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Liban - L’éclairage

Derrière le blocage, une série d’appréhensions et de calculs

Il n'y a pas que le conflit autour de la distribution des portefeuilles ministériels qui bloque la naissance de l'équipe Hariri, une équipe qui, comme on le sait, a une durée de vie très limitée et dont la principale tâche est de préparer et de superviser les législatives de mai prochain.

La répartition des ministères entre les différents courants politiques n'est en fait que la partie visible de l'iceberg. En dessous, se cachent une multitude d'autres raisons, en rapport notamment avec l'avenir politique de ces courants, compte tenu du bouleversement des alliances qui a précédé l'élection, le 31 octobre dernier, du fondateur du CPL, le général Michel Aoun, à la tête de la République.

Quel avenir pour les Marada et les Kataëb face au nouveau binôme chrétien représenté par le CPL et les FL ? Qui sera le successeur de Michel Aoun : Samir Geagea ou Sleiman Frangié ? L'alliance sunnito-chrétienne peut-elle rogner les ailes du tandem chiite ? Quelle sera la politique étrangère du nouveau régime ?

Pour résumer, ce sont les incertitudes, la méfiance et les craintes qui retardent principalement la mise en place du gouvernement et qui expliquent surtout le fait que le chef du CPL et ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, s'est employé hier à rassurer le Hezbollah sur le maintien de son alliance avec lui, scellée à travers le document d'entente du 6 février 2006. Il a dans le même temps expliqué les motifs de l'alliance avec les Forces libanaises et le courant du Futur, mais pas un mot sur les Marada.

Dans les milieux des Marada, on considère que le conflit ne porte pas sur la participation ou non du parti de Sleiman Frangié au gouvernement ou sur l'importance du ministère qui lui sera confié. Le problème est d'ordre foncièrement politique, existentiel, les Marada redoutant sérieusement une tentative de les éliminer politiquement à travers l'alliance du binôme chrétien et des familles zghortiotes, notamment les Moawad, aux prochaines législatives. Les proches de Sleiman Frangié assurent que le parti ne se pose pas en obstacle devant la formation du gouvernement, et rappellent que les représentants des Marada, reçus par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, avaient manifesté une volonté de coopérer pour accélérer la naissance de la nouvelle équipe ministérielle. C'est alors que M. Hariri leur avait demandé quel portefeuille ils souhaiteraient obtenir. Ils avaient répondu : l'Énergie, les Télécoms ou les Travaux. Il leur avait ensuite demandé s'ils accepteraient l'Éducation ou l'Environnement si jamais il lui serait impossible de leur attribuer un des trois ministères convoités avant d'ajouter qu'il souhaite en discuter au préalable avec le président de la Chambre. En d'autres termes, il ne leur a proposé aucun portefeuille.

Les Marada ont ensuite eu vent de l'alliance du chef du Mouvement de l'indépendance, Michel Moawad, avec le CPL et les Forces libanaises, dans la perspective des prochaines législatives et estiment que le chef du CPL leur doit des explications à ce sujet. Cette alliance a eu pour effet de creuser davantage le fossé entre les deux anciens alliés chrétiens du 8 Mars, au point que certains estiment que la détérioration des relations entre eux a atteint un point de non-retour, dans la mesure où elle n'a fait que s'ajouter à d'autres facteurs qui sont entrés en jeu. Après l'accession du général Aoun à Baabda, une nouvelle donne a effectivement émergé, celle du leadership de la rue chrétienne à laquelle s'est paradoxalement associé le tandem chiite. Au moment où, dans les milieux des FL et du CPL, on estime que Samir Geagea devrait tout naturellement succéder à Michel Aoun, à Aïn el-Tiné et dans la banlieue sud, on considère que le prochain président de la République sera immanquablement Sleiman Frangié.

Sur une échelle plus réduite, le conflit autour du leadership chrétien du Liban-Nord et notamment de Batroun – ville d'origine de Gebran Bassil, où Sleiman Frangié appuie désormais Boutros Harb et les Kataëb – complique lui aussi la composition du gouvernement, d'autant que Saad Hariri souhaite ne pas s'impliquer, du moins pour le moment, dans des considérations interchrétiennes régionales.

Une autre source de complication est celle des appréhensions nourries par le tandem chiite et les partis qui gravitent dans l'orbite syrienne, face aux positions adoptées par le nouveau régime vis-à-vis des événements dans la région et qui semblent en particulier inquiéter la Syrie, selon les visiteurs de Damas.

De mêmes sources, on souligne que la politique du nouveau régime, avec le dossier d'Alep, ont été les deux principaux sujets à l'ordre du jour de la réunion qu'ont tenue il y a deux semaines à Damas le président syrien Bachar el-Assad et le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Cette réunion pourrait expliquer des tentatives de rabibochage, illustrées par la réunion de franche explication, à l'initiative du Hezbollah, entre Gebran Bassil et le responsable de liaison de la formation chiite, Wafic Safa. Après-demain, vendredi, Hassan Nasrallah doit prononcer un discours qui va, selon des sources informées, dans le même sens et dans lequel il pourrait avancer, selon des sources politiques, des idées pour débloquer le dossier gouvernemental.
L'idée principale derrière cette nouvelle dynamique serait de reconstituer les rangs du 8 Mars, à commencer par les rapports entre Rabieh et Bnechii.

 

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Il n'y a pas que le conflit autour de la distribution des portefeuilles ministériels qui bloque la naissance de l'équipe Hariri, une équipe qui, comme on le sait, a une durée de vie très limitée et dont la principale tâche est de préparer et de superviser les législatives de mai prochain.
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commentaires (2)

Un Libanais monte au Ciel. Il présente ses papiers à Saint-Pierre. Ce dernier lui dit : Ca va au Liban ? Le Libanais lui répond : Le Président de la République est Michel Aoun, son gendre Gébran Bassil est le Président-bis.

Un Libanais

11 h 52, le 07 décembre 2016

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Commentaires (2)

  • Un Libanais monte au Ciel. Il présente ses papiers à Saint-Pierre. Ce dernier lui dit : Ca va au Liban ? Le Libanais lui répond : Le Président de la République est Michel Aoun, son gendre Gébran Bassil est le Président-bis.

    Un Libanais

    11 h 52, le 07 décembre 2016

  • APPREHENSIONS... INTIMIDATIONS... SALLETS ET ULTIMATUMS... IL FAUT Y METTRE UN TERME ! LE TEMPS EST PROPICE AUX GRANDES DECESIONS D,EMANCIPATION ET DE REJECTION... ALLEZ LA BOUSSOLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 24, le 07 décembre 2016

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