Raï tente d'éteindre la polémique avec Berry

Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï s'est efforcé vendredi d'éteindre la polémique qui l'oppose au président de la Chambre, Nabih Berry, suite à ses propos et à ceux du président Michel Aoun, tenus la veille lors de la première visite officielle effectuée par ce dernier à Bkerké. Selon de nombreux observateurs, cette passe d'armes a peut-être retardé la formation du gouvernement, espérée avant le 22 novembre, date de la fête de l'Indépendance du Liban.

Raï : "Nos relations avec Berry sont excellentes"
"Les relations de Bkerké avec M. Berry son vraiment excellentes et les contacts ne sont pas rompus. De la même manière, nos relations avec le vice-président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, sont encore meilleures", a déclaré Mgr Raï à l'aéroport international de Beyrouth, regrettant le fait que "les médias aient créé un problème". Le chef de l’Église maronite a quitté le Liban en fin d'après-midi pour une visite pastorale qui le mènera au Vatican, ainsi qu'à Lyon et Marseille, en France.

Les remarques, formulées respectivement par le président de la République et le patriarche maronite sur la prorogation du mandat de la Chambre, et sur l'accaparement permanent de certains portefeuilles, ont sorti le président de la Chambre de ses gonds. Ce dernier, qui s'est senti visé, a répliqué au chef de l'État et chargé le cheikh Abdel Amir Kabalan de répondre au patriarche.

Plus tôt dans la journée, Mgr Raï s'était rendu au palais de Baabda pour réitérer ses félicitations à M. Aoun, lui souhaitant "le succès dans la réalisation de tous ses vœux avec le soutien des institutions constitutionnelles". A quelques jours de la célébration de la fête de l'Indépendance, le prélat a affirmé que "cette fête a retrouvé son importance en présence du président de la République après une vacance présidentielle qui a privé les Libanais de célébrer cette grande occasion". Le patriarche maronite a également salué les journalistes présents au palais présidentiel et appelé à "éviter de créer des différends et des batailles qui n'existent pas".

M. Berry ne soutenait pas la candidature de Michel Aoun à la présidentielle. Avant l'élection de ce dernier, le président du Parlement avait proposé un package-deal prévoyant le scrutin présidentiel, la formation d'un nouveau gouvernement et l'adoption d'une nouvelle loi électorale. L’Église maronite ainsi que la majorité des forces politiques avaient alors estimé que le futur chef de l’État ne devrait pas se retrouver lié par des conditions préalables.

(Lire aussi : L'esprit de chicane trouble les rapports Berry-Aoun)

Geagea dénonce des "entraves"
Dans la soirée, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a soutenu la candidature de Michel Aoun, s'est insurgé contre les "blocages de certains", qu'il n'a pas nommés. "Certains s'emploient méthodiquement à entraver le début du nouveau mandat en posant des conditions irrationnelles", a déclaré M. Geagea lors d'une réunion des partisans FL à Becharré, au Liban-Nord. "Toutes ces tentatives d'intimidation ne mèneront à rien", a-t-il ajouté.

Dans le cadre des consultations menées par le Premier ministre désigné Saad Hariri autour de la formation du cabinet, les FL avaient réclamé le portefeuille des Finances. Il devrait malgré tout rester dans l'escarcelle de M. Berry, via le titulaire actuel, Ali Hassan Khalil. Par ailleurs, certains observateurs expliquent que la question du portefeuille qui sera attribué au courant Marada, dirigé par Sleiman Frangié, candidat malheureux à la présidentielle, constitue l'un des derniers nœuds qui retardent la formation du cabinet ministériel. M. Frangié souhaite un ministère "important".

Dans l'après-midi, le président des Kataëb, Samy Gemayel, a réaffirmé que le parti se tiendra aux côtés de Michel Aoun, à l'issue d'un entretien avec le chef du Courant patriotique libre et ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, au siège du ministère. Exprimant l'espoir que le nouveau mandat qui s'ouvre avec l'élection de Michel Aoun se déroule bien, M. Gemayel a déclaré que "les Kataëb seront aux côtés du président". M. Gemayel a souligné que les Kataëb et le CPL sont d'accord sur l'adoption d'une nouvelle loi électorale, le projet de décentralisation administrative et la lutte contre la corruption.

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