssef KARWASHAN/AFP

Parti sans se méfier faire des courses pour la première fois dans un quartier tenu par le régime à Alep, Mohammad Walo est passé par un barrage militaire: depuis, il est retenu dans un centre d'entraînement de l'armée syrienne.« Au point de contrôle, ils m'ont dit que je faisais partie des réservistes », témoigne le jeune technicien de 35 ans, veste de cuir sur les épaules....
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