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À La Une - Italie

Matteo Renzi en sursis de quelques jours

Le président italien Sergio Mattarella a demandé au chef du gouvernement de reporter sa décision jusqu'au vote définitif de la loi de finances 2017.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi arrivant au siège de la présidence italienne à Rome, le 5 décembre 2016. REUTERS/Max Rossi

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a gagné lundi quelques jours de sursis avant sa démission attendue, afin de ne pas laisser l'Italie sans budget, au lendemain de l'échec de son référendum constitutionnel.

Après un conseil des ministres qui a duré à peine dix minutes, Matteo Renzi, 41 ans, avait remis lundi soir son sort entre les mains du président Sergio Mattarella, chef d'Etat discret qu'il a rencontré une demi-heure au Quirinale, siège de la présidence italienne.
M. Mattarella, 75 ans, a pris acte de la volonté du jeune président du Conseil de démissionner, mais lui a aussitôt demandé de reporter sa décision jusqu'au vote définitif de la loi de finances 2017, selon un communiqué de la présidence.

Ce vote devant le Sénat, après un premier vote déjà acquis à la Chambre des députés, pourrait avoir lieu avant la fin de la semaine, selon les médias italiens. "Mon expérience de chef de gouvernement s'arrête là", avait sobrement résumé dans la nuit M. Renzi (centre gauche), avant même que les 59,11% de non à "sa" réforme constitutionnelle soient officiels. "J'ai perdu, j'en prends toute la responsabilité".
Une fois ce budget définitivement adopté, M. Mattarella devrait nommer un gouvernement "technique", chargé principalement de réformer la loi électorale.

Au grand dam des populistes du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue du Nord qui ont réclamé une dissolution immédiate du Parlement.
"Les Italiens doivent être appelés à voter le plus rapidement possible", a martelé Beppe Grillo, chef du M5S, sur son blog. "Première force politique du pays, nous sommes prêts à faire toutes les démarches nécessaires pour arriver à des élections", a-t-il ajouté. "A partir de la semaine prochaine, nous commencerons à voter sur internet notre programme de gouvernement et ensuite sur notre équipe", a-t-il poursuivi.
Même discours du côté de la Ligue du Nord, mouvement anti-euro et anti-immigration, dont le leader Matteo Salvini a lui aussi réclamé des élections au plus vite.

Selon les derniers sondages, le M5S pourrait remporter la majorité à la Chambre des députés, porté par le même malaise qui a poussé au vote du Brexit au Royaume-Uni, à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis ou encore aux 47% obtenus dimanche par l'extrême droite en Autriche.

Mais la loi électorale actuelle, adoptée en mai 2015, ne prévoit de prime majoritaire que pour la chambre basse. L'échec de la réforme constitutionnelle maintient tous ses pouvoirs à un Sénat qui reste élu à la proportionnelle, ce qui risque de rendre le pays ingouvernable.
Les autres formations politiques, majoritaires au Parlement actuel, semblaient s'accorder sur la nécessité d'une nouvelle réforme électorale, dont les contours restent incertains.

 

 

 

'Démocratie solide'
Plusieurs noms circulaient pour prendre la suite de M. Renzi, dont son ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, ou encore le président du Sénat, Pietro Grasso.

Face à ces incertitudes, les partenaires européens et les marchés financiers redoutent une nouvelle phase d'instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro, à l'heure où ses banques montrent d'inquiétants signes de faiblesse. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Franck-Walter Steinmeier, a ainsi relevé que la victoire du non n'était "pas un message positif pour l'Europe en ces temps difficiles".

Lundi, la Bourse de Milan était en légère baisse, mais les autres bourses européennes ont globalement progressé. L'euro s'est repris après avoir plongé dans la nuit à son niveau le plus faible depuis mars 2015.
"Le non avait déjà été en grande partie pris en compte", a expliqué l'économiste Lorenzo Codogno.

Arrivé au pouvoir en février 2014, Matteo Renzi laisse derrière lui une Italie ayant renoué avec la croissance, mais pas suffisamment pour changer la donne dans le pays. Lundi en début d'après-midi, il a diffusé sur les réseaux sociaux une série de 45 fiches présentant son bilan - réforme du travail, unions civiles... - avec ce commentaire: "Mille jours difficiles mais beaux. Merci à tous, vive l'Italie".
Arrivé sur un programme de réformes tous azimuts et de renouvellement de la classe politique, il a vite usé son message volontariste inspiré du "Yes we can" de Barack Obama.

