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Moyen Orient et Monde - Initiative

Foi ou affaires ? Le pari d’un groupe de dirigeants d’entreprise au Liban

EDC et Ma'am, ou l'expérience du pays du Cèdre autour de valeurs communes entre la chrétienté
et l'islam.

La messe célébrée pour les 10 ans d’EDC-Liban, à Achkout.

Peut-on concilier foi et affaires ? Tel est le pari pris par un certain nombre de dirigeants d'entreprise et d'hommes d'affaires libanais dans le cadre d'EDC-Liban (entrepreneurs et dirigeants chrétiens du Liban).
« Il s'agit d'un groupement de chefs d'entreprise et de décideurs qui aiment se retrouver une fois par mois pour échanger autour de la mise en application des valeurs que leur inspire leur foi religieuse, en l'occurrence la foi chrétienne, dans leur responsabilité et leurs actions au quotidien en tant que dirigeants d'une entreprise », explique Joe Hatem, actuel président d'EDC-Liban.
EDC-Liban a été construit sur le modèle d'EDC-France parce que c'est de là qu'est venue l'inspiration. Ils sont actuellement 28 Libanais venus de secteurs très différents (bancaire, industriel, pharmaceutique, immobilier ou informatique...), à l'instar de Fadi Gemayel, président de l'Association des industriels libanais, Armand Pharès, fondateur du Rassemblement des chefs d'entreprise du Liban (RDCL), et Élie Gebrayel, patron du groupe Erga. En France, Ils sont près de 3 000 membres. C'est grâce à Raymond Sfeir que l'EDC-Liban a pris forme. C'est lui qui a apporté l'idée de France il y a dix ans, en la présentant au patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Ce dernier a confié le projet à Mgr Guy Noujeim, qui a sollicité l'assistance de Mgr Samir Mazloum. C'est ainsi que le mouvement est né au Liban. Les EDC de France et du Liban appartiennent à une organisation encore plus vaste, qui s'appelle Uniapac (Union internationale des associations de patrons chrétiens), qui comprend au total près de 16 000 chefs d'entreprise de par le monde couvrant 32 pays.
« Nos réunions se restreignent et s'astreignent uniquement à la réflexion et l'échange d'idées. Il ne s'agit pas de faire de l'action au niveau du groupe dans son ensemble. Il y a suffisamment d'institutions qui sont là pour faire de l'action, à l'instar des Lions, du Rotary, de Caritas, etc. On n'a pas besoin d'une de plus », explique Joe Hatem. Néanmoins, chacun peut, après s'être enrichi spirituellement dans le groupe, mettre à profit cet enrichissement pour entreprendre des actions à titre personnel et individuel.
« Les réunions ont une structure simple », explique pour sa part Mgr Noujeim. « Elles commencent par une prière, suivie d'une réflexion sur des sujets portant sur l'enseignement social de l'Église. Ces réunions sont devenues des endroits presque uniques: des hommes d'affaires, pris toute la journée par leur travail et par leur responsabilité, viennent ici pour parler de leurs soucis et de leur réflexion dans un cadre spirituel, et non pas professionnel. Une atmosphère chaleureuse qui a créé beaucoup de relations et d'amitié inséparable. »
« En société, j'ai toujours été un canard noir. C'est-à-dire quelqu'un qui mesure les résultats à travers d'autres échelles de valeurs que celles communément admises. Dans ce groupe, j'ai trouvé des gens qui me disent que je n'ai pas tort, que je ne suis pas le seul. Ce qui m'a donné plus de confiance dans mes convictions sociales », explique ainsi Joe Hatem.
Le Dr Hector Hajjar, responsable de l'association Message de aix, se demande comment vivre sa foi au travail, dans la vie de tous les jours. Selon lui, EDC permet de réfléchir autour de ces idées. Et de partager avec d'autres personnes ayant les mêmes questionnements, pour trouver des réponses dans le cadre de notre foi. Pour ce faire, explique Raymond Sfeir, « il faudra illuminer notre chemin par notre foi ». En s'attardant sur les points forts de l'Évangile, comme « la notion de justesse, c'est-à-dire faire ce qui est juste, de responsabilité, de subsidiarité... Ce sont donc des termes qui commandent beaucoup de réflexion et de considération ».

Le modèle libanais: EDC et Ma'am
Au Liban, en copiant le modèle français, « nous avons imprégné notre groupe des spécificités du pays. Ce qui nous a donc poussés à fonder Ma'am (Rencontre islamo-chrétienne des hommes d'affaires) », explique-t-on. Ce groupement s'appuie ainsi non plus sur les valeurs chrétiennes exclusivement, mais sur les valeurs communes entre la chrétienté et l'islam, et sur l'étude des textes musulmans et chrétiens qui nous a confirmé l'existence d'une très grande partie commune au niveau des valeurs entre les deux religions. « C'est pour nous le sens des propos du pape Jean-Paul II qui parle du "Liban message", en ce sens que nous nous devons de rappeler que les communautés chrétiennes et musulmanes ne sont pas incompatibles. Si chacun de nous peut se détacher de sa liturgie pour s'attacher aux valeurs de nos religions, nous sommes excessivement proches les uns des autres. »
Au Liban, nous avons 1 400 ans de convivialité entre chrétiens et musulmans, un défi auquel sont de plus en plus confrontés aujourd'hui les pays européens et qui peut donc servir de modèle.
Les EDC-Liban ont fêté en septembre dernier leurs 10 ans d'existence lors d'un dîner à l'évêché de Achqout, en présence des membres et d'un grand nombre d'amis. À cette occasion, Mgr Noujeim et Raymond Sfeir ont été honorés dans une ambiance fort chaleureuse.
Ma'am et les EDC-Liban, ensemble, ont en outre organisé un premier colloque en 2011, puis la Conférence de Beyrouth en 2013, sur les thèmes de la coexistence des valeurs communes islamo-chrétiennes. Cette conférence a réuni à Beyrouth plus de 400 participants de divers pays d'Europe, des Amériques, du Maghreb, etc., ainsi que des intervenants de haute qualité, comme le cardinal Peter Turkson, Louis Galois (EADS), Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC, etc.
Sur le plan extérieur, les EDC libanais ont participé aux assises de Lille en mars 2016, non seulement en simples participants, mais d'une manière active. Ils ont eu droit à une intervention de 45 minutes en séance plénière ainsi qu'un stand parmi les différents autre participants à ces assises, où ils ont pu montrer qu'il existe une présence chrétienne effective et opérationnelle au Liban. Ils étaient près de 2 200 dans les assises de Lille. Il y avait une centaine d'étrangers, dont 10 Libanais.
Enfin, une importante délégation vient de participer à la Conférence internationale des Associations des entrepreneurs catholiques, qui a eu lieu au Vatican les 17 et 18 novembre (lire par ailleurs).

A. A.

Peut-on concilier foi et affaires ? Tel est le pari pris par un certain nombre de dirigeants d'entreprise et d'hommes d'affaires libanais dans le cadre d'EDC-Liban (entrepreneurs et dirigeants chrétiens du Liban).« Il s'agit d'un groupement de chefs d'entreprise et de décideurs qui aiment se retrouver une fois par mois pour échanger autour de la mise en application des valeurs que leur...

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