Commentant les manœuvres du président de la Chambre, Nabih Berry, dans le cadre des pourparlers politiques pour la formation d'un nouveau gouvernement, un ancien responsable fait ce commentaire : Nabih Berry est un excellent joueur de billard, il a des nerfs d'acier, de la concentration, et, surtout, beaucoup de patience. Il est aussi un fin renard politique et on comprend pourquoi, poursuit le même ancien responsable : il a fait son apprentissage auprès du président Camille Chamoun, une formation dont il tire une énorme fierté.
Tout cela pour dire qu'au niveau du dossier gouvernemental, c'est le président de la Chambre qui tire les ficelles du jeu. Nabih Berry dirige ses attaques contre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, mais c'est en réalité le nouveau régime et le CPL, et plus particulièrement son président, Gebran Bassil, qu'il cible, selon les visiteurs de Aïn el-Tiné. Le courant ne passe pas entre eux.
Autant le régime est pressé de démarrer, autant la présidence de la Chambre, qui négocie aussi au nom du Hezbollah la répartition des portefeuilles ministériels, prend son temps. La raison de ce délai se trouve dans nombre de facteurs intérieurs et extérieurs que le tandem chiite et plus particulièrement le Hezbollah scrute.
Au niveau international, le Hezbollah attend notamment que le nouveau président américain, Donald Trump, entre en fonctions le 20 janvier, afin de prendre connaissance des orientations de la nouvelle administration américaine, notamment vis-à-vis du Moyen-Orient. L'équipe qui entoure Donald Trump actuellement est loin de rassurer le parti de Hassan Nasrallah, selon un homme politique du 8 Mars qui relève ainsi que le nouveau président américain a choisi pour adjointes des personnalités réputées pour leur radicalisme et leur hostilité à l'égard de l'Iran, et pour leur sympathie pour la Russie. Ce choix inquiète aussi bien l'Iran que le Hezb qui souhaite en outre attendre l'issue de la guerre stratégique d'Alep, laquelle peut avoir une influence fondamentale sur la composition du gouvernement et les alliances au sein de la nouvelle équipe ministérielle, selon le même homme politique.
(Lire aussi : Aoun entrevoit des « signes d'amélioration » au Liban)
Un autre facteur, intervenu récemment, a convaincu le Hezbollah que toute précipitation ne serait pas dans son intérêt pour le moment et qu'il vaut mieux attendre avant de donner carte blanche au Premier ministre désigné, Saad Hariri, pour mettre en place son équipe. Il s'agit de l'offensive de charme des pays du Golfe, entamée par l'Arabie saoudite qui a été suivie par le Qatar, en direction du président Michel Aoun. Le Hezbollah redoute que son allié chrétien ne soit « ravi » de l'axe de la moumanaa (l'opposition à Israël) vers celui des monarchies du Golfe dans lequel il situe le Premier ministre désigné. Le parti de Dieu n'a aucune envie de lui faciliter la tâche avant qu'il n'ait une image claire de ce que seront les rapports entre les pays du Golfe et la nouvelle direction américaine. Pour lui, faciliter la tâche à Saad Hariri équivaudrait à ramener l'influence saoudienne au Liban, surtout si le président Michel Aoun cède à son tour à l'appel des sirènes et se rapproche de Riyad. Selon les visiteurs de la banlieue sud, le Hezbollah considère qu'il a tenu sa promesse à Michel Aoun en lui ouvrant la voie vers Baabda, mais qu'il n'est pas tenu de faire des concessions à Saad Hariri pour qu'il puisse former son équipe dans laquelle il n'aurait pas la minorité de blocage.
On comprend dès lors que le parti de Hassan Nasrallah veuille, selon ses milieux, que les prochaines législatives soient supervisées non pas par le gouvernement de Saad Hariri, mais par celui de Tammam Salam qui continue d'expédier les affaires courantes. Un gouvernement présidé par M. Hariri, allié des Forces libanaises et du CPL, favoriserait les chances de maintien de la loi de 1960 avec quelques modifications, ce qui dans le contexte actuel défavoriserait le camp du 8 Mars ou ce qu'il en reste.
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commentaires (5)
pour Berry c'est simple dissolution de la chambre et élection d'un nouveau président - soit blocus contre Berry - le mettre en retraite - et si il y a des problèmes élections d'un chiite non -amal et non- hezbollah
Talaat Dominique
19 h 30, le 25 novembre 2016