 

 

 

Ce qu'il fallait savoir sur le référendum

 

Les Italiens se prononçaient dimanche par référendum sur une réforme constitutionnelle négociée et portée par le chef du gouvernement, Matteo Renzi.


Voici cinq choses à retenir sur ce référendum:

- Sur quoi votaient les italiens Ils se prononçaient sur une réforme de la constitution qui prévoit essentiellement de réduire les pouvoirs du Sénat, doté actuellement des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés. Si le oui l'avait emporté, le sénat n'aurait plus voté la confiance au gouvernement et ne se serait plus prononcé que sur les lois constitutionnelles, la participation de l'Italie à l'UE ou la protection des minorités linguistiques. De 315 membres élus au scrutin universel, il serait passé à 100 membres nommés.
La réforme limitait aussi les attributions des régions et supprimait les 110 provinces, des entités territoriales intermédiaires entre les 20 régions et les 8.000 communes.

- Ceux qui votaient oui : M. Renzi, son Parti démocrate (PD, centre-gauche) et son allié du Nouveau centre-droit (NCD), soutenus par d'anciens chefs du gouvernement comme Romano Prodi et Enrico Letta, assuraient que la réforme mettrait fin à la valse des gouvernements --60 depuis l'instauration de la République en 1948-- et au ping-pong législatif entre les deux chambres.
Le patronat mais aussi des personnalités du sport ou du spectacle, ou encore des dirigeants étrangers comme Barack Obama et Angela Merkel, estimaient, à des degrés divers, que la réforme moderniserait l'Italie et représenterait un pas dans la bonne direction.

- Ceux qui votaient non : Les opposants à la réforme allaient de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, en passant par les populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord mais aussi par le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi (centre-droit, qui avait pourtant négocié la réforme avec M. Renzi) et des "frondeurs" du PD.
Tous dénonçaient un risque de concentration des pouvoirs entre les mains du chef du gouvernement et une remise en question du délicat équilibre des pouvoirs mis en place en 1948 après le traumatisme du fascisme.
Leur principal dénominateur commun semblait être la volonté d'obtenir la démission de Matteo Renzi.

 

- Des élections anticipées en cas de non ? Ce n'est pas automatique, et en tout cas pas avant une réforme de la loi électorale en cours à la Chambre des députés. Parallèlement à la réforme constitutionnelle, le gouvernement Renzi a fait passer une réforme électorale, surnommée "l'Italicum", qui introduit une forte prime majoritaire pour la Chambre des députés et risque de rendre le pays ingouvernable si le Sénat reste puissant et élu à la proportionnelle. Toutes les formations politiques reconnaissent cette nécessité.
De plus, face aux critiques sur le risque de voir gouverner seul un parti --les populistes du Mouvement 5 étoiles selon les sondages actuel-- qui n'aurait obtenu que 25 ou 30% des voix au 1er tour, M. Renzi s'était engagé à modifier la réforme, avec un retour à plus de proportionnelle, même en cas de victoire du oui. Mais les détails restaient encore flous.

- Les craintes économiques : Les partenaires européens et les marchés financiers considéraient qu'un oui renforcerait la stabilité de la troisième économie de la zone euro.
En cas de victoire du non, certains analystes évoquaient un engrenage qui pourrait aboutir à une sortie de l'Italie de la zone euro, en partie à cause de la mauvaise santé des banques. D'autres, plus modérés, n'écartaient pas quelques remous mais seulement à court terme.

 

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commentaires (2)

GREVE DE LA FAIM EN ITALIE... PAS DE MACARONI POUR 24 HEURES !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 31, le 05 décembre 2016

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Commentaires (2)

  • GREVE DE LA FAIM EN ITALIE... PAS DE MACARONI POUR 24 HEURES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 31, le 05 décembre 2016

  • Et un de plus de l'establishment policé qui dégage. On attend en France, Fillon à la limite, mais sinon Marine avec grande joie . Et les hurluberlus comprendront leur malheur à avoir cru ce que les propagandes néfastes ont cherché à leur faire avaler depuis 2011, mais surtout depuis 1948.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 31, le 05 décembre 2016

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